Il fait chaud. Pourtant, au milieu de l’été, on anticipe les baisses de température. «Les clients qui commandent normalement en hiver le font maintenant. Nous sommes débordés», témoigne Paul Schleich, gérant du service Pellets chez Husting & Reiser.
Et doivent se fournir en pellets pour l’hiver.
C’est du jamais-vu.
«Normalement, nous vendons entre 300 et 400 tonnes par mois. Aujourd’hui, nous sommes à 2.000. Et c’est tout ce que nous arrivons à faire.» Les délais de livraison, qui variaient d’une à deux semaines, sont passés à cinq, six semaines. «Si un client vient nous voir pour un sac de pellets, nous prenons la commande, mais il ne la recevra pas avant octobre. Pour du vrac, c’est septembre.» Ce qui est parfois difficile à faire comprendre.
Surtout que «les prix augmentent, parce que les producteurs n’arrivent pas à répondre rapidement à la demande», explique-t-il. Accrue par la guerre en Ukraine, elle était déjà croissante depuis deux ans dans la région selon lui, en raison de la volonté annoncée de l’Allemagne de sortir du charbon. Le prix de la tonne de pellets est ainsi passé à «600 euros, contre 220-240 euros il y a un an», résume-t-il. Il s’attend à ce que la situation dure «jusqu’à janvier-février».
Une hausse des prix qui ne semble pas finie
Même constat chez Gulf, où le prix a dépassé les 500 euros par tonne, le double de l’an dernier. «C’est du jamais-vu», commente André Thelen, managing director. «Des clients allemands nous parlent de 750 euros. C’est à prévoir ici aussi.» Il explique cela par une «distorsion générale du marché de l’énergie en Europe». Les clients ont «peur d’une pénurie» et stockent. «Alors qu’en temps normal, il n’y a pas de surcapacité dans les scieries, ce qui crée une pénurie.» Sans compter les coûts de l’énergie nécessaire à la production de pellets qui augmentent, de l’électricité au gasoil pour son transport.
Ceux de l’entreprise viennent de Belgique et du Luxembourg. «Pour l’instant, nous pouvons fournir pour septembre. Mais nous ne prenons quasiment plus de nouveaux clients. D’habitude, l’été, c’est endéans la semaine.» Si on peut penser que «ce qui est fait est déjà servi», il s’attend tout de même à un phénomène de stockage où les clients n’attendront plus la dernière minute pour remplir leurs silos de pellets cet hiver, mais recommanderont «dès qu’il manquera deux ou trois tonnes».
Un phénomène qui touche aussi les bûches
Patrick Barbedor, responsable d’exploitation chez Kiowatt, producteur de pellets luxembourgeois, parle d’un prix «triplé» en deux ans. «Tous les coûts de production sont en nette hausse, mais c’est surtout celui du bois, source limitée, qui a énormément augmenté et nous oblige à répercuter ces frais au client.»
«Ce qui s’explique par une exportation de bois en Chine, qui offre de meilleurs tarifs», estime la directrice de Goffinet Énergies à Steinfort, Sylviane Goffinet. Le prix des bûches de chauffage que vend l’entreprise, issues de la Grande Région, a augmenté de 20% en un an. Moins que celui des pellets, qui a «plus que doublé».
La commune de Steinfort, qui proposait du bois de chauffage à 64,80 euros le stère à ses habitants en 2021, compte répéter l’opération. Elle ne sait pas encore à quel prix.