Le ministre des Finances a finalement renoncé. Pris par les débats sur le Brexit, n’a pas participé à l’inauguration des locaux flambant neufs de Grant Thornton ni à la conférence annuelle de l’association Finance & Technlogy Luxembourg (FTL). Et c’est dommage.
Le président de FTL, association désormais ouverte aux fintech, Jean-François Terminaux, a certes insisté sur les bons résultats du gouvernement, et dit espérer la poursuite et l’accélération des réformes.
Mais il a surtout reposé une nouvelle fois la question de l’interprétation de l’article 41 de la loi de finance relatif au secret professionnel face à la circulaire de la Commission de surveillance du secteur financier (CSSF), «flou» déjà souligné par les Big Four et certains cabinets d’avocats: des services informatiques au profit d’une institution bancaire ou financière peuvent-ils se passer du statut de PSF de support?
Pour les uns, cela permettra plus facilement de sous-traiter ces activités à l’étranger, pour les autres, cela fera naître de nouvelles opportunités à Luxembourg. Comme l’a d’ailleurs rappelé le CEO de Luxhub, Jacques Pütz, «obtenir le statut de PSF de support nous a permis d’avoir nos premiers clients bancaires».
PSD2 secoue le secteur bancaire
La question est centrale au moment où tout le secteur bancaire est agité par la transformation digitale, surtout par la directive européenne PSD2 qui obligera les banques, dès le 14 septembre, à fournir les données bancaires de ses clients à un certain nombre d’acteurs, des fintech, mais aussi des géants des technologies, comme Apple, associé à Goldman Sachs, qui a récemment proposé sa première carte bancaire.
L’absence du ministre est aussi regrettable pour cela. Les intervenants ont effectué un tour d’horizon efficace des enjeux de l’«open banking»: Le partner de Grant Thornton Lionel Gendarme sur l’intelligence artificielle douce, la leader Paiements et Post marché de OnePoint Corina Fontaine sur la manière pour une banque traditionnelle de mettre en œuvre le changement, ou encore les participants à la table ronde – le cofondateur de Finologee Georges Berscheid, le CEO de Luxhub, la head of business transformation de la Bil Nathalie Knops et la chef de service adjointe et responsable de la surveillance des systèmes d’information de la CSSF Cécile Gellenoncourt.
On en retiendra que le changement, dans la banque, «doit se faire selon une approche ‘top-down’», a expliqué Mme Fontaine. «Le management doit décider de sa stratégie, doit penser à la manière d’intégrer à la fois la technologie existante, celle qui arrive et l’organisation de la banque, et ne pas oublier les compétences humaines sans lesquelles il sera impossible d’enclencher le changement.»
«Nous allons au-devant de surprises!»
Pour Jacques Pütz, «au Luxembourg comme ailleurs, les banques vont devoir prendre des décisions et devenir des ‘first movers’ en permanence. Si elles ne le font pas, d’autres s’en chargeront. (...) Nous allons au-devant de surprises parce que la concurrence va devenir européenne.»
Cette même concurrence va aussi obliger la CSSF à regarder le respect des règles différemment, même si Mme Gellenoncourt a rappelé la position de bon sens du régulateur luxembourgeois: «Même marché, mêmes risques signifie aussi mêmes règles.»
Le CEO de Luxhub expliquait que certaines néobanques envisagent déjà de ne s’occuper que des 85% de clients qui ne présentent pas de risques particuliers et n’ont pas d’exigences spéciales. Là où la Bil, comme l’a rappelé Mme Knops, doit s’occuper aussi bien du retail que de la gestion de fortune et s’adresser aussi bien aux clients à la pointe de la technologie qu’à ceux qui y sont les moins familiarisés.
Que le ministre soit rassuré: avant le traditionnel verre de clôture, le vice-président de l’association, Denis Stoz, a assuré que chacune des séquences de la soirée serait mise en vidéo .