Le Luxembourg, la Belgique, les Pays-Bas, la Basse-Saxe, la Rhénanie du Nord-Westphalie, la Rhénanie-Palatinat, la Sarre, les Hauts de France et le Grand Est joueront un rôle clé dans l’hydrogène en Europe durant les prochaines années, selon un rapport de Waterstofnet. (Photo: Shutterstock)

Le Luxembourg, la Belgique, les Pays-Bas, la Basse-Saxe, la Rhénanie du Nord-Westphalie, la Rhénanie-Palatinat, la Sarre, les Hauts de France et le Grand Est joueront un rôle clé dans l’hydrogène en Europe durant les prochaines années, selon un rapport de Waterstofnet. (Photo: Shutterstock)

Une étude pour l’Union Benelux montre que les trois pays qui la composent, associés aux régions voisines, importeront 67% de l’hydrogène de l’Union européenne en 2030 et représenteront 15% de la production. De quoi satisfaire la demande pour les transports et l’industrie, grâce à des échanges entre pays. Même si le stockage risque de bloquer.

«J’espère que cette étude servira à approfondir notre coopération transfrontalière sur les différents défis posés par l’hydrogène dans les années à venir». Le Secrétaire général de l’Union Benelux, Frans Weekers, a remis ce lundi 22 mai un document de 184 pages au ministre néerlandais de l’Énergie, Rob Jetten.

Les résultats d’une enquête initiée en mars 2021 – sous la présidence belge de l’organisation et réalisée l’année suivante sous présidence luxembourgeoise – sur l’avenir de l’hydrogène dans la région. Conclusion: la Belgique, les Pays-Bas et le Grand-Duché, mais aussi leurs voisins allemands (Basse-Saxe, Rhénanie du Nord-Westphalie, Rhénanie-Palatinat et Sarre) et français (Hauts de France et Grand Est), auront un rôle clé à jouer. Ce qui ne sera pas sans effort.

67% des importations d’hydrogène de l’UE et 15% de la production en 2030

Waterstofnet, plateforme spécialisée dans l’hydrogène, a réalisé l’étude. Pour quantifier et localiser l’offre et la demande à venir, elle s’est basée sur les stratégies nationales et régionales annoncées sur le rôle de l’hydrogène dans les plans nationaux énergie-climat (PNEC), la littérature existante et des avis d’experts. Six ateliers ont également été organisés avec des parties prenantes à différents niveaux de la chaîne de valeur ainsi que des représentants des gouvernements des pays du Benelux et de ses régions voisines.

Elle en déduit qu’ils représenteront, ensemble, 67% des importations d’hydrogène de l’Union européenne (UE) en 2030 et 15% de sa production. 24% de la longueur des pipelines se situera sur leur territoire. Ce seront aussi 41% de la demande d’hydrogène pour les produits chimiques, 35% pour l’acier, 25% pour les autres industries (raffinerie, ciment, chaleur à haute température) et 19% pour le transport. Ils correspondront à 31% des besoins de stockage de l’UE, mais à seulement 26% des capacités.

Voitures, camions et avions en tête de la demande dans les transports

Dans le détail, la demande en hydrogène pour l’acier pourrait atteindre jusqu’à 720 kilotonnes par an au total en 2030. Et 2.598 kilotonnes en 2050. Elle se situe surtout en Allemagne et dans les Hauts-de-France. Au Luxembourg, on n’est qu’à 25 kilotonnes par an au maximum en 2050.

Pour les produits chimiques, ce seront au maximum 450 kilotonnes par an et par territoire en 2030 et 1.650 kilotonnes en 2050, dans des zones comme les Pays-Bas, la Belgique, la Rhénanie du Nord-Westphalie ou la Rhénanie-Palatinat – rien au Luxembourg.

Environ 50 à 150 kilotonnes sont également prévues pour les autres industries dans certains pays en 2030, jusqu’à 500 kilotonnes en 2040 et 900 kilotonnes annuelles en 2050. Ce seront entre 0 et 100 kilotonnes par an pour le Luxembourg.

Au niveau des transports, on s’attend à un maximum de 2.383 kilotonnes en 2050 pour les voitures dans le Benelux et les régions voisines, dont 94 au Luxembourg. Pour les camions, 2.257 kilotonnes dans les régions étudiées, dont 149 au Grand-Duché. L’aviation ne demandera pas plus de 51 kilotonnes (deux au Luxembourg) en 2030, mais en 2050, ces besoins devraient grimper à 2.344 kilotonnes au Benelux et chez ses voisins, dont 97 au Luxembourg.

Pays-Bas et Basse-Saxe importeront plus que leur demande

Mais aura-t-on les moyens de répondre à cette demande? Oui pour les Pays-Bas, la Basse-Saxe et la Belgique, selon Waterstofnet. Non pour les autres. Les deux premiers devraient cependant importer quatre à cinq fois plus que ce dont ils ont besoin, de quoi servir de passerelle vers leurs voisins.

«Pour le Luxembourg, une planification publique pour la dorsale H2 n’est pas encore disponible», remarque l’étude. Alors que le pays «dispose d’un potentiel de demande intérieure non négligeable et peut offrir un potentiel de transit intéressant permettant de connecter les pôles de demande et d’offre de ses voisins.»

La situation devrait encore évoluer en 2050, avec des quantités importées plus importantes pour la Belgique et la Rhénanie du Nord-Westphalie. Finalement, la quantité amenée dépassera, au total, la demande maximale. Ce qui signifie que le surplus pourra être transporté «vers les lieux de demande dans d’autres parties de l’Europe».

Une liste de recommandations

Ombre au tableau: le stockage. Les infrastructures ne permettront pas de répondre aux besoins à ce niveau selon les experts.

«Seuls quelques pays sont prévus pour disposer d’installations souterraines de stockage d’hydrogène», écrivent-ils. Les Pays-Bas, l’Allemagne et la France. «La Belgique étudie si son installation de stockage souterrain peut être utilisée pour le stockage d’hydrogène. Les potentiels de stockage naturel peuvent ne pas être disponibles au niveau national ou régional, et par conséquent, une attention particulière devrait être accordée au développement et à l’acquisition d’installations de stockage d’hydrogène.

Le Luxembourg, par exemple, ne dispose pas lui-même d’installations de stockage et doit donc acquérir stratégiquement des capacités de stockage dans les pays/régions voisins. Il serait recommandé de développer une stratégie commune de stockage de l’hydrogène entre les pays du Benelux et les régions voisines.»

Voici où devraient se situer les infrastructures liées à l’hydrogène en 2050. (Photo: Capture d’écran du rapport)

Voici où devraient se situer les infrastructures liées à l’hydrogène en 2050. (Photo: Capture d’écran du rapport)

«Une grande partie du réseau de canalisations d’hydrogène devrait déjà être établie d’ici 2030, la seule véritable expansion par la suite est un deuxième corridor est-ouest qui relie le port belge à la Rhénanie du Nord-Westphalie et au Luxembourg», résume l’enquête. Qui conseille que le développement au Grand-Duché soit fait plus tôt, afin d’avoir une connexion pour 2030.

Les chercheurs formulent d’autres recommandations: renforcer la voix du Benelux pour influencer la législation de l’UE, promouvoir la coopération public-privé dans la chaîne de valeur hydrogène, ou encore simplifier et accélérer les procédures d’octroi de licences, de propriété intellectuelle et de brevets.

Ils demandent aussi plus de rapidité pour l’introduction de la dorsale transfrontalière de l’hydrogène, une harmonisation des normes (protocoles de sécurité, qualité de l’hydrogène, interopérabilité et échange entre les systèmes de certification et les registres) et une approche unifiée pour l’infrastructure de ravitaillement (stations d’hydrogène, exigences en matière de certification, règles d’octroi de licences et spécifications et réglementations relatives aux carburants pour les applications maritimes et aéronautiques).

La publication de l’étude sera suivie d’une conférence à Bruxelles «avant l’été», annonce Frans Weekers, pour «discuter des prochaines étapes avec l’industrie, les décideurs politiques et nos partenaires dans l’UE».