Le personnel des hôpitaux ou maisons de soins n’est pas soumis au même CovidCheck que celui dans les autres entreprises. (Photo: Guy Wolff/archives Maison Moderne)

Le personnel des hôpitaux ou maisons de soins n’est pas soumis au même CovidCheck que celui dans les autres entreprises. (Photo: Guy Wolff/archives Maison Moderne)

Les employés du secteur des soins et de la santé qui ne sont ni vaccinés ni guéris peuvent échapper au test antigénique certifié ou PCR pourtant prévu par le régime CovidCheck. Il est remplacé par un autotest. Une exception accordée seulement en cas de contact étroit avec des patients. Une notion extrêmement floue.

Le monde du CovidCheck n’est décidément pas le même pour tous. (à partir de la date du prélèvement) pour se rendre au travail, ce n’est pas le cas de ceux qui exercent dans le secteur des soins et de la santé.

Le ministère de la Santé confirme à Paperjam que ces derniers bénéficient bel et bien d’une exception et  peuvent se contenter d’un autotest.

Toute personne qui travaille dans un hôpital peut, à chaque moment, entrer en contact avec un patient.

Sylvain Vitalisecrétaire généralFHL

Tout en précisant que cette exception concerne «les médecins, le personnel soignant ainsi que le personnel susceptible d’avoir un contact étroit avec un patient, un résident ou un usager». Tous les autres tombent donc sous le régime CovidCheck normal… «À moins que les directions des hôpitaux estiment que d’autres personnes, voire tout le personnel, sont susceptibles d’avoir des contacts étroits avec les patients, résidents et usagers», poursuit le ministère.

Pour la Fédération des hôpitaux luxembourgeois (FHL), «toute personne qui travaille dans un hôpital peut à chaque moment entrer en contact avec un patient», détaille son secrétaire général, Sylvain Vitali. Que ce soit la personne à l’accueil, celle qui répare le radiateur dans une chambre ou celle qui transporte du matériel dans les couloirs. Anne-Sophie Ott, conseillère juridique à la Copas, qui représente les services d’aide et de soins aux personnes, estime pour sa part que «c’est à chaque structure de déterminer qui est en contact étroit avec les résidents».

L’explication: un personnel habitué aux autotests

Si la notion de «contact étroit» demeure floue, il semble évident que la majorité des employés des secteurs hospitalier et des soins à la personne en ont. Alors pourquoi ne justifier que d’un autotest pour pouvoir accéder à son lieu de travail? Ne serait-ce pas une manière d’éviter un taux d’absentéisme trop important dans un secteur-clé?

«Cette différence s’explique par la nature même de ce secteur qui regroupe des professionnels des soins et de santé qualifiés et habitués à manipuler correctement ce genre de tests», répond sobrement le ministère. Tout en précisant: «Cela ne signifie pas pour autant que le régime soit plus souple.»

L’argument semble pour le moins léger. Notamment car un employé chargé de l’accueil ou du ménage dans les chambres, en contact étroit avec les patients ou résidents, n’est pas un «professionnel de santé».

«Il faudra que l’autotest soit toujours supervisé par un professionnel de santé», réplique le ministère.

Ni la FHL ni la Copas n’ont en tout cas pu fournir un taux de vaccination pour le secteur. Le regroupement des prestataires de soins indique tout de même que «nous avons une part de personnes non vaccinées qui se testent tous les jours». Le syndicat Santé, services sociaux et éducatifs de l’OGBL avance, de son côté, un «taux supérieur au niveau national» (76,2% de la population de plus de cinq ans, ndlr).

Une application à l’ensemble du personnel

Sur le terrain, la bonne application de la mesure d’exception varie d’un établissement à l’autre.

Chez Servior, «pour être sûrs, c’est tout le personnel» qui est concerné par l’autotest au lieu de l’antigénique ou du PCR. Il se fait à l’entrée, supervisé par un professionnel de soins.

Au Centre hospitalier Emile Mayrisch (CHEM) aussi, l’autotest s’applique «à toutes les personnes». Il se fait avant l’entrée en poste. Si le responsable valide son résultat, sa réalisation ne se fait en revanche pas sous surveillance. «Nous partons du principe que tout le monde le fait correctement.»

Au Centre hospitalier du Nord (CHDN), «c’est pareil pour tout le monde». Les membres du personnel ni vaccinés ni guéris doivent effectuer leur autotest «à l’entrée, sous supervision du personnel Dussmann. Ce sont eux qui contresignent le résultat. Ensuite, le collaborateur doit déposer la preuve à son supérieur.»

La dérogation officielle, on ne nous l’a jamais communiquée.

Pitt Bachsecrétaire central du syndicat Santé, services sociaux et éducatifsOGBL

Que se passerait-il, en cas de contrôle, pour un salarié qui n’a aucun contact étroit avec les patients ou résidents et qui pourtant, comme le lui demande son employeur, se contente d’un autotest et se retrouve donc quelque part en infraction avec la loi Covid? «Je pense que c’est à l’employeur de prendre ses responsabilités dans ce qui est considéré comme contact étroit», considère Anne-Sophie Ott de la Copas. «Si un salarié me demandait, je lui conseillerais d’être en règle avec le CovidCheck classique», poursuit de son côté Pitt Bach, secrétaire central du syndicat Santé, services sociaux et éducatifs à l’OGBL. Les retours qu’il reçoit concernent surtout la situation inverse: «Des délégués du personnel qui racontent qu’il y a deux règles différentes au sein d’une entreprise», ce qui peut avoir du mal à être accepté.

Le syndicat regrette l’absence de dialogue social lors de la prise de décision: «La dérogation officielle, on ne nous l’a jamais communiquée».