Samsung présente au CES un update de son frigo présenté chaque année depuis quelques années avec des avancées parfois assez modestes, signe de la difficulté. (Photo: Samsung)

Samsung présente au CES un update de son frigo présenté chaque année depuis quelques années avec des avancées parfois assez modestes, signe de la difficulté. (Photo: Samsung)

Samsung présente au Consumer Electronic Show de Las Vegas qui commence ce lundi un nouveau «frigo» à reconnaissance d’aliments qui permet de commander ceux qui manquent à Instacart. Le rêve de ceux que les courses du samedi ennuient? Pas sûr quand on va chercher les petites notes.

Le génie du marketing se manifeste au Consumer Electronic Show de Las Vegas plus que partout au monde. Témoin, la comm’ de Samsung, qui annonce au lendemain du réveillon de Nouvel An un réfrigérateur – faut pas dire «frigo» – sans équivalent, capable de commander les aliments qu’il ne contiendrait plus. Génial! Plus besoin de faire les courses, cette chienlit du samedi où tout le monde pousse les mêmes Caddies – faut pas dire «caddies» non plus mais charriots – où tout le monde pousse les mêmes charriots à roulette, dont une sur quatre vous emmène toujours là où vous n’avez aucune espèce envie d’aller.

Wait, wait, wait.

Vous n’êtes jamais allés sur Instacart? Au Luxembourg, a priori, sur cette plateforme mondiale d’épiciers alternatifs, la seule chose qu’on pourrait mettre au frais… sont des articles pour bébé… qui ne vont pas au frais (les articles, pas le bébé…). Enfin, même pas sûr puisqu’Aldea Home and baby n’est présent qu’à San Francisco et Culver City…

La seule boutique qui promet une livraison au Luxembourg est purement américaine et, pas de chance, elle ne propose que des produits pour bébé. (Screenshot: Instacart)

La seule boutique qui promet une livraison au Luxembourg est purement américaine et, pas de chance, elle ne propose que des produits pour bébé. (Screenshot: Instacart)

«À partir de 2025, les modèles de réfrigérateurs Bespoke dotés de différents types d’écrans, notamment le AI Family Hub™+ de 32 pouces et le nouveau AI Home de 9 pouces, et d’AI Vision Inside, la nouvelle fonctionnalité permettra aux consommateurs de réapprovisionner facilement leurs produits d’épicerie préférés via Instacart en exploitant la technologie de reconnaissance alimentaire Vision AI. Avec AI Vision Inside, les consommateurs peuvent non seulement gérer leur inventaire alimentaire, mais à l’avenir, l’expérience s’étendra plus loin en permettant le réapprovisionnement via Instacart, directement depuis le réfrigérateur», assure le communiqué du géant de la technologie.

Et puis, très sérieux, le vice-président exécutif et responsable de l’équipe Expérience client pour la division Appareils numériques chez Samsung Electronics, Jeong Seung Moon, garantit, main sur le cœur probablement, que «Samsung travaille sans relâche pour offrir une expérience domestique plus pratique à nos utilisateurs grâce à des technologies innovantes».

Vous vous moquez? J’ai retrouvé le communiqué de l’année dernière, toujours au Consumer Electronic Show. Il vantait déjà les charmes de cet appareil électroménager – c’est pour ne pas répéter «frigo» – capable de reconnaître les produits. La différence? L’an dernier, il reconnaissait 33 aliments. Cette année? 37. Un an pour quatre aliments de plus? En plein boom de l’IA, utilisée par les plus malins pour que ce soit les humains qui fassent le boulot avec des captchas. Bof, vraiment pas impressionnant.

Quatre aliments de plus que l’an dernier

Si vous avez déjà ouvert un de ces appareils, vous savez qu’ils ont généralement une partie «congélateur», pas concernée par la technologie, une partie «porte», pas concernée par la technologie, et un bac ou deux, toujours pas concernés par la technologie. En fait, la caméra qui n’identifie que 37 pauvres «aliments» ne reconnaît que certains d’entre eux qui sont posés sur les deux ou trois rayons devant elle. Comment dire… Sans compter qu’on ne parle pas ici de reconnaître un hachis parmentier de canard mais une pomme ou une poire…

Ce sujet n’est pas une plaisanterie. Grandes chaînes de supermarché ou startupers y mettent une énergie folle avec une question: comment faire pour placer leurs produits de leurs magasins aux «frigos» de leurs clients. L’étape le plus intéressant du développement, ces dernières années, est la multiplication des applications que vous pouvez customisez selon que vous n’aimez pas la viande, pas les épinards, que vous êtes allergiques aux cacahuètes, que vous êtes 100% «bio» – enfin en faveur du bio – ou des commerçants de proximité. Parfois, je pense à un vieux projet de start-up luxembourgeoise amené ici par deux Français experts en marketing – on y revient – qui proposaient des recettes faites par des chefs et proposées par la communauté.

La française Jow, 7 millions d’utilisateurs, 150 millions de repas servis… et 650 tonnes de gaspillage alimentaire évitées. (Screenshot: Jow)

La française Jow, 7 millions d’utilisateurs, 150 millions de repas servis… et 650 tonnes de gaspillage alimentaire évitées. (Screenshot: Jow)

Aujourd’hui, on est là: Prepear, Eat this much – Meal Planner, BigOven Recipes&Meal Planner, Pepperplate Cooking Planner, Cozi Family Organizer, Plan to eat, Yummly Recipes & Meal Planning, MealPrepPro Planner & Recipes, Mealime Meal Plans & Recipes, GoodSesame, Jow – Recettes et courses ou Petit Citron. Une application qui réunit toutes les courses à faire. Parfois qui réussit à l’expédier vers le commerçant qui, s’il a un drive assez bien organisé, peut préparer les courses pour le client qui doit venir les récupérer. Comme Jow, qui a convaincu les 10 enseignes principales en France et propose les courses, à partir de menus hebdomadaires, en une seconde, sur 6.000 drives.

Pas bête, Samsung a aussi pensé à ça: comment ouvrir la porte d’un particulier et permettre à un livreur d’aller ranger vos courses en votre absence. Mais après la fiche technique du réfrigérateur, désolé, j’ai eu peur que celle de la smart sonnette et de la smart centrale, ce soit trop lourd à digérer…