Ils pilotent leurs collaborateurs mais aussi une campagne électorale: les patrons-candidats ambitionnent de s’impliquer dans la vie politique de leur commune en plus de leurs obligations professionnelles parfois prenantes.
Dans la capitale, nombreux sont les commerçants à candidater, comme par exemple Anne Kaiffer sur la liste du DP et patronne de la boucherie familiale aux 19 salariés. «Nous manquons d’entrepreneurs et d’indépendants dans la politique active et je trouve que la majorité des personnes engagées politiquement n’ont pas l’expérience du terrain pour apprécier la situation», souligne-t-elle.
Jadis membre des jeunes libéraux (JDL), la bouchère entre pleinement dans la campagne avec une volonté de promouvoir la fibre entrepreneuriale des plus jeunes mais aussi de faire entendre sa voix dans un secteur où les loyers ont tendance à s’emballer.
En tant que commerçants, nous recevons davantage de retours des citoyens sur leur ressenti qu’un politicien car la barrière est moins grande.
«Je me sens concerné par les problématiques de sécurité publique mais aussi de dynamisation de la Ville», embraye Jean-Marie Hoffmann, patron de qui emploie 275 collaborateurs. Il candidate sur la liste du CSV. «En tant que commerçants, nous recevons davantage de retours des citoyens sur leur ressenti qu’un politicien car la barrière est moins grande».
Dans l’horeca, Alexandre De Toffol emploie 150 salariés dans ses différents établissements dont le et le , en plein centre-ville. «Récemment, j’ai été très impacté par l’insécurité au centre-ville ainsi qu’à la Gare et à Bonnevoie», souligne le candidat DP. À ses yeux, la force d’un entrepreneur en politique est d’être orienté solution: «Un chef d’entreprise analyse la situation et prend la meilleure décision de façon pragmatique afin de garantir le bien de sa société et de ses collaborateurs».
Des indépendants en course
Beaucoup d’indépendants aussi sont représentés sur les listes. C’est par exemple le cas d’Adelio Silva sur la liste déi Lénk à Schifflange. Ce Cap-Verdien d’origine s’est lancé il y a dix ans en politique au sein du LSAP à Luxembourg-Ville. «Je suis arrivé au Luxembourg en 1995 et j’ai vu avec le temps que le niveau de bien-être que nous offre le pays a tendance à diminuer petit à petit», confie le fabricant de .
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À Mamer, Pierre Matgé est passé de la case sympathisant à celle de candidat au LSAP. Ce photographe professionnel a créé voici deux ans sa société de production avec son associé Dan Schank. «Au travail, je suis à l’écoute de mes clients, de mon employé et je dois faire des compromis. Dans un esprit communal, il faut faire pareil avec les citoyens et un éventuel partenaire de coalition», analyse-t-il. Les deux univers partagent aussi à ses yeux beaucoup de similitudes dans l’aspect de gestion.
Les pros de l’immobilier candidatent
Et si le logement représente naturellement au Luxembourg, soulignons la présence de nombreux professionnels du secteur sur les listes électorales. À Echternach, l’agent Patrick Denter est candidat pour le quatrième fois. Engagé dans différentes commissions communales, il estime que le logement bénéficie dans sa commune de nombreux projets d’habitats financièrement accessibles. «Il faut dans un conseil communal des technocrates mais aussi des personnes plus flexibles pour réagir aux besoins du quotidien», confie le candidat LSAP.
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À Dudelange, Lajla Kapetanovic-Licina dirige Bau4U, une firme de construction et de développement qui compte quatre salariés. Pour elle, l’engagement en politique permet d’apporter son point de vue non seulement en tant que cheffe d’entreprise, mais aussi de mère de famille. «Si on fait un travail avec passion, ce n’est jamais vraiment difficile», affirme la candidate LSAP.
Déterminés à contribuer à la chose publique
Le soutien et la délégation des tâches à des bras droits de confiance reviennent aussi souvent dans les échanges avec ces patrons-candidats. C’est le cas par exemple de , candidat Fokus à Differdange et dirigeant de Liewen Doheem, une société de soins à domicile de 80 salariés.
Pour Dejvid Ramdedovic du CSV à Esch-sur-Alzette, «les chefs d’entreprise sont confrontés à des défis quotidiens mais ont une compréhension des mécanismes économiques qui peut être précieuse dans le processus de décision politique», avance le patron de cinq collaborateurs au sein de la société de comptabilité ITD Sàrl.
Une commune et une entreprise ont chacune une stratégie et un avenir qui doit être pérenne.
Le managing director de Firce Capital a lui aussi choisi de s’engager dans la vie politique de la commune où il réside depuis 12 ans, Garnich. Intéressé par le logement, le supérieur de 30 personnes répartis dans quatre pays différents espère apporter . «Une commune et une entreprise ont chacune une stratégie et un avenir qui doit être pérenne. En revanche, la portée des décisions est différente puisqu’en entreprise elle se limite aux collègues tandis que dans une commune, elle impacte l’ensemble des membres de la famille», analyse le candidat de l’unique liste en lice dans cette commune rurale.
«Nous allons essayer d’avoir un deuxième mandat»: déterminée, mène la liste du DP à Pétange. devenue exploitante du restaurant forain Kugener dit respecter un planning méthodique fait sur deux mois pour jongler entre ses deux engagements. «Politiciens et dirigeants sont complémentaires, les mêmes qualités sont requises mais la différence c’est que ministre ou bourgmestre, c’est un CDD», sourit la patronne de 120 salariés.
Soulignons enfin que le parti déi Gréng compte dans ses rangs une série de patrons-candidats comme Luc Nothum à Bascharage (Optique Nothum), Karine Fernandes à Esch-sur-Alzette (CariHome), Mohammad Khair Arrab à Pétange (Invoport) et Stéphanie Lamberty à Steinfort ().