Entourée de forêt et de barbelés, à une cinquantaine de kilomètres au sud-est de Riga (Lettonie), dans la région de Vidzeme, se trouve la base aérienne militaire de Lielvārde.
Le long du chemin qui mène à la piste, des camions kaki et beiges. Des tentes, conteneurs et bâtiments cohabitent, en plus de quelques avions militaires. D’autres se trouvent sur la vaste piste. Le vrombissement de leurs moteurs qui démarrent cache un instant le chant des oiseaux, au moment où leurs hélices se mettent à tourner et qu’ils laissent derrière eux un nuage de fumée. Plus loin, dans un hangar: un hélicoptère.
Le ministre de la Défense luxembourgeois et vice-Premier ministre, (déi Gréng), accompagné de son homologue letton, Artis Pabriks, a pu visiter le site ce mardi 3 mai, dans le cadre de sa visite de travail aux pays baltes. Car sur cette base militaire, et une deuxième en Lettonie, ont été investis 6,9 millions d’euros luxembourgeois, destinés à l’assainissement des sols.
Une défense solidaire
«C’est important de collaborer avec des pays de taille similaire à celle du Luxembourg», explique François Bausch. Le premier accord, qui portait sur 2021-2023, fixait le financement luxembourgeois à 1,2 million d’euros. Un second, signé en octobre dernier, l’a augmenté de 5,7 euros et prolongé jusqu’en 2024. Ce qui représente une «grande partie» du budget d’assainissement des sols partagé avec la Lettonie. Cela s’inscrit dans l’effort de défense du Luxembourg.
Artis Pabriks s’est dit «reconnaissant de la coopération» avec le Luxembourg, évoquant «l’énorme travail pour réparer les dommages faits à la nature». Il espère poursuivre sur ce chemin, le but étant maintenant de «restaurer des bâtiments laissés en mauvais état depuis le départ de l’armée soviétique» de la base, dans les années 1990. François Bausch évoque de son côté de prochaines collaborations dans le domaine de «l’observation satellite».
Initialement prévue en octobre dernier, sa visite du site a été reportée en raison du Covid. Une bonne chose selon le ministre, pour qui il était important de se rendre chez ce voisin de la Russie, en pleine période de guerre en Ukraine. Il espère que, comme le Luxembourg «situé entre la France et l’Allemagne», la Lettonie fera bientôt office de «pacificateur» entre la Russie et l’Ukraine.
Caserne et assainissement
«Pour le moment, nous sommes en sécurité», affirme le ministre letton de la Défense. Pour qui la fin de la guerre passera par la victoire ukrainienne. Il a confiance en l’Otan pour lui venir en aide si la situation évoluait.
L’organisation a mis en place en Estonie, en Lettonie, en Lituanie et en Pologne en 2017 et après l’annexion illégale de la Crimée par la Russie. Pour envoyer un «message clair: toute attaque contre un Allié sera considérée comme une attaque contre l’ensemble de l’Alliance». De nouveaux groupes tactiques ont été installés en Bulgarie, en Hongrie, en Roumanie et en Slovaquie depuis le début de la guerre en Ukraine. En Lettonie, des soldats du Canada, d’Albanie, de République tchèque, d’Islande, d’Italie, du Monténégro, de Pologne, de Slovaquie, de Slovénie et d’Espagne sont présents. Les Luxembourgeois (six depuis la guerre en Ukraine, quatre avant) font quant à eux partie du groupe posté en Lituanie. François Bausch leur rendra visite ce mercredi 4 mai.
Cela n’empêche pas le Grand-Duché de soutenir, sur ce point aussi, la Lettonie. Il a financé la construction d’une caserne pour 450 soldats sur la base d’Ādaži afin d’accueillir un groupement tactique de présence renforcée de l’Otan. Pour un budget de 3 millions d’euros. François Bausch a donc visité la caserne et le site militaire qui l’entoure, dont l’assainissement est aussi cofinancé par la Défense luxembourgeoise. Cantine, bâtiments de stockage, station-service, centre sportif… Le tout ressemble à un gigantesque campus, agrémenté d’espaces verts où trônent quelques longs pins. Le Luxembourg a, là encore, été remercié pour sa collaboration. L’armée lettone espère pérenniser, de la même manière, d’autres casernes qui ont été installées temporairement pour accueillir les soldats de l’EFP.