Pour Claude Turping de Valorlux, le recours à des machines permet d’optimiser la qualité du tri des déchets. (Photo: Mike Zenari/Maison Moderne) 

Pour Claude Turping de Valorlux, le recours à des machines permet d’optimiser la qualité du tri des déchets. (Photo: Mike Zenari/Maison Moderne) 

Enthousiastes ou méfiants, la loi déchets votée mercredi ne les laisse en tout cas pas indifférents. Petit passage en revue des avis dans le camp de la politique, de la société, du patronat et des professionnels du tri sélectif.

De la facturation des emballages aux centres de tri en supermarchés en passant par l’introduction d’une consigne sur les boissons, la loi déchets va impacter au Luxembourg. 

Et qui dit changement dit évidemment réactions. Voilà un petit tour d’horizon des positions des différents acteurs concernés par ce paquet de cinq textes basé sur les stratégies gouvernementales dédiées au  et à l.

Le paquet législatif

«Le soutient l’approche du ministère qui, dans certaines dispositions, va au-delà des exigences de l’UE», indique le Mouvement écologique dans un communiqué de presse.

À l’inverse, la et la FLAD regrettent cet excès et auraient préféré une simple transposition des directives européennes. «Même au niveau de la coalition, nous avons entendu des critiques et doutes quant à l’efficacité des mesures ou encore par rapport au risque de la fuite du pouvoir d’achat», martèle , président de l’organisation représentant 90% du commerce alimentaire au Luxembourg.

Pour le rapporteur du projet de loi, (déi Gréng), «nous faisons un pas important pour passer de la société du tout-jetable à l’économie circulaire».

Les centres de recyclage en magasins

«Le centre de collecte des déchets en magasin, ce n’est pas une mauvaise idée en soi», plaide Jean Feyereisen, responsable des publications de l’ULC. «L’idée selon laquelle cela augmenterait les coûts est probable, mais cela n’a pas encore été prouvé.»


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La CLC, pour sa part, se montre plus critique et parle même d’une «inefficacité écologique et économique». Son directeur adjoint Claude Bizjak doute de la volonté de la clientèle à ramener au magasin des emballages qu’elle a la possibilité de jeter dans un sac Valorlux chez elle grâce au système de collecte en porte-à-porte.

«C’est un système parallèle à Valorlux dont je ne vois pas trop l’utilité», réagit Claude Turping, managing director de . Certes le dispositif est déjà expérimenté depuis des années au Cactus d’Howald, mais il est de l’aveu même du responsable «compliqué»: «Nous estimons que la qualité du tri réalisé manuellement par des particuliers n’est pas optimale et que des machines sont plus appropriées pour distinguer par exemple différentes matières d’emballages comme l’acier de l’aluminium.» Claude Turping approuve en revanche l’idée de mettre à la disposition des clients des containers pour qu’ils se séparent – dès la sortie des caisses – des emballages excédentaires et confirme la demande des consommateurs pour ce dispositif.

Interdiction d’emballage plastique autour des fruits et légumes vendus en deçà de 1,5kg

La CLC redoute l’arrêt de la vente de certains fruits et légumes au Luxembourg, où la production locale ne représente que 5% des produits vendus. Par conséquent, les détaillants seraient amenés à déballer en entrepôt les fruits et légumes pour les exposer en vrac, ce qui, de facto, générerait des déchets.

«Pour certains produits, il n’existe actuellement pas d’autre solution d’emballage», souligne Jean Feyereisen de l’ULC.

De son côté, François Benoy insiste sur le fait que la mesure ne concerne que les fruits et légumes non découpés, ce qui signifie que l’achat d’une demi-pastèque, par exemple, emballée dans un film plastique, restera possible pour les consommateurs.

Les fruits et légumes vendus découpés resteront, pour leur part, protégés dans un emballage en plastique, l’interdiction de conditionnement se limite donc aux produits non retravaillés. (Photo: Union européenne) 

Les fruits et légumes vendus découpés resteront, pour leur part, protégés dans un emballage en plastique, l’interdiction de conditionnement se limite donc aux produits non retravaillés. (Photo: Union européenne) 

Consigne sur les boissons

Pour la CLC, l’introduction d’une consigne sur les emballages de boissons constitue une entrave à la libre circulation des biens et services et nécessite un réétiquetage de toutes les références distribuées au Luxembourg.

«Je ne crois pas qu’une consigne soit un projet viable au Luxembourg», abonde Jean Feyereisen de l’ULC. Celui-ci suggère une alliance avec la Belgique, voire avec l’Allemagne, afin d’atteindre une masse critique. «Nettoyer, laver et sécher les bouteilles mobilise des ressources, et si le Luxembourg continue à avoir des problèmes d’approvisionnement en eau comme on l’observe ces dernières années, je crains que l’utilisation de cette ressource nécessite un investissement conséquent de l’industrie pour pouvoir recycler cette eau utilisée à des fins de nettoyage.»

La consigne est super intéressante, mais j’ai des doutes sur sa mise en application, car 90% des produits consommés au Grand-Duché sont importés depuis la Belgique.

Claude Turpingmanaging directorValorlux

Même son de cloche chez Valorlux, où Claude Turping souligne que «la consigne est super intéressante, mais j’ai des doutes sur sa mise en application au Luxembourg sans la greffer sur un autre système, car 90% des produits consommés au Grand-Duché sont importés depuis la Belgique».

François Benoy précise que le texte de loi voté mercredi prévoit de «créer la base juridique pour l’introduction d’une consigne», mais que le dispositif entrera en vigueur après la publication d’un règlement grand-ducal qui en définira les modalités de mise en œuvre.

«Le système de consigne seul n’est pas efficace, car il fait croire au consommateur qu’un emballage donné est parfaitement recyclable, ce qui n’est pas le cas pour de nombreux matériaux (plastique, matériaux composites)», souligne le Mouvement écologique, qui milite en faveur d’une taxe sur les emballages de boissons jetables.

Fin des emballages gratuits

«Les emballages sont déjà facturés», temporise Jean Feyereisen, pour qui le public s’est déjà adapté à des évolutions antérieures comme et la facturation des sachets dans certains commerces.

Le paquet législatif prévoit la facturation des sacs jetables, sauf si le consommateur apporte les siens. «La mesure ne concerne que les sacs et non pas les emballages», insiste François Benoy qui estime que «le secteur dispose de suffisamment de temps pour collaborer avec les acteurs étatiques pour mettre en place des alternatives réutilisables, dont bon nombre sont d’ores et déjà disponibles».