Le business developer d’Immobel, Xavier Hauboldt, a dressé un paysage assez négatif du marché de l’immobilier… mais en assurant que les promoteurs continueraient à trouver des solutions. (Photo: DR)

Le business developer d’Immobel, Xavier Hauboldt, a dressé un paysage assez négatif du marché de l’immobilier… mais en assurant que les promoteurs continueraient à trouver des solutions. (Photo: DR)

L’Ecofin Club accueillait ce jeudi 26 janvier le business developer d’Immobel, Xavier Hauboldt, au Cercle Munster. L’occasion de comprendre la vision du marché de l’immobilier que semblaient partager tous les promoteurs dans la salle. Et ça «pique»…

«Pour financer l’achat d’un bien immobilier à un million d’euros sur 20 ans à 4,5%, il faut payer 6.350 euros par mois. Et donc avoir un revenu annuel de 228.624 euros. Or, le salaire annuel moyen au Luxembourg est de 72.250 euros. Quatre fois moins. Moins de 3% des ménages luxembourgeois peuvent se le permettre.» Le business developer d’Immobel, Xavier Hauboldt, laisse passer un silence.

Dans cette salle du Cercle Munster où sont réunis une soixantaine de professionnels ayant répondu à l’invitation de l’Ecofin Club, tout le monde hoche la tête. Et ils hocheront la tête à chaque nouveau chiffre de l’orateur, qui, format oblige, les assume.

Crédits refusés et moins de nouveaux logements

«Ce matin sur RTL,  (la directrice générale de la Spuerkeess, ndlr) expliquait que, l’an dernier, le nombre de demandes de crédits a baissé de 45% et que le nombre de rejets de ces demandes est resté stable à 20%. J’ai des doutes», insistait-il. «Selon mes indications, le taux d’acceptation des dossiers serait variable de 40% à 75%.»

Face à ces crédits désormais octroyés avec davantage de parcimonie, l’offre ne suffira pas à répondre aux développements de l’économie luxembourgeoise. «Le Luxembourg crée 12.500 emplois nets par an et il faut au minimum 6.000 unités d’habitation pour répondre aux besoins. Or, le Luxembourg ne met que 3.800 unités de plus par an sur le marché. En 2023, ce sera même plutôt 2.300», assure l’orateur, dans un mouvement synchronisé de têtes dans la salle.

«La Chambre des métiers estime à 80.000 le nombre de nouveaux logements à mettre sur le marché d’ici 2030, mais qu’on sera plutôt à 55.000. Les demandes de permis de construire ont diminué de 23% l’an dernier. Nous, nous n’avons vendu que 5% de ce que nous vendions auparavant.»

8.300 euros le mètre carré, abordable?

Même le logement à prix abordable, si «cher» au ministre du Logement, (déi Gréng), ne trouve pas grâce à leurs yeux, indépendamment du fait qu’ils en sont exclus. «À 8.300 euros le mètre carré au Kirchberg, peut-on parler de logement à prix abordable? Mes amis à Bruxelles me disent que 8.000€-9.000€, c’est le prix du luxe à Bruxelles, je leur réponds que c’est le prix du logement abordable chez nous…»

Forcément, la salle rit. Un peu jaune, en réalité, parce que le secteur croit qu’il a beaucoup à apporter et attend avec impatience que le ministre revienne, d’ici deux ou trois semaines, avec des pistes concrètes.

Entre la hausse de 15,9% des coûts de la construction, la difficulté déjà très nette à recruter, les problèmes de trésorerie, les risques de faillite, le secteur est parfaitement conscient qu’il va devoir se moderniser et aller explorer toutes les pistes de réflexion: des nouvelles techniques de construction aux financements des modes hybrides d’habitation, en passant par les questions fiscales, mais aussi d’assouplissement d’accès au foncier ou de la constructibilité. Voire même allonger la durée du crédit de 20-30 ans à 60 ans, comme en Suisse.