Laurent Lucius:  «Nous nous sommes également rendu compte de la dépendance des entreprises envers l’ensemble des acteurs avec lesquels elles interagissent.» (Photo: DR)

Laurent Lucius:  «Nous nous sommes également rendu compte de la dépendance des entreprises envers l’ensemble des acteurs avec lesquels elles interagissent.» (Photo: DR)

En vue du grand show de fin d’année Paperjam Recovery Awards, organisé par le Paperjam + Delano Club, le 2 décembre 2021, Laurent Lucius (House of Entrepreneurship) nous expose sa vision de la résilience au Grand-Duché ainsi que son rôle de jury pour l’événement.

Pour vous, les entreprises du Grand-Duché sont-elles un exemple de résilience en Europe?

Laurent Lucius. — «Depuis la crise sidérurgique des années 1970, le Luxembourg s’efforce de diversifier son économie afin d’éviter une nouvelle dépendance économique. Aujourd’hui, l’économie luxembourgeoise est principalement dominée par le secteur tertiaire dont le secteur banque/assurance constitue la majeure partie. On peut ainsi dire que cette capacité à se réinventer quand le contexte devient parfois moins favorable est une véritable force et une preuve de résilience.

De plus, de nombreux autres facteurs ont également contribué à diminuer les répercussions de la pandémie sur l’économie du pays. Notre infrastructure digitale a permis un recours très rapide et massif au télétravail, afin de permettre à certains secteurs de continuer leur activité. Il est important de noter également que le Grand-Duché n’a pas attendu la fin de la crise pour mettre en place une série d’aides pour accompagner et soutenir les entreprises afin de relancer l’économie. C’est pourquoi, de mon point de vue, les entreprises du Grand-Duché sont très probablement plus résilientes que celles d’autres pays.

J’ai pu également le constater lors de la sélection des sociétés ayant postulé aux Recovery Awards. J’ai été impressionné par la qualité et la diversité des dossiers et par le grand nombre d’entreprises ayant su se réinventer et/ou innover face à la crise. 

Sommes-nous mieux préparés à une nouvelle future crise sanitaire?

«Personnellement, je dirais oui. Cette crise a montré la capacité des entreprises à se remettre en question et surtout à pouvoir s’adapter aux changements. Elle rappelle l’importance pour une entreprise de pouvoir continuer son activité tout en cherchant à s’améliorer afin d’être plus efficiente.

Nous avons réalisé que nous nous mettions trop souvent des freins, parfois inutiles, dans le déroulement des projets. Nous étions moins agiles, et depuis cette crise, nous nous sommes rendu compte de notre réactivité face aux éventuels changements. Les projets stratégiques que nous avions sur le long terme, comme par exemple digitaliser certains processus, sont aujourd’hui devenus la priorité. Nous nous sommes également rendu compte de la dépendance des entreprises envers l’ensemble des acteurs avec lesquels elles interagissent. Les entreprises dépendent ainsi de leurs fournisseurs et de leurs salariés. Or, elles ont dû totalement repenser leurs méthodes de travail.

Aujourd’hui, ces «best practices» ont permis une prise de recul et la mise en place d’une stratégie durable pour faire face à ce genre de situation. L’après-crise ne peut être envisagée sans entreprises stables, agiles et innovantes, sans des activités variées, soucieuses de la demande des consommateurs et ouvertes à la prise de risque. Il faut ainsi être présent pour ces entrepreneurs qui, chaque jour, se battent pour réussir, les aider et mettre à leur disposition un socle solide afin de contribuer à la relance de l’économie.

Par ailleurs, il est important de noter que malgré la pandémie, le Luxembourg reste une économie attractive, qui crée des emplois. Le pays semble être parvenu à limiter les dégâts, affichant une baisse de son PIB de 1,8% en 2020 contre 6,5% dans la zone euro. L’emploi a continué à croître en pleine crise sanitaire et les finances publiques ont affiché une détérioration moindre que dans le reste de l’Union européenne!

Le Luxembourg a toujours su se relever plus fort d’une crise!

Sur quels critères ces entreprises ont-elles été sélectionnées?

«Il était important, pour nous, de définir des critères pour chaque catégorie afin de rendre des avis les plus qualitatifs possibles. Durant l’évaluation, nous avons ajusté ces critères selon leur pertinence afin de définir un dénominateur commun pour la sélection des dossiers.

Pour rappel, les quatre catégories pour lesquelles les entreprises pouvaient candidater étaient: l’innovation, la résilience, la digitalisation et la solidarité. Pour la catégorie ‘Innovation’, nous avons choisi trois critères: le degré d’innovation par rapport à ‘l’état de l’art’, l’impact et l’importance du projet par rapport à la crise sanitaire, et enfin, l’impact de cette innovation pour le pays, et l’impact sur la croissance de l’entreprise.

Pour la catégorie ‘Résilience’, le premier critère est l’adaptation/résistance de l’entreprise face à la crise. Nous avons choisi pour le second critère l’innovation et l’originalité du projet. Et enfin, la pérennité et la capacité à pouvoir se réinventer en temps de crise.

Concernant la thématique de la ‘Digitalisation’, là encore trois critères ont été identifiés: le degré de digitalisation au sein de l’entreprise, le lien avec le client (UX) et l’impact de la digitalisation sur l’efficience interne. Pour finir, concernant la catégorie ‘Solidarité’, il était important pour nous d’analyser la proportion de l’effort par rapport à la taille de l’entreprise et l’impact sociétal pour l’écosystème luxembourgeois.

Je dois vous avouer qu’il a été parfois très dur de délibérer et de faire un choix, car toutes les entreprises ayant candidaté ont su se réinventer de manière remarquable et cela s’explique par leur capacité d’adaptation, de remise en question et de résilience.»

Vous pouvez vous inscrire à l’événement Paperjam Recovery Awards directement sur . Cet événement bénéficiera d’une traduction simultanée français-anglais.