Laurence Zenner: «Si on définit la diversité dans l’entreprise comme l’équilibre entre hommes et femmes, certains métiers restent très masculins.» (Photo: DR)

Laurence Zenner: «Si on définit la diversité dans l’entreprise comme l’équilibre entre hommes et femmes, certains métiers restent très masculins.» (Photo: DR)

En vue de l’événement «10x6 Women: 10(0) femmes pour diriger» organisé par le Paperjam + Delano Club le 25 février 2021, Laurence Zenner (CFL Cargo) nous expose sa vision de la diversité dans les entreprises.

La diversité est un réel objectif au Luxembourg. Qu’est-ce qui a changé depuis cinq ans au sein des entreprises du Grand-Duché?

. – «Beaucoup d’entreprises ont connu ces dernières années un changement de génération au niveau de leurs dirigeants, qui ont grandi dans un contexte plus ouvert. Le nombre de femmes dirigeantes d’entreprises est également en augmentation, ce qui confirme ce parcours vers plus de diversité. Je pense que la société est en transformation avec une répartition des rôles plus équitable dans les couples aussi bien dans la vie professionnelle que dans la vie privée, ce qui augmente la diversité dans les entreprises. La diversité ne se limite d’ailleurs pas au sexe, mais inclut bien d’autres éléments comme la nationalité, l’origine ethnique et culturelle, l’âge, l’orientation sexuelle, etc. Notre société en transformation et les nouvelles générations entrant sur le marché du travail pousseront encore davantage les entreprises à plus de diversité dans leurs équipes.

Quels seraient encore les principaux freins à une réelle diversité entreprise?

«Si on définit la diversité dans l’entreprise comme l’équilibre entre hommes et femmes, certains métiers restent très masculins. Ainsi, dans mon secteur du fret ferroviaire, la prédominance d’étudiants masculins dans les formations techniques constitue un frein au recrutement de profils féminins dans les métiers opérationnels par manque de candidates. Considérant que les formations techniques offrent des débouchés intéressants, il faut donc attirer l’intérêt des jeunes pour les sciences et la technologie dès l’école fondamentale et renforcer la sensibilisation dans les classes inférieures des lycées par davantage d’initiatives, comme le Luxembourg Science Center, les visites d’entreprises, la présentation des métiers techniques et les opportunités qu’ils présentent, le Job Shadow Day, etc. Concernant la diversité dans un sens plus large, la lutte contre les stéréotypes reste un défi à lever.

Pour ou contre les quotas? Pourquoi?

«Je suis contre les quotas d’une manière générale, parce que je juge trop rigide le principe d’imposer des ratios via la loi. Pour qu’une entreprise ait du succès, ses organes décisionnels doivent idéalement se composer de personnalités complémentaires, provenant de contextes différents et apportant leurs expériences et compétences dans un esprit d’équipe. Un bon équilibre entre hommes et femmes constitue en effet un élément important parmi d’autres dans la composition de ces organes. Vouloir imposer des purs quotas hommes/femmes peut cependant conduire à la nomination de profils en inadéquation avec les besoins de l’entreprise. À mon avis, l’évolution de notre société conduira à plus d’équité dans les fonctions dirigeantes sans devoir l’imposer via des quotas. À titre personnel, je n’accepterai d’ailleurs pas de revêtir mes fonctions du seul fait que je suis une femme, alors que ce sont mes compétences personnelles que j’apporte à l’entreprise.»

 Cet événement en livestream bénéficiera d’une traduction simultanée français-anglais.