«18 des 20 plus grandes entreprises internationales de capital-investissement sont implantées au Luxembourg.» Les organisations de la Place, Luxembourg for Finance en tête, utilisent volontiers cet argument promotionnel. Parmi ces grandes sociétés se trouve le leader mondial du private equity, l’américain Blackstone, mais aussi des enseignes comme Partners Group, KKR, CVC Capital Partners, Ardian ou encore Apollo Investment Management.
Si ces sociétés tendent à utiliser le Luxembourg comme base pour structurer et distribuer leurs fonds à travers l’Europe, leur centre décisionnel se trouve – à l’exception du luxembourgeois CVC – dans d’autres pays. Certains voient dans leur exposition un marketing trompeur. D’autres, comme EY, parlent au contraire d’une preuve que les véhicules luxembourgeois sont quasi incontournables pour les grands acteurs du PE. «Notre cadre juridique et l’expérience de nos professionnels sur le terrain nous donnent un avantage certain en Europe», insiste l’associé d’EY leader en PE, .
Une chose est sûre: contrairement aux Places américaines et londonienne, Luxembourg n’est pas un lieu de concentration de gestionnaires. C’est un lieu de domiciliation de fonds. À ce jeu-là, il est numéro deux mondial (derrière les États-Unis) et numéro un européen. «Luxembourg, c’est LA Place pour venir créer et structurer votre gamme de fonds», fait valoir le CEO de la Luxembourg Private Equity & Venture Capital Association (LPEA), .
Poids lourds et pionniers
Si on se réfère aux statistiques de la CSSF, sur 9.019 fonds alternatifs, le pays comptait 2.104 fonds de PE fin 2023. Qui sont ces acteurs?
Dans la catégorie poids lourds internationaux, outre les enseignes précitées, on peut également mentionner la société d’investissement suédoise EQT, active comme Blackstone dans le PE classique multi-stratégies. Autre acteur incontournable: Blackrock. Venu du monde liquide, le géant américain s’est fait un nom dans l’alternatif.
Ensuite, il y a ceux que nous appellerons les «pionniers», soit les capital-risqueurs locaux qui ont «créé» l’écosystème parce qu’ils ont été les premiers à avoir du succès: Mangrove Capital Partners et Expon Capital, cofondé par (qui a par la suite présidé la LPEA). Citons également MiddleGame Ventures, venu plus tard.
Puis il y a ceux qu’on n’attendait pas forcément sur ce terrain, mais qui ont à leur actif la création d’un front office au Luxembourg. Luxempart, considéré comme le «bras armé alternatif» de Foyer, est de ceux-là. Autres noms qui reviennent: Wendel, un grand groupe industriel crédité d’une belle présence dans ses différents cercles, et Sofina, une société belge cotée reconnue sur la Place pour les compétences qu’elle y a développées en PE.
Plus petits et plus discrets
Parmi les acteurs plus petits se distinguent des spécialistes comme Cube Infrastructure Managers (infrastructure) ou Oraxys (environnement). Des «pure players» qui emploient moins de 50 personnes au Luxembourg, et font tout.
Reste tous ceux qui ne communiquent pas, ou peu, parce qu’ils sont soumis à une restriction locale (parfois liée à une cotation boursière) ou ont fait le choix de la discrétion. C’est le cas de la société cotée Brederode, aux racines belges, qui a son siège et son équipe à Luxembourg. Parfois surnommé «le Warren Buffet belge», son fondateur, Pierre van der Mersch, passe lui aussi pour un pionnier du private equity. Il a cédé la présidence de Brederode à l’économiste Bruno Colmant en 2023.
(Spécialiste de la structuration des fonds, le Luxembourg fait aussi figure de plateforme montante pour les nouvelles transactions en PE. À découvrir ce vendredi.)