«On ne pouvait pas prévoir la guerre en Ukraine ni que le tunnel allait s’effondrer en août», lance le président des CFL, Jeannot Waringo, du haut de la salle de conférence de l’entreprise ferroviaire accolée à la gare de Luxembourg-Ville. Malgré tout, le plus important employeur du pays () a terminé 2022 avec la plupart des voyants au vert selon son rapport annuel, publié ce lundi 12 juin.
Après avoir dépassé le milliard en 2021, le chiffre d’affaires des CFL enregistre un nouveau record en 2022 à 1,073 milliard d’euros (+7,2%).
«Il augmente dans tous les segments», se félicite Jeannot Waringo. Pour passer à 341,9 millions d’euros pour les activités voyageurs (+5,8%), 463,9 millions pour celles d’infrastructure (+11,5%) et 264,4 millions dans le fret (+2%). 2.438 millions de tonnes-km de marchandises ont également été transportées.
Le résultat net diminue cependant de 37,8% pour atteindre 13 millions d’euros. Il était de 20,9 millions en 2022, contre 4,6 millions en 2020, mais 17,8 millions en 2019.
L’entreprise ferroviaire a pu échapper à l’explosion des prix de l’énergie grâce à son contrat qui avait été fixé sur quatre ans, jusqu’à fin 2022. Ses filiales à l’étranger sont cependant plus fortement touchées. Et après? «Les prix se sont calmés», explique le directeur, , bien qu’ils restent supérieurs à leurs niveaux d’avant la guerre. L’entreprise n’a donc pas négocié de nouveau contrat à long terme, mais effectue une «gestion active» pour le moment.
Son EBITDA est passé de 105,9 à 92,8 millions d’euros (-12,4%).
Toujours moins de passagers qu’avant le Covid
Malgré 385 embauches (430 en 2021), son effectif net a diminué, passant de 4.968 à 4.966 salariés – c’est toujours plus que le second employeur du pays, .
22 millions de passagers ont été transportés en 2022. Moins qu’en 2019, où ils étaient 25 millions. Un chiffre tombé à 14,5 millions en 2020, pour remonter à 16,6 millions en 2021. Le directeur, , espère un retour au niveau d’avant-Covid en 2023, pour dépasser les 30 millions en 2039. «Raison pour laquelle nous investissons dans du nouveau matériel», explique-t-il.
88,3 millions d’euros ont d’ailleurs été investis en 2022 (hors Fonds du rail), notamment pour le paiement d’acomptes des 34 nouvelles automotrices, ainsi que celui de la révision et la modernisation de dix autres. Un chiffre plus élevé qu’en 2021 (78,5 millions d’euros), mais moins qu’en 2020 (92,5 millions).
Du côté de l’infrastructure, l’État a investi 327,8 millions d’euros en 2022 et prévoit un budget de 326,9 millions en 2023. Des travaux ont eu lieu «tous les jours, sauf celui de la Fête nationale» l’an dernier, soit 364 au total, contre 311 en 2021 et 171 en 2020.
La ligne 90, la moins ponctuelle
Parmi les grands projets en cours, la construction d’une nouvelle ligne à deux voies sur 7 km entre Luxembourg et Bettembourg (finalisation prévue en 2027) ou encore la mise en place de quatre voies supplémentaires pour 2025 en gare de Luxembourg.
Le nombre de places assises devrait passer de 26.543 en 2023 à 38.751 en 2025, après la mise en service de en 2024.
La ligne 60 (Luxembourg – Esch-sur-Alzette – Rodange) comptabilise toujours le plus grand nombre de voyageurs (6.697, en hausse de 26,06%). Suivie par la ligne 10 (Luxembourg – Troisvierges – Gouvy) et ses 5.151 usagers en 2022 (+32,24%). Puis la ligne 90 empruntée par de nombreux frontaliers français puisqu’elle relie le Grand-Duché à Nancy. Elle a accueilli 3.895 personnes en 2022 (+32,88%).
Pour ces nombreux voyageurs, la ponctualité n’a pas été la meilleure en 2022. Le taux de trains à l’heure ou avec un retard de moins de six minutes à l’arrivée s’est élevé à 90,5%, contre 92,1% en 2021, 90% en 2020 et 92,9% en 2019. Les CFL l’expliquent par «les grèves sur les réseaux ferrés voisins», la découverte de bombes de la Seconde Guerre mondiale et une «baisse de capacité lors de la poursuite d’importants projets d’infrastructure ainsi que des problèmes techniques et opérationnels». C’est sans surprise la ligne 90 qui enregistre le moins bon taux de ponctualité, à 82,6%. Et la plus grande part de trains supprimés, de 5,5%.
3,4 millions de voyageurs en bus
Lors des grèves, pourquoi les CFL ne prévoient-elles pas de bus de substitution pour les frontaliers? «C’est matériellement impossible», répond Marc Wengler: l’entreprise organise ses chantiers durant les congés pour pouvoir compter sur les bus scolaires, disponibles uniquement à cette période. Il pose aussi une question plus politique: «Est-ce qu’en tant qu’entreprise, on doit interférer dans ces mouvements de grève?».
En ce début d’année, le taux de ponctualité varie de 85,5% (mars) à 90,9% (avril) selon les mois. Les CFL visent les 92% en 2024.
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Le groupe se développe aussi au-delà du rail. 2022 a marqué l’installation de sa 60e station de voitures en carsharing Flex, dont le nombre de clients a augmenté de 90% pour passer à 12.574. Ces derniers ont parcouru 2,025 millions de kilomètres (+85%).
Sans compter les 3,4 millions de voyageurs à bord de ses 81 bus, contre 2,7 millions en 2021. Et les 7,5 millions de kilomètres ainsi parcourus.