Meris Sehovic : «Si on veut tenir la promesse faite dans le cadre des accords climatiques de Paris, on a besoin de l’Europe.» (Photo: Maison Moderne / Archives)

Meris Sehovic : «Si on veut tenir la promesse faite dans le cadre des accords climatiques de Paris, on a besoin de l’Europe.» (Photo: Maison Moderne / Archives)

Dix partis présenteront des listes au Luxembourg. Tous nourrissent de grandes ambitions, mais les différences sont grandes entre ceux qui veulent plus d’Europe, ceux qui veulent la restructurer et ceux qui veulent la faire disparaître. Suite de cette série avec Meris Sehovic, candidat Déi Gréng.

Votre programme a été bouclé très tôt...

Meris Sehovic.- «On a beaucoup travaillé dessus et il a été approuvé le 16 mars lors du congrès. Il est très détaillé et fait 40 pages. Pour nous, l’Europe est importante et nous voulions aller assez loin, être très précis, plutôt que de parler de manière très large du futur de l’Europe. Ce qu’on voulait, c’était évoquer ce que nous voulons faire de l’Europe.

Et justement, à quoi doit servir l’Europe?

«On la voit comme un véhicule pour une bonne politique climatique, une bonne politique sociale... L’Europe est importante. Si on veut tenir la promesse faite dans le cadre des accords climatiques de Paris, on a besoin de l’Europe.

Mais l’Europe semble s’éloigner des citoyens?

«Et on doit donc les rapprocher d’elle. Cela passera par un renforcement des mécanismes de transparence, un renforcement de la démocratie. Avec notamment un conseil des ministres plus transparent qu’il ne l’a été. Sinon, on sait que des prises de position sont parfois différentes selon que l’on se trouve à Bruxelles ou dans son pays, face à ses électeurs. Une autre idée est de dresser un répertoire des lobbyistes actifs auprès du Conseil européen et des représentations permanentes, qui n’en disposent pas.

Selon vous, quelle erreur a été commise durant la dernière législature européenne?

«Cela se résume en cette phrase, qui exemplifie l’erreur formidable de la Commission Juncker: ‘big on big things, small on small things’. Ce qu’il faut maintenant, c’est une politique qui fasse comprendre aux gens qu’on va les protéger. Cela passe par une nouvelle politique environnementale, la qualité de l’eau, la protection des consommateurs... On a des moyens d’imposer des règles à l’échelle globale. On l’a vu avec le RGPD.

Dans les domaines de l’environnement et du social, on incarne ce changement.
Meris Sehovic

Meris SehoviccandidatDéi Gréng

De là une meilleure qualité de vie?

«Oui, c’est une priorité de notre programme. C’est cela l’Europe.

Vous êtes optimiste pour Déi Gréng?

«Plusieurs éléments me le permettent. Les partis écolos se portent plutôt bien en Europe. Au Luxembourg, ces dernières semaines, il y a des choses qui bougent. On voit des mobilisations partout et ce qui fait bouger les gens est dans notre ADN. C’est plus fort qu’il y a cinq ou dix ans. On sent une urgence, une volonté de vite changer les choses.

Quel sera votre slogan?

«‘Un nouvel engagement pour notre futur.’ Mais cela reste un slogan. Après, il faut bosser. C’est pour cela qu’on va aller vers les gens, vers les jeunes

Seuls les partis verts peuvent incarner le changement?

«Dans les domaines de l’environnement et du social, on incarne ce changement. Mais il y a de la concurrence puisque de nombreux partis se repositionnent vers ces thèmes.

C’est un instant décisif?

«C’est maintenant que notre futur se joue. Les cinq années à venir seront importantes.

Il faut repenser la démocratie dans l’ère digitale.
Meris Sehovic

Meris SehoviccandidatDéi Gréng

Votre programme évoque aussi la finance, le digital...

«Je suis moi-même un ‘digital native’. Et ce qui me révolte, c’est que la classe politique actuelle n’a pas su donner de cadre légal au monde digital. Pourquoi ne pas créer une agence du digital au niveau européen? Il y a aussi la question de la taxation numérique, l’accès à l’information qui est un droit humain fondamental... Nos choix peuvent être manipulés. Il faut repenser la démocratie dans l’ère digitale.

Il reste donc de nombreuses questions fondamentales en jeu.

«Et c’est ce qui me pousse à m’investir en politique.

Notamment cette Europe sociale tant attendue?

«Oui, et il y a beaucoup d’incertitudes. Mais faut-il pour autant changer les traités? Il faut évoquer le salaire minimum, penser aux problèmes du dumping social... Social et économie sont les deux faces d’une même réalité. C’est pour cela qu’on a besoin de partis progressistes en Europe.

Quelle est la caractéristique des Verts?

«Nous sommes des travailleurs! ou travaillent jour et nuit. Car il y a urgence.»