Directeur général de la Chambre de commerce, Carlo Thelen a rappelé que, pour certains secteurs, la situation conjoncturelle est encore loin de s’éclaircir. (Photo: Matic Zorman/Maison Moderne/archives)

Directeur général de la Chambre de commerce, Carlo Thelen a rappelé que, pour certains secteurs, la situation conjoncturelle est encore loin de s’éclaircir. (Photo: Matic Zorman/Maison Moderne/archives)

Malgré une légère remontée du score global de son Baromètre de l’économie, la Chambre de commerce reste prudente pour les six mois à venir. Une situation sanitaire encore non maîtrisée et des incertitudes au niveau de la conjoncture internationale le justifient.

Avec un score de 54,4, le Baromètre de l’économie de la Chambre de commerce laisse entrevoir un certain regain de confiance de la part des décideurs économiques quant à l’avenir. Mais , directeur général de la Chambre de commerce, a souligné aussi qu’«une situation sanitaire non encore maîtrisée et une conjoncture internationale toujours incertaine pèsent sur leurs activité et perspective à court terme».

La crise a également eu des effets inégaux selon les secteurs. Comme l’explique encore Carlo Thelen, «pour certains secteurs particuliers, l’horeca en premier lieu, mais aussi les transports, l’événementiel et le commerce, la situation conjoncturelle est encore loin de s’éclaircir. La crise a affecté la politique de formation des entreprises, thème de ce Baromètre, tout comme leurs investissements. Ainsi, les aides se révèlent encore indispensables, que ce soit pour les secteurs sinistrés ou pour relancer les investissements et projets essentiels à la compétitivité.»

Si le Baromètre affiche un score plus positif que lors des , la Chambre de commerce nuance le résultat des indicateurs du fait du caractère sans précédent de la crise. «La situation actuelle étant véritablement ‘sans précédent’, les indicateurs de confiance existants doivent être interprétés avec prudence», indique la Chambre de commerce dans son analyse des résultats de la 5e édition du Baromètre de l’économie.

Dans l’expectative pour les mois à venir 

Les dirigeants d’entreprise estiment que les six prochains mois devraient connaître un léger retour à une meilleure situation, avec une hausse de l’activité prévue pour 32% des entreprises, contre une baisse pour 18% d’entre elles. La stabilité au niveau bas occasionnée par la crise concerne toutefois plus d’une entreprise sur deux, ce qui pourrait caractériser une attitude prudente.

Les secteurs les plus affectés au cours des six derniers mois sont aussi les moins confiants pour le semestre à venir. Quant à la rentabilité, après une forte chute depuis le début de la crise, les entreprises sont à peu près autant à anticiper une hausse (24%) qu’une baisse (22%) pour les six mois à venir. 

Quelques effets positifs en matière d’emploi 

L’éclaircie est davantage visible pour l’emploi. Près d’un quart des entreprises devraient voir leurs effectifs augmenter au cours des prochains mois, contre 15% pour lesquelles le nombre de postes devrait baisser, alors que l’emploi a été plus résistant que l’activité l’année passée. L’économie luxembourgeoise confirme sa capacité à créer de l’emploi et à le maintenir. Si le chômage avait fortement progressé au moment de la crise, atteignant 6,9% lors du 2e trimestre 2020,

La crise a toutefois également pu avoir des effets surprenants. Dans un contexte de numérisation accélérée de l’économie en raison du confinement, le pourcentage d’entreprises ayant lancé ou poursuivi un projet innovant n’a pas diminué au cours des 12 derniers mois. Les projets d’internationalisation ont augmenté, passant de 13% à 17% d’entreprises concernées. Certaines entreprises ont su se réinventer pour pérenniser leur activité.

Les compétences, victimes collatérales de la crise 

Les dirigeants interrogés ont indiqué, au sein de la partie thématique Skills & Training, avoir besoin de tous types de compétences pour le développement de leur entreprise, qu’elle soit digitale, organisationnelle, relationnelle ou technique. Malgré tout, les entreprises ont dû se résoudre à limiter leurs dépenses de formation du fait de la crise. En effet, plus de 36% des entreprises de six salariés et plus ont diminué leur budget formation entre 2019 et 2020. Cette diminution concerne notamment les entreprises de l’horeca (47%), des services hors finance (40%), de la construction (39%) et du commerce (38%). Les secteurs de l’industrie et des transports sont ceux où la stabilité prédomine parmi les secteurs qui forment le plus leur personnel. La formation de leurs salariés est souvent indispensable au maintien de leur employabilité, notamment dans le cadre des certifications professionnelles.

Il est donc important de rester vigilant et de répondre, dans les prochains mois, à quatre besoins vitaux pour la réussite de la relance économique:

Ne pas arrêter les aides de manière abrupte ou prématurée

Les aides ont été une bouée de sauvetage indispensable à la préservation des entreprises, avec notamment 463 millions d’euros versés pour le chômage partiel et 254 millions d’euros d’aides non remboursables distribués, selon les derniers chiffres du ministère de l’Économie. Ces aides sont autant essentielles aujourd’hui que demain, comme le montre la situation de secteurs, tels que le commerce et l’horeca. Elles permettront aux entreprises, par ailleurs, de disposer de la trésorerie indispensable à la relance de leur activité. C’est pourquoi leur retrait devra être progressif.

Réorienter l’épargne accumulée vers l’économie

En 2020, les Luxembourgeois ont épargné 1,2 milliard d’euros de plus qu’en 2019, tandis que la consommation chutait au sein de certains secteurs d’activité. Ce déséquilibre devra être rattrapé à moyen terme, et des mesures devront inciter à la consommation pour relancer l’activité économique.

Aller vers une relance basée sur les compétences

La relance devra être économiquement forte, socialement équitable et écologiquement durable. La double transition écologique et digitale sera au cœur d’une prospérité soutenable et partagée. Pour y arriver, le développement des compétences, qu’elles soient numériques, organisationnelles, techniques ou relatives au leadership, est primordial. Relance doit rimer avec compétences et les compétences s’acquièrent notamment à travers des formations bien calibrées.

L’investissement dans les compétences devra être encouragé par l’État, surtout dans cette phase fragile. Aujourd’hui, les aides publiques afférentes ne sont pas connues par un tiers des entreprises et un autre tiers, tout en les connaissant, n’y fait pas appel. «Dans la relance, l’État devrait financièrement soutenir bien davantage la formation continue, en augmentant le taux de cofinancement par exemple de 15 à 25%. Les entreprises, leurs représentants sectoriels et chambres, et les organismes de formation, sont les plus à même de définir des plans de formation à valeur ajoutée et pertinents pour refléter leurs besoins individuels en compétences», souligne la Chambre de commerce.

Les entreprises, les partenaires privilégiés de la relance 

Au-delà de ces besoins vitaux, au moment décisif où se dessine la stratégie de relance, il est essentiel de s’appuyer bien davantage sur les acteurs économiques (approche «bottom-up» plutôt que «top-down») pour définir les plans d’action sur la transformation digitale, les compétences – dont ce Baromètre confirme toute l’importance –, la transition environnementale (selon le principe de la «neutralité technologique») ou encore la réforme des faillites (selon la logique de «seconde chance»).

D’importants progrès, reposant notamment sur la digitalisation des services publics, sont à accomplir en termes de simplification administrative, alors que les entreprises doivent faire face à des procédures de plus en plus contraignantes.