L’été, saison des prises de décisions radicales? Le Luxembourg a un peu perdu de son sens de l’entreprenariat, dit le Statec dans l’étude GEM, mais devrait le retrouver dans les trois années à venir. (Photo: Shutterstock)

L’été, saison des prises de décisions radicales? Le Luxembourg a un peu perdu de son sens de l’entreprenariat, dit le Statec dans l’étude GEM, mais devrait le retrouver dans les trois années à venir. (Photo: Shutterstock)

L’été est une saison propice à la remise en question. Le Luxembourg doit absolument relancer son sens de l’entrepreneuriat, refroidi depuis 2019. D’où l’intérêt de la nouvelle aide de six fois 2.000 euros que la House of Entrepreneurship met en musique.

Les doigts de pied en éventail. Un bouquin et un cocktail à portée de mains. Les enfants à bonne distance. C’est peut-être là, au bord de la piscine, au bruit des grillons, que des «side projects» sont devenus de vrais projets pour la rentrée. Qu’après des mois à supporter les sautes d’humeur d’un manager aussi peu empathique que peu disponible et à essayer le soir de suivre formations ou développements, certains ont décidé de changer de vie. De s’engager vraiment sur une nouvelle voie.

Longtemps au-dessus de la moyenne européenne dès lors qu’il s’agissait de créer de nouvelles entreprises, les Luxembourgeois sont désormais nettement en dessous. Le pourcentage d’entrepreneurs dans le pays a chuté de 10,2 % en 2019 à 6,9 % en 2022, dit le Statec dans le cadre de l’étude Global Entrepreneurship Monitor (GEM).

«Fin 2019 déjà, nous avions identifié qu'il n'y avait pas vraiment d'aide pour les indépendants qui se lancent, les très petites entreprises qui sont une grande partie du vivier entrepreneurial.» Pourtant, assure la business manager de la House of entrepreneurship, Guylaine Marchi-Hanus, «de nombreuses personnes envisagent de se lancer et sont salariées. Il y a cette insécurité liée aux conséquences de la pandémie de Covid, à la géopolitique puis la dégradation des conditions de crédit. Souvent, elles commencent par l'entrepreneuriat à temps partiel pour tester. C'est très difficile de jongler entre tout. Deux choix s’offrent à elles: passer à 100% et faire des sacrifices ou rester dans job salarié en s'investissant dans des projets qui portent leurs valeurs.»

12.000 euros en six fois, au lieu de deux fois 6.000 euros

Le 25 juillet, dans le cadre de la présentation du 5e plan national en faveur des PME, le ministre des Classes moyennes, (DP), a officialisé la nouvelle aide pour les primo-créateurs d’entreprises: six mois à 2.000 euros dans un contexte très encadré.

«Oui, il y a cette aide de 2.000 euros par mois pendant six mois, qui ne requiert aucun reporting, mais», explique Mme Marchi-Hanus. La HoE avait déjà trois programmes: Seed, de trois à six semaines en ligne et en présentiel, pour aider l’idée à germer, Bloom, de quatre à huit semaines principalement en ligne, pour lancer une entreprise dans les trois à six mois; et Launch, de deux à six semaines pour ceux qui ont déjà lancé leur entreprise depuis un mois à un an.

La nouvelle aide, qu’il faut demander à la direction des Classes moyennes du ministère de l’Économie, vient renforcer «Bloom». La micro-entreprise doit avoir une autorisation d’établissement depuis six mois au maximum et avoir ses propres locaux – qui ne servent pas d’habitation. Il n’est pas un secret que la House of entrepreneurship aurait préféré que le gouvernement abandonne cette condition. Dans son avis sur le projet de loi, fin décembre, la Chambre de commerce s’était demandé si cette condition «ne pourrait pas constituer un obstacle important au bénéfice de cette aide, alors que de plus en plus d’activités commerciales sont dématérialisées et que la réalité du marché immobilier au Luxembourg est synonyme de coûts élevés de location, frein majeur à l’entrepreneuriat. La Chambre de Commerce constate, à travers les accompagnements de porteurs de projet effectués par sa House of Entrepreneurship, que la condition de trouver un local propre constitue très souvent un obstacle important à l’établissement des entrepreneurs au Luxembourg, notamment lorsque l’activité en question ne nécessite pas d’installations matérielles particulières.» 45% des 2.000 Luxembourgeois interrogés par le Statec font du prix des bureaux l’obstacle majeur au lancement de leur activité…

Record de candidats à l’entreprenariat dans les trois ans

L’entreprise, qui occupera moins de dix personnes, réalisera un chiffre d’affaires inférieur à 2 millions d’euros. Son dirigeant, qui devra avoir suivi une formation de gestion d’entreprise, pourrait même être frontalier du moment que sa société est enregistrée au Luxembourg… mais pas inscrit à l’Adem. «L’Adem a déjà son propre parcours pour ceux qui voudraient se lancer dans l’entreprenariat», explique encore la représentante de la House of Entrepreneurship.

Au cours de la conférence de presse, le ministre a annoncé avoir budgétisé un peu plus d’un million d’euros pour cette initiative. A 12.000 euros par projet, cela fait à peine 90 projets qui pourront aussi profiter des autres aides déjà prévue par la HoE ou par les autorités. «C’est un bon début», positive Mme Marchi-Hanus. La House of Entrepreneurship a aidé 50.000 potentiels créateurs d’entreprises l’an dernier, dont 12.000 sont passés vraiment au monde de l’entreprise. Surtout, même si les choses changent, les Luxembourgeois créent de nouveaux business par opportunité (56%) beaucoup plus que par nécessité (44%)... et 19,1% prévoyaient de lancer une entreprise dans les trois ans à venir. Un record en dix ans. Un record à bien accompagner.