«Il y a une vraie inquiétude… mais qui est très variable selon les secteurs d’activité et leur consommation de carburant», reconnaît-on chez TotalEnergies. «Les uns et les autres savent très bien que nous n’avons pas beaucoup de marge de manœuvre et que ce n’est pas notre choix.»
Pas plus que pour les véhicules de société, dont le nombre est estimé entre 50.000 et 80.000 selon les interlocuteurs, le marché de la carte essence ne fait l’objet d’aucune statistique officielle, concède le groupement des pétroliers. Le flou est total entre les professionnels de la route (logistique et bus) qui équipent leurs chauffeurs et les sociétés qui ajoutent la carte essence aux avantages en nature de leurs employés.
«L’impact de cette hausse est impossible à prédire», explique-t-on à peu près dans les mêmes termes chez Arval. «Chaque entreprise a une situation particulière, et il y a même des différences au sein de l’entreprise. Globalement, ce qu’on peut dire, c’est que nous facturons une provision de carburant à partir du kilométrage annuel, de la consommation indiquée par le constructeur et du prix du carburant. Le gestionnaire de flotte a donc une idée de ce que cet avantage va lui coûter», explique le leaser.
La situation réévaluée plus souvent
Augmentation du prix du diesel de 28% depuis le début de l’année oblige, la provision a augmenté en conséquence. «Normalement, nous faisons le point une fois par mois», explique le responsable des cartes chez Arval. «Quand la situation évolue vers le haut ou vers le bas pour deux ou trois centimes, on ne touche à rien, ça ne sert à rien! Mais ici, nous devons réévaluer la situation deux fois par semaine. Encore une fois, ce ne sont que des provisions.»
Selon lui, les employeurs semblent d’autant plus compréhensifs, pour l’instant, que les voitures sont restées majoritairement au garage pendant deux ans, à cause de la pandémie et du confinement. Du coup, le budget carburant n’a pas été dépensé comme dans une année normale. Et les voitures n’ont pas roulé le kilométrage qui a servi de base au contrat de leasing.
Même constat chez Shell, dont le service «cartes» répond depuis la Belgique et avec une meilleure connaissance du marché belge que luxembourgeois. «Il n’est pas possible de mettre tout le monde dans le même sac, la situation est très différente d’un client à l’autre.» À la différence près que chez Shell, les cartes sont plafonnées pour éviter les problèmes en cas de perte ou de vol de la carte. «Du coup, nous devons relever les plafonds des cartes pour que les clients finaux ne se retrouvent pas coincés. Sans les relever trop pour protéger les cartes. C’est un exercice délicat avec les variations du prix des carburants.»
«Nous devons aussi toucher au plafond des cartes», reconnaît aussi TotalEnergies. «Mais au cas par cas, et je ne peux pas trop aller dans le détail.»
Une guerre leasers/pétroliers
Car la guerre est féroce entre les leasers, qui préféreraient ajouter ce service au leasing de la voiture, et les pétroliers désireux de capter directement ces clients.
Esso et Shell «vendent» l’accès à près de 18.000 stations-service dans 24 pays, la sécurité de leur carte et des options de reporting. Voire le paiement simplifié du péage ou la possibilité, pour une PME, de trouver des accords de financement avec Fleetcor.
ALD Automotive, filiale de la Société Générale, ajoute l’accès au car wash et l’appoint en huile, la possibilité d’effectuer les dépenses annexes des employés avec la même carte, ou encore un outil de calcul des émissions de CO2 de la flotte.
Q8 fait du sur-mesure à partir de 10 véhicules avec sa «Liberty Card», et a même lancé une «Electric Card».