La cofondatrice d’Active Asset Allocation, Adina Grigoriu, avec son cofondateur Olivier Hiezely, lors du Paris Fintech Forum. (Photo: Paperjam)

La cofondatrice d’Active Asset Allocation, Adina Grigoriu, avec son cofondateur Olivier Hiezely, lors du Paris Fintech Forum. (Photo: Paperjam)

Après dix ans d’existence, Active Asset Allocation trouve petit à petit une audience avide de ses algorithmes de pilotage des investissements. Même si l’ego des gestionnaires de portefeuilles prend toujours une claque. Rencontre sans fard.

«Tu te bats chaque jour pour survivre, et eux se battent pour garder leur position.» Dans la salle du palais Brongniart où elle est invitée, avec Edward Maslaveckas (Bud), Loubna Bazine (FriendlyScore) et Olivier Berthier (Moneythor), à raconter ses expériences de startuppeuse face aux banques et autres géants de l’industrie des fonds, Adina Grigoriu ne s’embarrasse pas de diplomatie. À l’exception d’un spectateur ou deux issus des corporates, la salle sourit face à tant de franchise et hoche la tête d’approbation.

Cofondatrice avec Olivier Hiezely, il y a dix ans, d’Active Asset Allocation, la jeune femme raconte le pire de ce à quoi un jeune entrepreneur peut être confronté au moment où il va rencontrer des gestionnaires d’actifs en dizaines de milliards. Il y a ces VC qui lui demandent d’emblée si son cofondateur est aussi l’homme de sa vie, ceux qui ne donnent plus signe de vie sauf quand un stagiaire essaie vainement de reproduire le modèle de la start-up luxembourgeoise sans y parvenir ou ces gestionnaires de fonds qui ne supportent pas que leurs prévisions de marché soient battues en brèche par les algorithmes…

La promesse de la start-up, qui a levé 4 millions d’euros l’an dernier après deux ans et demi de discussions, est d’obtenir de meilleurs résultats dans la gestion d’actifs qu’un manager «humain», même expérimenté. «Nos algorithmes, nourris depuis dix ans, sont capables de produire des milliers de scénarios en fonction des produits eux-mêmes et de leur cycle de vie, mais aussi de l’appétit d’un client pour le risque, de la somme qu’il est prêt à investir, à quel moment de sa vie et pour combien de temps.» À l’instar des géants comme Huawei qui remettent chaque année de 15 à 20% de leurs bénéfices dans la recherche et le développement, Active Asset Allocation réinvestit jusqu’à 30% de ses possibilités, en gros pour s’adjoindre les services d’expert de ces mathématiques du futur.

De huit semaines à quelques heures

Là où il fallait huit semaines pour un seul modèle, il ne faut plus que quelques heures pour avoir étudié toutes les options.

«Je ne vends pas cela à des gestionnaires de fonds, mais un “framework de gestion du risque” dans lequel ils peuvent intégrer leur vision du marché», s’amuse-t-elle, assurée d’obtenir de meilleurs résultats avec ses règles de calcul. Aujourd’hui, Active Asset Allocation compte 2 milliards d’euros d’actifs sous conseil, sur plusieurs centaines de milliards d’euros sur le marché. Mais de plus en plus de grands noms rejoignent l’aventure, d’Allianz à Maif, en passant par Generali, AG2R La Mondiale, OneLife ou Russell Investment, pour n’en citer que quelques-uns.

«Il faut qu’ils voient directement ce qu’ils ont à gagner pour y souscrire», explique-t-elle.

À l’heure où le gouvernement français voudrait bien rediriger l’épargne française, traditionnellement sur un livret A, assez statique et sans beaucoup de risque, la start-up luxembourgeoise propose une individualisation unique via les distributeurs de produits de placement. «Nous avons ajouté toutes les ‘commodities’, tout ce dont ils ont besoin, du KYC à l’onboarding en passant par le profilage du risque et le projet d’épargne, souvent pour la retraite», pour qu’un conseiller puisse en fin de compte proposer un produit unique à son client.

Prendre deux minutes pour une démo suffit à comprendre que le commercial de ces produits d’épargne n’aura aucune difficulté à convaincre ses clients d’investir plus et plus vite. «Comme tu peux modifier chaque critère, tu vois instantanément la différence sur du long terme. En général, le client investit plus et comprend toutes les mécaniques derrière.»

Des modèles éthiques qui s’imposent

Fini le PDF de reporting. Aujourd’hui, le professionnel se connecte à une plate-forme qui ne nécessite pas d’installation et peut directement mesurer la performance de cette épargne individualisée.

«Ça me tient à cœur, à titre personnel, d’améliorer l’épargne des gens», confie l’ancienne actuaire. «Je viens de Roumanie, d’un système communiste, où, à un moment, les gens, y compris les plus âgés, se sont retrouvés sans rien. Je veux contribuer à améliorer cela!»

Les algorithmes permettent même d’aller plus loin. Aujourd’hui, placer de l’argent pour en gagner ne suffit plus. Se sont ajoutées des considérations modernes, en termes d’éthique ou de responsabilité, en termes de protection de l’environnement, d’égalité hommes-femmes ou de mise en ban de certains acteurs, qu’ils soient des vendeurs d’armes ou d’énergie fossile…

«Il n’y a aucune limite à l’innovation! Nos produits vont continuer à évoluer parce que le marché continue à innover. Et nous voulons mettre de la transparence à tout le processus, ce qui ne rendra pas les produits moins performants.»