«Nous sommes heureux qu’ils nous appellent tôt, afin que nous puissions leur dire: ‘Ignorez, ne regardez pas vos messages, ne réagissez pas – signalez la personne dès que vous le pouvez et ne faites rien!’»
Ces propos sont ceux d’Aline Hartz, psychologue et responsable du Kanner-Jugendtelefon (KJT), un service d’assistance téléphonique destiné à soutenir les jeunes en situation de crise. Elle parle de sextorsion, un crime par lequel un délinquant convainc sa cible d’envoyer une photo intime et menace ensuite de la publier quelque part à moins qu’un prix, généralement de l’argent, ne soit payé.
Malheureusement, la sextorsion gagne en popularité: la ligne d’assistance Bee Secure, gérée par le KJT, a reçu 68 appels à ce sujet en 2023, en forte hausse par rapport aux 35 appels reçus en 2022, aux deux appels reçus en 2021 et à l’absence d’appels en 2020. Inhope, un consortium de lignes d’assistance téléphonique du monde entier, a constaté que les signalements d’incitation en ligne d’enfants à des actes sexuels ont augmenté de 113% entre 2020 et 2022.
«Cela se fait de manière très professionnelle», explique Mme Hartz, qui parle d’auteurs anonymes qui manipulent les victimes en flirtant avec elles. Pour les garçons, dit-elle, citant des données du réseau Insafe, un groupe de centres Safer Internet à travers l’Europe, l’agresseur est souvent quelqu’un d’anonyme, alors que pour les filles, il s’agit plus souvent d’un ancien petit ami ou de quelqu’un qu’elles connaissent.
Deux plateformes existent pour aider les victimes de ce système (et toute autre personne souhaitant récupérer ses photos): et . Ces deux plateformes exigent que vous téléchargiez la photo en question; elles la recherchent ensuite sur internet (y compris sur Tiktok, Facebook et Instagram) et la retirent. Si quelqu’un tente de la télécharger, elle sera immédiatement bloquée.
«Cela fonctionne très bien», commente Mme Hartz. Son conseil: n’envoyez pas de photos intimes, mais si vous devez le faire, cachez au moins votre visage.
Le KJT est également un «signaleur de confiance», c’est-à-dire une organisation habilitée à signaler les contenus problématiques que les grandes plateformes sont alors obligées de retirer. En vertu de la loi sur les services numériques, qui est entrée en vigueur en février 2024, les plateformes doivent s'y conformer sous peine d’amendes.
Cet article a été publié pour la première fois dans l’.