Au fil des ans, la facture liée aux catastrophes naturelles se fait de plus en plus salée. Swiss Re estime les pertes économiques liées à ces phénomènes à 72 milliards de dollars (70 milliards d’euros) au premier semestre 2022. Si le chiffre est inférieur au coût estimé pour le premier semestre 2021 – soit 92 milliards de dollars –, le coût pour les assureurs a atteint 35 milliards de dollars, un chiffre supérieur de 22% à la moyenne des 10 dernières années, soit 29 milliards de dollars.
En rajoutant les désastres causés directement par les êtres humains, comme les accidents industriels, le coût économique grimpe à 75 milliards de dollars – soit 20 milliards de moins qu’au premier semestre 2021 – et le coût assurable à 38 milliards de dollars.
Après une série de tempêtes hivernales en Europe, des inondations sans précédent en Australie et en Afrique du Sud, ainsi qu’un nombre d’orages élevé aux États-Unis et en Europe qui ont rythmé le premier semestre, le réassureur s’attend, pour le second semestre, à des coûts économiques en hausse dus aux vagues de chaleur qui touchent actuellement l’Europe et qui se traduisent par des incendies et dégâts liés à la sécheresse.
Augmentation de la fréquence des désastres secondaires
La fréquence des désastres dits «secondaires» – par opposition aux grandes catastrophes telles que les tremblements de terre ou ouragans – augmente partout dans le monde, note le réassureur, pour qui les raisons de cette hausse sont «limpides»: «Les effets du changement climatique sont évidents dans le nombre croissant d’événements climatiques extrêmes, comme les inondations sans précédent en Australie et en Afrique du Sud.» La facture pour les inondations en Australie, après des pluies torrentielles en février et mars, monte «jusqu’à présent» à 3,5 milliards de dollars, «nouveau record» pour ce pays, précise le réassureur. Il s’agit de la catastrophe naturelle la plus coûteuse pour le secteur de l’assurance au premier semestre. L’Europe n’est pas en reste. Swiss Re estime le coût pour les réassureurs des dernières tempêtes hivernales de février sur le continent à 3,5 milliards de dollars.
Ces désastres secondaires sont d’autant plus coûteux qu’ils touchent des zones où l’urbanisation est rapide et où se concentrent les richesses.
Pour Jérôme Jean Haegeli, économiste en chef du groupe Swiss Re, «le changement climatique est l’un des plus grands risques auxquels notre société et l’économie mondiale sont confrontées. Avec 75% de toutes les catastrophes naturelles non assurées, nous constatons d’importants déficits de protection au niveau mondial, exacerbés par la crise actuelle du coût de la vie. En partenariat avec le secteur public, le secteur de l’assurance est essentiel pour renforcer la résilience de la société face aux risques climatiques, en investissant et en souscrivant des infrastructures durables.»