«Ceratizit a deux objectifs: l’expansion internationale en devenant le n°3 mondial du carbure de tungstène et la durabilité en n’émettant plus de CO2 d’ici 2040», souligne son membre du directoire, Thierry Wolter. (Photo: Guy Wolff/Maison Moderne)

«Ceratizit a deux objectifs: l’expansion internationale en devenant le n°3 mondial du carbure de tungstène et la durabilité en n’émettant plus de CO2 d’ici 2040», souligne son membre du directoire, Thierry Wolter. (Photo: Guy Wolff/Maison Moderne)

Le fabricant d’outils de coupe et de produits pour la protection contre l’usure Ceratizit tente d’anticiper les conséquences d’éventuels soucis d’approvisionnement en gaz l’hiver prochain tout en poursuivant son activité. Reportage.

Pas question pour Ceratizit de fermer ses portes durant l’été: le fabricant d’outils de coupe basé à Mamer poursuit ses activités et «dans certaines gammes de produits, nous produisons même un petit peu plus chaque mois au cas où une pénurie arriverait dans les prochains mois», explique son membre du directoire, .

L’entreprise fabrique des éléments en carbure cémenté, un matériau composé de 10% de cobalt et de 90% de carbure de tungstène. S’il a sécurisé son approvisionnement avec qui lui permet de se fournir de manière circulaire, le groupe redoute une difficulté d’approvisionnement en hydrogène, nécessaire au procédé de fabrication de ses produits.

Si la Russie ferme le robinet du gaz, nous ne savons pas ce qui va arriver.
Thierry Wolter

Thierry Woltermembre du directoireCeratizit

Car le gaz est obtenu par scission du gaz naturel, dont l’approvisionnement en Europe est menacé par les conséquences de la guerre en Ukraine. «Actuellement, le gaz destiné aux sites luxembourgeois provient de Norvège et des Pays-Bas. Mais si la Russie ferme le robinet du gaz, nous ne savons pas ce qui va arriver», abonde Thierry Wolter.

Retour à l’électrolyse

Voilà pourquoi, en plus de la production supplémentaire, l’entreprise veut repasser à un autre mode de production d’hydrogène, celui qui était, jusqu’à la fin du siècle dernier, courant: l’électrolyse. «C’est plus cher, mais c’est faisable et, en plus, c’est écologique. Cela procure deux avantages: notre indépendance vis-à-vis de la Russie et la durabilité», souligne le responsable.

En un an, la multinationale basée à Mamer a relevé ses tarifs de 10% à 25% selon les produits. Ses plus fortes hausses de coûts? Le gaz naturel, dont le prix a été multiplié entre 5 et 10 en un an, ainsi que l’hydrogène, multiplié par entre 4 et 8. À cela s’ajoutent les hausses des frais de transport, d’emballage et de personnel.

Les 1.200 salariés en poste sur le site de Mamer sont soutenus durant l’été par 117 étudiants. Un coup de pouce gagnant-gagnant, selon la direction, puisque des aspirants ingénieurs peuvent mieux découvrir le métier et l’entreprise depuis l’intérieur.

De l’industrie manufacturière à l’agroalimentaire

Dans les ateliers, la poudre grise est coulée puis compressée pour donner vie aux produits pour la protection contre l’usure et aux outils de coupe. Ceux-ci sont ensuite cuits (ou frittés) et travaillés pour être expédiés dans des tas de secteurs industriels: pour usiner les jantes en aluminium des voitures, pour concasser des fèves de cacao, mais aussi pour couper des couches-culottes pour les pièces les plus massives.

«Ceratizit a deux objectifs: l’expansion internationale en devenant le n°3 mondial du carbure de tungstène et la durabilité en n’émettant plus de CO2 d’ici 2040, soit 10 ans avant l’objectif des accords de Paris.»

Pour y parvenir, l’industriel mise, entre autres, sur l’approvisionnement en matières premières recyclées et sur une fourniture en électricité verte. Le groupe a élaboré des produits qui affichent jusqu’à 90% d’émissions de CO2 en moins, qui rencontrent la demande des entreprises clientes prêtes à débourser un petit peu plus pour un produit plus «vert». Les pièces d’usinage sont un des maillons de la grande chaîne économique et logistique: une transition vers des versions à l’empreinte carbone allégée a des conséquences sur l’ensemble de la production des sociétés clientes.

Ceratizit a également enfourché le cyclisme en parrainant son équipe féminine lors du Tour de France féminin organisé fin juillet. «Pour fabriquer un vélo professionnel, on a besoin d’outils de coupe Ceratizit pour fabriquer les pignons, les jantes, le rotor du changement de vitesse, etc.», énumère Thierry Wolter à l’appui d’un vélo de course Orbea exposé dans l’entrée de la compagnie.


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Tel un coureur, celle-ci s’adapte aux changements de reliefs escarpés. Ceratizit a été contrainte de cesser ses livraisons vers l’Ukraine et la Russie. Son bureau russe n’est désormais plus actif. «Nous avions un important marché en Russie, notamment pour la fabrication des peignes de filetage pour l’usinage des pipelines de pétrole ou de gaz. Nous allons devoir essayer de trouver d’autres marchés», résume sereinement le responsable.

La semaine prochaine, rendez-vous chez Autopolis où l’été est bien rodé.