Vania Henry (Legitech) le répère à chaque fois: il ne suffit pas d'avoir une bonne idée, il faut savoir la raconter! (Photo: Jan Hanrion / Maison Moderne Publishing)

Vania Henry (Legitech) le répère à chaque fois: il ne suffit pas d'avoir une bonne idée, il faut savoir la raconter! (Photo: Jan Hanrion / Maison Moderne Publishing)

Jury des Startup stories à la vision 360, Vania Henry a assez d'expérience et de casquettes pour pouvoir apporter du concret à de jeunes entrepreneurs parfois en mal de repères. VC, échec, présence des femmes, storytelling: elle n'évite aucun sujet.

Armée de son grand sourire bienveillant, Vania Henry peste contre l'absence de femmes sur la scène du deuxième round des Startup Stories. A part la directrice du marketing de UFT, Annunziata 

Vania, quelle est votre vision de l’écosystème start-up luxembourgeois aujourd’hui?

Vania Henry. «Il y a une véritable dynamique qui s’est créée ces dernières années –depuis le lancement de la 'start-up nation' par Nicolas Buck fin 2014. De nombreuses initiatives ont vu le jour et aujourd’hui il y a à la fois bien plus d’accompagnement pour stimuler la création d’entreprises et davantage de visibilité pour tout ce qui se fait dans l’univers des start-up. L’inauguration de la House of Startups, qui abrite le Luxembourg City Incubator et la LHoFT, mais aussi le Technoport, le Lux Future Lab ou l’incubateur Paul Wurth InCub et bien d’autres, ainsi que de nombreux espaces de co-working comme The Office ou Silversquare, ont créé un mouvement qui met un coup de projecteur sur un écosystème en plein essor. La Chambre de Commerce, la FEDIL ou encore Luxinnovation ont également développé une offre spécifique pour les start-up. Cela reflète l’accent qui a été mis à la fois par les pouvoirs publics et des acteurs privés pour faire bouger les choses et cette concentration d’initiatives génère un phénomène d’entraînement positif. Ce qui reste difficile, c’est le venture capital pour permettre aux start-up de se développer et de grandir. Il faut aussi permettre l’échec – échouer c’est apprendre ; on se relève – vite – et on devient meilleur ; cela fait partie du parcours de tout entrepreneur qui teste des idées. Cessons de stigmatiser l’échec si l’on veut véritablement développer un terrain fertile à long terme pour les start-up.

Jury, ce n'est pas un «job» facile, parce que ne pas dire à l'entrepreneur ce qui ne va pas ne l'aide pas et lui dire trop brutalement n'encourage pas l'effort...

Il faut à la fois être honnête et constructif. Je m’explique: honnête parce que le but est que ces start-up repartent avec des idées concrètes sur ce qu’elles pourraient perfectionner à l’avenir dans leur façon de se présenter, de pitcher. Constructif parce qu’on est là pour aider, pas pour démolir les gens; c’est difficile de se mettre en scène, de s’exposer et il faut être encourageant en mettant en avant tant ce qui peut être amélioré que ce qui fonctionne déjà bien. Au niveau du jury, c’est très important d’avoir des regards différents, des membres qui apportent des visions distinctes et qui vont donc éclairer de leur expérience des aspects différents du pitch. C’est le succès des compétences complémentaires et je cite volontiers le tandem Yves Saint Laurent / Pierre Bergé – le génie du créateur n’aurait pu retentir au travers de sa marque sans le talent de l’homme d’affaires.

Heureusement que l'exercice est aussi difficile pour eux, qui ne pitchent pas forcément assez régulièrement pour que cela devienne un exercice naturel quelles que soient les circonstances!

J'espère qu’il y aura davantage de femmes parmi celles qui pitcheront. Je suis aussi au board d’Equilibre, qui promeut la diversité et la complémentarité dans la vie économique et sociale au Luxembourg et il me semble que c’est très important que cela soit reflété à tous les niveaux. Un bon pitch doit être un argumentaire bien construit, de l’émotion et de l’enthousiasme – sans cela, comment voulez-vous persuader votre auditoire! Et je rajouterais:  maîtriser le timing! Ne vous laissez pas dépasser par le temps – cela suppose beaucoup de préparation, pour ne pas se retrouver à regretter de n’avoir dit que la moitié quand le gong a sonné. Parce que comme dans toutes les histoires, il y a une fin et la chute – maîtrisée – est la marque d’un bon «storytelling»!