Des technologies innovantes encore peu utilisées dans les institutions financières
Cloud, blockchain, Big data, intelligence artificielle, ces technologies, sont au cœur de la transformation digitale des entreprises. Pourtant, force est de constater que très peu d’entre elles font partie intégrante des systèmes d’information des acteurs du secteur financier. À part le cloud qui est à l’agenda de quasiment tous les CIO, les autres technologies commencent tout juste à être expérimentées et, quand c’est le cas, sont intégrées uniquement à la périphérie des processus opérationnels.
Le secteur financier devrait être à la pointe de la transformation digitale.
Un secteur pourtant propice à la digitalisation
Les données sont la matière première, l’ensemble des processus est géré par l’informatique, les produits et services sont accessibles en 100% digital. Le secteur financier devrait être à la pointe de la transformation digitale. Les innovations devraient naître dans les laboratoires des acteurs majeurs de la finance pour être ensuite diffusées dans le reste de l’économie. Est-ce le cas? Non!
Repeindre la façade ou changer les fondations?
Il faut reconnaître que les banques ont plutôt bien géré le passage au web et au mobile. La relation client est aujourd’hui très largement digitalisée, à l’exception de l’entrée en relation ou d’opérations importantes et peu fréquentes, telles que le prêt immobilier. Il est possible de réaliser l’ensemble de ses opérations 24h/24 et immédiatement sur son web banking ou sur son mobile. Nous en constatons d’ailleurs l’impact immédiat, qui est la réduction du nombre d’agences bancaires, accéléré par la crise sanitaire. Cette évolution a été bien menée en partie, car elle ne concerne que la périphérie du système d’information et a souvent consisté à ajouter un élément au SI des institutions financières, au-dessus de l’infrastructure en place, parfois même complètement déconnecté des systèmes informatiques usuels.
Les technologies dont nous parlons imposent de revoir en profondeur l’architecture des SI et les architectures applicatives.
Migrer son infrastructure vers le cloud, adopter la blockchain comme infrastructure de gestion et de transfert de propriété d’instruments financiers, ou utiliser l’IA pour la prise de décision sont des évolutions qui sont comparables à changer les fondations d’un bâtiment. Menées de façon parcellaire, elles donnent l’impression d’être inutiles, coûteuses et ne créent pas ou très peu de valeur. C’est probablement la raison pour laquelle les Proofs of Concept menés actuellement ne sont pas généralisés, même quand ils permettent de valider l’applicabilité de la technologie sur le cas d’utilisation expérimenté. Les technologies dont nous parlons imposent de revoir en profondeur l’architecture des SI et les architectures applicatives, ce qui dans le secteur financier signifie revoir intégralement les processus opérationnels et donc le mode de fonctionnement des organisations. Un chantier titanesque!
La nécessaire seconde phase de la transformation digitale du secteur
La stratégie s’est jusqu’ici concentrée en matière de digitalisation à faire évoluer la relation client. Mais pour être complète, une stratégie doit comporter deux éléments clés: un plan visant à utiliser le plus efficacement possible des ressources limitées et la réponse à un environnement concurrentiel dans lequel ces ressources doivent être déployées pour atteindre un objectif significatif. L’heure est venue de se concentrer sur l’optimisation des ressources, ce qui dans le secteur financier signifie revoir en profondeur les infrastructures technologiques et applicatives. Migrer les ressources IT vers le cloud, automatiser les déploiements, se connecter aux infrastructures ouvertes de gestion de valeur que sont les blockchains, ouvrir ses données et intégrer plus de données externes, les exploiter plus efficacement grâce à l’intelligence artificielle. Ces challenges doivent être relevés en même temps, mais sont incontournables pour faire face à la concurrence des Gafam et des entreprises natives du digital qui doivent faire le chemin inverse: imaginer les produits financiers qui peuvent tirer parti des infrastructures qu’ils ont mises en place.
Le régulateur est ici un catalyseur de l’innovation et contribue à accélérer l’innovation technologique dans le secteur financier.
Le rôle clé du régulateur en matière d’innovation
Le régulateur est parfois perçu comme un frein à l’innovation. Ces dernières années ont pourtant prouvé qu’il pouvait en être tout autrement.
Entrée en vigueur le 13 janvier 2018, la DSP2 régule les acteurs du paiement. Elle vise à mieux protéger les clients et à favoriser l’innovation, la concurrence et l’efficience du marché. Elle a été dans l’ensemble plutôt mal accueillie par les banques qui la considèrent comme une faveur faite aux Fintech. De même, la BCE a très récemment évoqué la création possible d’un euro numérique utilisable par les particuliers, qui pourrait avoir un impact considérable sur les infrastructures financières. Ces deux exemples montrent que le régulateur est ici un catalyseur de l’innovation et contribue à accélérer l’innovation technologique dans le secteur financier. Ceux qui espèrent que les possibilités créées par les nouvelles technologies ne verront pas le jour à cause de la régulation doivent probablement revoir leur copie.