La création d’un «data campus» doit permettre au Luxembourg de poser les fondations d’une «data-driven economy».  (Photo: Shutterstock)

La création d’un «data campus» doit permettre au Luxembourg de poser les fondations d’une «data-driven economy».  (Photo: Shutterstock)

Un «data campus», c’est-à-dire un site spécialisé sur la recherche et l’enseignement qui réunirait acteurs publics et privés exerçants dans le domaine des données. Voilà ce que propose la Chambre de commerce afin de développer la filière «data» et ne pas rater la nouvelle révolution industrielle.

«Indéniablement, la multiplication des données et leur traitement par l’intelligence artificielle sont le point de départ d’une révolution industrielle.» Ce constat, l’a tiré comme d’autres et il l’écrit en préface d’un livret que la Chambre de commerce, dont il est le directeur général, vient de publier. Baptisé «Poser les fondations d’une ‘data-driven economy’ compétitive et innovante», celui-ci reprend quelques-unes des par la Chambre du commerce en vue de nourrir le débat en cette année de double scrutin électoral.

Une «data-driven economy»

Histoire de ne pas rater le virage de cette révolution industrielle, la Chambre de commerce a ainsi suggéré une série de mesures qui doivent permettre au Luxembourg de se démarquer à l’avenir grâce au développement d’une «data-driven economy», c’est-à-dire d’un écosystème économique où on s’appuie systématiquement sur la collecte et l’analyse de données afin de prendre les décisions les plus rationnelles et résilientes possibles.

«Aucun pays dans le monde n’a encore réussi à mettre en place un tel modèle. Mais la plupart des grandes économies évoluent vers celui-ci. Le Luxembourg comme les autres», explique Hoai Thu Nguyen Doan, économiste à la Chambre de commerce et co-auteur du livret en question avec son collègue Nicolas Liebgott.

«Le Luxembourg s’y prépare notamment avec de bonnes infrastructures. Je pense là, par exemple, au superordinateur Meluxina, aux datacenters Tier IV (les plus performants), au réseau 5G, mais aussi au réseau de télécommunication ultra-sécurisé, utilisant la technique cantique, que l’État et SES élaborent en ce moment. À côté, on retrouve aussi certaines formations spécialisées données à l’Université du Luxembourg ou à la House of Training et des centres de recherche de qualité comme le List. Mais ce dont nous avons besoin désormais, c’est d’un ‘data campus’», complète l’économiste.

Dans ses propositions, la Chambre de commerce insiste donc afin qu’il y ait une «accélération du développement de l’écosystème ‘data’ via la création d’un ‘data campus’.» Ce «data-campus» étant défini comme «un site physique qui réunirait des acteurs du public et du privé exerçant dans le domaine des données et des technologies qui s’y rapportent.»

Recherche et enseignement

Le focus y serait placé sur la recherche et l’enseignement, avec le développement de cursus spécialisés en vue de développer les futurs talents de l’économie numérique luxembourgeoise. «De jeunes talents, mais aussi de plus âgés qui bénéficieraient d’une formation continue, qu’il s’agisse d’upskilling (acquisition de compétences supplémentaires en vue d’évoluer dans un métier, ndlr) ou de reskilling (intégration de nouvelles compétences en vue de changer de métier, ndlr), vers ces nouvelles compétences liées au digital que nous nous devons de développer davantage», poursuit l’économiste française.

On retrouve déjà de nombreux concepts similaires au ‘data campus’ un peu partout à travers le monde. (…) Des instituts qui ont aidé à booster les économies de leur pays.
Hoai Thu Nguyen Doan

Hoai Thu Nguyen DoanéconomisteChambre de commerce

On retrouverait sur ce site des étudiants, des doctorants, des centres de compétence du monde universitaire et de la recherche publique, mais aussi des entreprises de type start-up ou davantage installées dans leur secteur. «Ces dernières pouvant notamment être impliquées dans le côté ‘pratique’ des études. Les étudiants formés deviendraient ainsi pour elles une possible main-d’œuvre. Tout le monde serait gagnant. Et cela pourrait créer une sacrée émulation entre tous ces acteurs.»

Cette idée de «data-campus» rejoint sur bien des points celle de «parc scientifique et technologique dédié aux activités de recherche collaborative» qu’avait émise voici quelques années la Fedil. «Ce n’est pas pour rien si, avec cette dernière, nous travaillons main dans la main. D’ailleurs, la Fedil avait proposé de placer ce parc à proximité du campus à Belval. Cela nous irait très bien», sourit Hoai Thu Nguyen Doan.

Comme aux États-Unis, au Japon, en Corée, etc.

Cette dernière ajoute: «On retrouve déjà de nombreux concepts similaires au ‘data campus’ un peu partout à travers le monde. Il y a le fameux MIT dans le Massachusetts aux États-Unis, le Tokyo institute of technology au Japon ou le Korea advanced institute of science & technology en Corée du Sud, pour citer les plus connus. Des instituts qui ont aidé à booster les économies de leur pays.» Plus près de chez nous, on retrouve aussi l’Institut européen d’innovation et de technologie et ses campus disséminés un peu partout en Europe.

«Historiquement, le Luxembourg a toujours eu l’habitude de recruter au-delà de ses frontières les talents dont il avait besoin. Or, on constate que cette solution devient de plus en plus compliquée à mettre en œuvre. Il va donc falloir faire autrement et former nous-mêmes la main-d’œuvre dont nous avons besoin. C’est déjà le cas pour certains secteurs grâce à l’Uni. Cela doit encore s’accélérer. Et notamment, comme je le disais, via la formation vers les métiers de demain de ceux qui sont déjà actifs au Luxembourg», conclut l’économiste.


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