Le ministère de l’Environnement veut bannir les emballages à usage unique. (Photo: Shutterstock)

Le ministère de l’Environnement veut bannir les emballages à usage unique. (Photo: Shutterstock)

La stratégie zéro déchet du ministère de l’Environnement passe par pas moins de cinq projets de loi et trois règlements grand-ducaux. À travers une série d’articles, Paperjam a dressé un état des lieux et donné la parole aux différentes parties concernées. En guise de conclusion, voici quelques exemples d’entreprises qui se montrent proactives en la matière.

: tel est l’objectif du ministère de l’Environnement. Et pour l’atteindre, les entreprises auront un rôle à jouer. La stratégie du gouvernement prévoit notamment la fin des produits à usage unique dans la vente à emporter ou dans les événements publics.

Presque plus de plastique chez Sodexo

Certaines entreprises ont déjà mis en place des mesures, comme Sodexo. En interne, 2.800 gourdes à ont été acquises pour ses 2.300 employés, permettant de supprimer 320.000 bouteilles en plastique par an. Un investissement de 12.940 euros. L’entreprise a aussi totalement remplacé les bouteilles et gobelets en plastique à son siège par des bouteilles en verre et des tasses en céramique.

Dans son service au client aussi, l’entreprise de restauration collective tente d’éliminer les déchets. Elle propose ses plats à emporter dans des réutilisables et consignées, ou dans des récipients en verre pour la gamme «La Collection», même si on ne sait pas quelle part elle représente de l’activité. «Tous les contenants en verre ou Ecobox ne sont pas adaptés au besoin de la vente à emporter, notamment pour les produits chauds comme les quiches ou pâtisseries», regrette Laurence Graff, directrice marque et communication et cheffe de la responsabilité sociétale de l’entreprise. «Dans ces cas, nous nous orientons vers des contenants recyclables et durables.»

Sodexo propose une gamme de produits servis dans des bocaux en verre. Pour le reste, les clients peuvent aussi emporter leurs plats en Ecobox. (Photo: Sodexo)

Sodexo propose une gamme de produits servis dans des bocaux en verre. Pour le reste, les clients peuvent aussi emporter leurs plats en Ecobox. (Photo: Sodexo)

En promouvant les emballages réutilisables, elle aurait en tout cas éliminé 740.000 agitateurs en plastique par an, 200.000 pailles, 61.000 sacs plastique, 58.000 couteaux, 215.000 fourchettes, 100.000 kits complets de couverts et 500.000 cuillères. Sodexo n’indique pas combien perdurent.

Mais admet que l’utilisation de contenants réutilisables représente un coût supplémentaire par rapport au plastique «peu cher, léger et facile à stocker». Ajoutant que le nettoyage nécessite de la main-d’œuvre supplémentaire, sans donner de chiffres.

Pour éviter le gaspillage alimentaire, la société a également investi entre octobre 2020 et janvier 2021 dans des balances connectées «pour une pesée systématique de tous les déchets organiques dans nos cuisines en production et ensuite sur les retours plateaux des convives» et pour un montant confidentiel. Ici, «l’investissement pour l’acquisition de l’outil est compensé par les 50% de nourriture qui ne sont plus jetés… donc plus achetés et plus payés, que ce soit par notre client ou par Sodexo. Et d’un point de vue éthique, il est valorisant pour nos convives, nos clients et nos équipes de participer à la préservation des ressources naturelles et une meilleure utilisation de celles-ci.»

L’investissement pour l’acquisition de l’outil est compensé par les 50% de nourriture qui ne sont plus jetés.

Laurence Graffdirectrice marque et communication et cheffe de la responsabilité sociétaleSodexo

Des housses de protection en amidon de pommes de terre

Dans un tout autre domaine, l’entreprise de blanchisserie et nettoyage à sec Klin fait elle aussi des efforts. Dès sa création en 2017, «nous avons essayé de minimiser notre empreinte en utilisant des emballages réutilisables», raconte Pit Zens, directeur associé.

Au lieu de protéger les vêtements des clients, après nettoyage, par de classiques housses en plastique, l’entreprise a opté pour des emballages réutilisables en coton et polyester. Ce qui «fonctionnait très bien au début, avec de petits volumes». Mais lorsque la demande s’est faite plus importante, elle a eu du mal à suivre. Sans compter les nombreux clients qui ne rapportaient pas les housses mais les gardaient pour ranger leurs vêtements d’hiver en été, et vice-versa. Alors qu’un système de caution était trop compliqué à mettre en place pour la clientèle professionnelle, où les salariés des entreprises déposent et récupèrent leur linge via une conciergerie digitale.

Klin a donc trouvé une alternative: des emballages «100% végétaux, à base d’amidon de pommes de terre». Même s’ils restent à usage unique, «leur élimination est moins nocive pour l’environnement que celle d’un emballage plastique». Ils sont en place depuis 2019.

Après l’essai des housses réutilisables, Klin s’est finalement tournée vers les végétales. (Photo: Klin)

Après l’essai des housses réutilisables, Klin s’est finalement tournée vers les végétales. (Photo: Klin)

Tout cela représente un investissement pour l’entreprise de 20 salariés. La housse réutilisable coûtait entre 96 centimes et 1,26 euro l’unité, selon la taille, avec fermeture et logo de la société. Les 1.000 mètres de protection végétale reviennent maintenant à 160 euros, soit 16 centimes la housse d’un mètre. Alors que «les housses en plastique utilisées chez nos concurrents» coûtent trois fois moins cher, entre 50 et 55 euros le mètre de bobine, donc 5 centimes pour un mètre.

L’entreprise offre aussi à ses clients des sacs en coton lavables pour qu’ils ramènent leur linge sale sans utiliser de sacs en plastique. Qui, contrairement aux housses, sont ramenés régulièrement pour pouvoir être réutilisés.

Ces coûts ne sont «pas directement rentabilisés, mais indirectement, parce que nous essayons de nous positionner comme une société consciente de l’environnement. Ce n’est pas parce que nous travaillons dans une industrie polluante que nous ne pouvons pas faire d’efforts».

Ce n’est pas parce que nous travaillons dans une industrie polluante que nous ne pouvons pas faire d’efforts.

Pit Zensdirecteur associéKlin

Des investissements pas toujours rentables

Parfois, le nouveau départ vient avec un déménagement. Ce fut le cas pour Voyages Josy Clement, entreprise spécialisée dans les trajets en autobus et autocars. Après la construction de son nouveau site en septembre 2018 à Junglinster – de classe énergétique B –, elle a entamé une démarche de réduction des déchets en interne. «La plupart viennent de l’extérieur, des clients qui laissent leurs affaires dans le bus. Sur cette partie, nous avons peu d’influence», explique Jean Clement, directeur général. Pour le reste, «nous avons constaté qu’à peu près 40 chauffeurs travaillent du lundi au samedi. Le dimanche, une douzaine. Chacun emportait une bouteille d’eau pour la journée et la jetait à la fin. C’est quelque chose où nous pouvions intervenir».

Chaque chauffeur a reçu sa gourde d’un litre en plastique réutilisable sans BPA (composé du plastique, suspecté de comporter des risques pour la santé). Des fontaines reliées à l’eau du robinet, filtrée, ont été installées au réfectoire d’où ils partent le matin. Montant de l’investissement: 320 euros par an pour la location de la fontaine et son entretien, 1.200 euros pour les 80 gourdes.

80 gourdes ont été distribuées aux salariés pour qu’ils n’achètent plus de bouteilles en plastique avant leur tournée. (Photo: Voyages Josy Clement)

80 gourdes ont été distribuées aux salariés pour qu’ils n’achètent plus de bouteilles en plastique avant leur tournée. (Photo: Voyages Josy Clement)

Du côté des distributeurs de boissons chaudes, une centaine de tasses en porcelaine et un lave-vaisselle ont été achetés pour inciter les salariés à ne plus prendre de gobelets réutilisables. «Depuis, le nombre gobelets a diminué de moitié.» Pour réduire encore leur utilisation, l’entreprise veut réduire le prix pour ceux qui utilisent la vaisselle réutilisable. «Nous sommes en train d’étudier cette possibilité avec la société qui nous met la machine à disposition». Elle n’envisage cependant pas de les enlever totalement. Ici, l’investissement représente 1.500 euros.

«Vous avez toujours une partie des personnes qui acceptent et font des efforts, et d’autres qui n’y voient pas d’intérêt. Vous n’aurez jamais 100% de l’un ou de l’autre, il faut continuer de faire des efforts continuellement. Le personnel accepte mieux de nouvelles procédures lorsqu’elles accompagnent un changement, comme un déménagement.»

En tout cas, pour assurer au mieux le tri des déchets, la mission a été confiée à un ancien chauffeur, reclassé pour maladie professionnelle. Un coût de 18.000 euros pour le temps qu’il y consacre chaque année.

Des frais non rentabilisés selon Jean Clement, malgré la réduction du volume de déchets, difficile à quantifier avec le déménagement et la chute d’activité en 2020 avec le Covid-19. Les actions visent surtout à se conformer aux normes environnementales, souvent présentes dans le cahier des charges lors d’appels d’offres d’administrations publiques ou de sociétés.

Réutiliser le bois

Pour la menuiserie Reckinger, ce sont de petits pas qui ne nécessitent pas d’investissements supplémentaires. Elle fait par exemple attention à regrouper les commandes de ses clients, pour ne pas multiplier emballages et trajets. «Nous commandons juste le nécessaire pour ne pas avoir de stock», ajoute Jos Reckinger, junior chef de l’entreprise. Et pour les produits qu’elle vend, «nous réutilisons les cartons que nous recevons». Les chutes de bois servent parfois à faire de petits articles de décoration, toujours vendus sans emballage. «Nous avons aussi un nouveau système de chauffage depuis 2018, où nous broyons ces restes non traités en petits morceaux pour ensuite les injecter automatiquement dans la chaudière.» Celle-ci doit «respecter une émission de 30g/m3 de poussière, valeurs qui sont contrôlées annuellement par le chauffagiste.»

L’entreprise jette malgré tout, chaque mois, 250 kilos de carton et 15 kilos de plastique. «Nous essayons de réduire, mais il faut que les fournisseurs le choisissent aussi.»

La adopte elle aussi quelques bons gestes. À l’image d’Auchan, qui a annoncé la suppression des barquettes en plastique de ses ateliers boucherie et poissonnerie au profit de barquettes en fibres végétales compostables.

Notre série d’articles consacrée à la politique des déchets a été déclinée en trois autres chapitres, que vous pouvez retrouver ici: