Les groupes CDCL et Félix Giorgetti ont confirmé s’être rapprochés pour former une union stratégique devant se concrétiser au deuxième trimestre 2022. Dans un premier temps, cela permettra aux deux sociétés, actives dans le secteur de la construction, de tirer profit de synergies, notamment au niveau des achats, des moyens de production et de l’entretien, ou encore de la gestion de l’important parc de machines.
«Il ne s’agit pas d’une fusion, ni d’une vente ou d’un achat, mais bien d’un partenariat stratégique», insiste , président du conseil d’administration du groupe CDCL, avant de confirmer cette union avec le groupe Félix Giorgetti. «Régulièrement, nous faisons un exercice de réflexion et d’autocritique tout en regardant les leviers internes et externes que nous pouvons actionner pour développer et pérenniser notre activité. L’idée et la raison de ce partenariat stratégique sont de pouvoir profiter et faire fructifier des synergies entre les deux groupes, les fortifier et se donner une masse critique pour investir dans le futur», explique , administrateur délégué de CDCL.
À noter tout de même que le groupe Félix Giorgetti a pris une participation minoritaire au sein de l’entité construction de CDCL. Sans dévoiler le détail de cette participation, elle serait de l’ordre de 30%.
Les grands groupes développent des outils pour leurs filiales, alors que nous devons faire le même effort, mais uniquement pour nous.
Ce rapprochement s’explique également par la nécessité de réduire les coûts de développement et d’investissement stratégique à l’heure où la concurrence profite des apports venant de l’étranger. «Ce n’est pas nouveau, mais, depuis la fin de la crise financière, nous avons vu de grands groupes de construction pousser sur le marché luxembourgeois, en y développant parfois des filiales. Ces dernières profitent des investissements et des développements de leur maison mère. Je prends pour exemple la digitalisation. Les grands groupes développent des outils pour leurs filiales, alors que nous devons faire le même effort, mais uniquement pour nous», explique Max Didier. «On peut aussi prendre l’exemple du BIM (pour building information modeling, le partage d'informations fiables tout au long de la durée de vie d’un bâtiment ou d’infrastructures, de sa conception jusqu’à sa démolition, ndlr). Nous avons tout développé en interne, alors que d’autres bénéficient des développements et des investissements au niveau de leur groupe. C’est une charge d’investissement complètement différente à supporter, et non négligeable, qui va s’accentuer à l’avenir, avec une panoplie de nouvelles technologies et de services comme le 3D printing, la robotique, les constructions en bois et le développement durable. Au lieu de faire les efforts d’investissement chacun de notre côté, autant le faire ensemble avec Giorgetti pour bénéficier d’une plus-value à moyen et long terme en mettant nos forces en commun», assure l’administrateur délégué de CDCL.
Des liens forts déjà existants
Les deux hommes en profitent pour réfuter toute rumeur concernant des difficultés financières pour le groupe CDCL. «Nos finances se portent très bien, et notre carnet de commandes n’a jamais été aussi conséquent, avec des projets signés pour 300 millions d’euros, ce qui assure du travail bien au-delà de 2022», assurent Jean-Marc Kieffer et Max Didier, qui sont en train de terminer les derniers cartons pour emménager à .
Pour revenir au carnet de commandes, fin décembre 2020, le bilan de CDCL déposé au Registre du commerce affichait un montant à hauteur de 146 millions d’euros.
Il est indéniable que nous partageons les mêmes valeurs et les mêmes façons de travailler.
Le choix de se tourner vers le groupe Félix Giorgetti a été le fruit d’une intense réflexion entamée il y a maintenant deux ans. CDCL a également envisagé un rapprochement avec quelques autres grands groupes européens, mais le choix s’est finalement porté sur le groupe luxembourgeois fondé à la fin du 19e siècle. «Nous avons des liens très forts qui remontent à l’époque de nos grands-parents, et nous avons déjà plein de projets ensemble, et nous sommes également co-actionnaires dans plusieurs sociétés. Nous n’avons pas été axés prioritairement sur le groupe Giorgetti, mais il est indéniable que nous partageons les mêmes valeurs et les mêmes façons de travailler», souligne d’ailleurs Jean-Marc Kieffer.
Un partenariat comme première étape
Avec ce partenariat, CDCL et Giorgetti seront des acteurs incontournables du marché de la construction. Pour autant, on ne peut pas parler d’hégémonie et de mainmise sur le marché, comme le précise Max Didier. «Par rapport à la multitude d’entreprises qui sont actives sur le marché de la construction au Luxembourg, notre partenariat reste relatif. Nous comptons à nous deux près de 2.000 salariés, soit 2,5% des 80.000 salariés que compte le secteur», nuance-t-il.
Pour le moment, ce partenariat stratégique se limitera à l’activité construction. Chaque entité juridique restera indépendante, et chaque groupe gardera son identité et ses marques. «À l’avenir, il y aura sans doute le projet d’une entreprise commune. Nous n’allons pas tout dévoiler dès le début. C’est une première pierre que l’on pose ici, et il y en aura d’autres. On définira ensemble l’évolution de ce partenariat», assure le président du conseil d’administration de CDCL. «Peut-être plus souvent que par le passé, des projets d’envergure pourront néanmoins être réalisés via une société momentanée ou GIE en utilisant intelligemment les ressources locales et nationales. Sur les appels d’offres, il faudra également faire preuve d’intelligence», ajoute-t-il.
La Compagnie de construction luxembourgeoise (CDCL) poursuit donc sa marche en avant. Pour rappel, la société fondée en 1979 est le fruit de la fusion de trois sociétés: la société Camille Diederich-Colas, la société Pierre Bohler et la société Ardec (anciennement Raymond Didier).
Seule ombre au tableau, , cofondateur de CDCL, qui n’aura malheureusement pas vu aboutir les négociations entre l’activité de construction de CDCL et le groupe Félix Giorgetti.