Irina Novoselsky, ici sur la scène de Collision, entend profiter du temps passé par de plus en plus de personnes sur les réseaux sociaux pour fournir aux entreprises de meilleures données afin de leur permettre d’adapter leurs campagnes de marketing. (Screenshot de la conférence Collision)

Irina Novoselsky, ici sur la scène de Collision, entend profiter du temps passé par de plus en plus de personnes sur les réseaux sociaux pour fournir aux entreprises de meilleures données afin de leur permettre d’adapter leurs campagnes de marketing. (Screenshot de la conférence Collision)

Une semaine après avoir annoncé racheter 100% de Talkwalker, la CEO de la canadienne Hootsuite, Irina Novoselsky, est au Kirchberg pour dix jours. Avec une certitude: si 5 milliards de personnes passent au moins trois heures par jour sur les réseaux sociaux, les entreprises ont intérêt à y aller et à comprendre ce qui s’y passe. Et Talkwalker aura un rôle à jouer dans ce projet.

«Le Luxembourg est un pays magnifique! Regardez-moi ce soleil!» La silhouette au sourire très américain se tourne vers la seule fenêtre du bureau du CEO de Talkwalker, . Arrivée en fin de semaine, Irina Novoselsky est venue rencontrer les équipes, les officiels et les médias, pour détailler un peu le projet que la CEO d’Hootsuite nourrit pour la pépite luxembourgeoise.

«Cinq milliards de personnes passent trois heures par jour sur les réseaux sociaux et la jeune génération n’a plus du tout envie d’aller ailleurs pour acheter quoi que ce soit! Les entreprises doivent donc être présentes et savoir tirer les bonnes informations des réseaux sociaux», assure la New-Yorkaise, qui y passe elle-même près de dix heures par jour! «La gestion des médias sociaux constitue une opportunité de marché mondial largement inexploitée et en croissance de 28 milliards de dollars», a-t-elle une nouvelle fois répété, sachant que les revenus d’Hootsuite, de très loin le leader du marché, tournent autour de 400 millions de dollars avec 6.000 entreprises et 200.000 personnes qui sont ses clients.

Sept ans après le début d’un partenariat entre la société qu’elle dirige depuis un an et la pépite luxembourgeoise, cette traction potentielle, la technologie et les équipes de Talkwalker ont convaincu les actionnaires d’Hootsuite de franchir le pas. Vu le timing, est-ce que c’est cette perspective qui a invité les dirigeants de Talkwalker à réduire les effectifs en deux phases, dont une en février dernier, justement? Non, répondent de concert les deux CEO. Mais davantage la nécessité d’être sur de bonnes bases pour continuer à se développer.

Si la place exacte que jouera l’entité luxembourgeoise d’Hootsuite dans l’entreprise n’est pas définie, comme dans le spatial, par exemple, où les entreprises américaines font de Luxembourg leur quartier général européen, Mme Novoselsky a laissé la porte ouverte à de nouveaux recrutements en fonction des besoins de l’entreprise, évoquant des investissements, sans les définir. Comme les réponses au coût de cette acquisition, aux résultats annuels de l’entreprise ou à son bénéfice n’ont trouvé aucune réponse. De 80 à 90 millions d’euros, dans l’interview que M. Singh nous avait accordée en février 2023, à 50 à 60, sur la base de nos calculs à partir des derniers résultats annuels, que le CEO dit ne pas contredire. «Talkwalker est devenue profitable», ajoute-t-il.

Hootsuite a acheté 100% des parts de l’entreprise luxembourgeoise, confirme Mme Novoselsky, mais cette experte des fusions et acquisitions, qui a commencé sa carrière dans la banque d’affaires Morgan Stanley à New York au milieu des années 2000, explique avoir toujours tout le monde à bord dans un nouvel échange de parts, tant les trois fondateurs luxembourgeois (Thibaut Britz, Christophe Folschette et Robert Glaesener) que les VC de Marlin Capital Partners et que le management.

Outre les produits de Talkwalker et ses équipes, l’entreprise luxembourgeoise a une autre «arme», sa technologie Blue Silk AI, avec 3 milliards de points de données pour nourrir le modèle d’intelligence artificielle, qui dégage 40% du temps pour les équipes des clients chaque semaine et disponible dans 192 langues, et dont l’analyse porte sur des messages sur les réseaux sociaux, sur des vidéos, des photos ou même des sons.

«Nous savons pourquoi les gens suivent, s’engagent, achètent et rompent avec certaines entreprises sur les réseaux sociaux», disait la plus spectaculaire campagne d’Hootsuite récemment, qui a failli devancer la sortie de l’album country de Beyoncé: 

- «75% des personnes qui suivent des marques sur les réseaux sociaux ont explicitement l’intention d’acheter chez elles;

- 68% des personnes ont abandonné/masqué une marque au cours des 12 derniers mois pour avoir publié du contenu ennuyeux;

- 65% des personnes déclarent qu’elles sont plus susceptibles de suivre des marques qui publient du contenu pertinent et authentique sur les réseaux sociaux.»

Dans le hall d’entrée, une table de ping-pong et une armoire ont rejoint le baby-foot. Ce lundi matin régnait une effervescence jamais rencontrée au Kirchberg. Il faudra attendre quelques mois pour que l’acquisition soit complétée et que l’on en mesure vraiment les impacts.