On entend encore les bruits du démontage qui vient de s’achever, alors que , directeur du Casino Luxembourg, présente la programmation qu’il a mise en place pour l’année 2022. Une programmation qui s’inscrit dans la continuité du travail réalisé ces dernières années, où les activités entamées avec certains artistes se poursuivent, où la musique a toujours une place privilégiée, mais avec, aussi, de nouvelles têtes et manières de faire les expositions.
La prochaine exposition à ouvrir sera celle de Fabien Giraud et Raphaël Siboni qui sont désormais des habitués du Casino puisqu’ils interviendront dans ces lieux pour la troisième fois. Après et «2045-1542» («A History of Computation») en 2018, les deux artistes français présenteront cette année «The Everted Capital» («Katabasis») (du 2 avril au 4 septembre), troisième et dernier volet de leur projet évolutif «The Unmanned». L’exposition sera l’occasion à la fois de présenter l’intégralité des films et objets qui composent «The Everted Capital», et d’être le lieu de tournage pour l’épilogue de la série.
Suivra une exposition d’Adrien Vescovi (1er octobre – 29 janvier 2023) qui réalisera pour l’occasion une œuvre installée sur la façade du Casino. L’artiste compose, à partir de grands morceaux de tissus teintés, des installations de toiles suspendues qui réagissent avec leur environnement. «Avec l’intervention d’Adrien Vescovi, l’exposition se retourne, l’œuvre principale étant installée à l’extérieur et servant d’appel pour se déployer par la suite à l’intérieur des salles», explique Kevin Muhlen. «C’est aussi l’occasion de réinterpeller les passants du quartier qui a beaucoup changé ces derniers mois», souligne Stilbé Schroeder, commissaire de l’exposition.
En automne, ce sera «Sound without Music» qui sera inaugurée (5 septembre-27 novembre). Ce projet hybride associe performances, concerts et autres formes de présence du son dans la création contemporaine. L’exposition évoluera tout au long de sa présentation, n’étant absolument pas figée dans sa forme. Elle offrira une réflexion sur le rôle et la matérialité du son, sur les différentes textures sonores dans l’art contemporain, et sur les diverses manières d’entendre ou d’écouter le son.
Enfin, l’année se clôturera avec l’exposition «The Never Never» de Jeremy Hutchison (3 décembre – 29 janvier 2023). La forme de l’exposition n’est, à ce jour, pas encore déterminée, mais elle s’appuiera sur un court métrage que l’artiste a réalisé à Athènes et qui comprend une partie performative.
Par ailleurs, le Casino Luxembourg a invité la jeune artiste Louisa Clement à poursuivre son projet «The Representative». Il s’agit d’une série de poupées grandeur nature qui sont, en fait, des copies du corps de l’artiste. Ces poupées, réalisées en collaboration avec une entreprise chinoise spécialisée dans la production de «real dolls», sont dotées d’une intelligence artificielle, ce qui permet à chaque poupée de développer un caractère propre en fonction des interactions qu’elle a avec les visiteurs. Par cet objet subversif, l’artiste interroge l’image et le rôle de l’artiste, mais aussi celui de l’institution, du marché de l’art, du collectionneur… Ce projet, qui se développera dans la durée, connaîtra certainement plusieurs formes qui restent encore à déterminer.
Une ouverture à la recherche
En parallèle de la programmation des expositions, le Casino déploie également un programme plus en lien avec la recherche et la très jeune scène artistique, issue des écoles d’art de la région. «Nous profitons de l’espace du Casino Display pour explorer tout le potentiel qui existe avec les étudiants et les enseignants engagés dans les écoles d’art situées à proximité», explique Kevin Muhlen. «Nous leur apportons une ouverture sur la professionnalisation et nous posons également les bases d’une réflexion pour une future école d’art au Luxembourg.» Dans cette perspective est actuellement proposée «Woven in Vegetal Fabric :On Plant Becomings», unité de recherche pour «réfléchir ensemble au concept de ‘devenir’ d’un point de vue phytocentrique», menée par Charles Rouleau.
Puis, à partir de mars, ce sera au tour de Lynn Klemmer de prendre le relais. Cette jeune artiste avait participé à la Triennale Jeune Création et profitera de la résidence offerte par le Casino Luxembourg pour explorer et développer «une approche artistique qui s’intéresse à la relation que nous entretenons avec les technologies numériques telles que l’intelligence artificielle, les ordinateurs, les interfaces, les médias sociaux et les algorithmes», explique l’artiste.
Dans le cadre d’Esch2022, une collaboration s’est tissée entre le Casino et l’École nationale supérieure d’art et de design de Nancy (Ensad). Pour son programme postmaster, l’École Offshore, l’Ensad envoie habituellement ses étudiants à Shanghai pour se confronter à un tout autre univers culturel. Étant donné les conditions sanitaires actuelles, cette mobilité ne se passera pas en Chine, mais au Luxembourg, via le Casino qui servira de camp de base pour penser un projet qui sera présenté, par la suite, à Belval, d’où provient un haut fourneau vendu en 1995 aux Chinois et réinstallé à Kunming… ville jumelée avec Nancy!