Porte-parole du parti Déi Lénk depuis 2014, Carole Thoma est ingénieur en ouvrage d’art. Et, en tant que salariée syndiquée à l’OGBL, elle est membre de la Chambre des salariés.  (Photo: Matic Zorman / Maison Moderne)

Porte-parole du parti Déi Lénk depuis 2014, Carole Thoma est ingénieur en ouvrage d’art. Et, en tant que salariée syndiquée à l’OGBL, elle est membre de la Chambre des salariés.  (Photo: Matic Zorman / Maison Moderne)

À 29 ans, la porte-parole de Déi Lénk, Carole Thoma, s’est construite sur le terrain, à force de patience, de conviction. Et en discutant avec les gens, à tous les niveaux. Avec en ligne de mire la lutte contre les inégalités sociales. Son portrait entre dans le cadre de la série dédiée aux «Young Leaders» en politique, ces élus de la nouvelle génération qui occupent une place à différents échelons et que Paperjam présente tout au long d’un «été pas comme les autres».

«Je n’aurais jamais cru entrer en politique», confie la porte-parole de Déi Lénk, Carole Thoma. «Je pensais qu’il ne s’agissait que de vieux hommes qui discutent de taxes.» Un préjugé que dément désormais en personne la jeune femme née à Dudelange il y a 29 ans.

L’aventure politique de Carole Thoma a débuté en 2011 dans sa ville natale. À 20 ans, elle se voit invitée par des amis à une réunion de la section locale du parti Déi Lénk, à laquelle est présent André Hoffmann, l’un des fondateurs de Déi Lénk. «Il est à l’écoute, très proche des gens, et lors des discussions, il montre que la politique ne se joue pas seulement à la Chambre.»

Convaincue par le personnage, elle s’engage au niveau local. «Au début je ne comprenais rien», avoue-t-elle. «Mais j’ai travaillé et je me suis améliorée. De 2012 à 2015, j’ai lentement appris les sujets politiques.» En 2014, elle est élue porte-parole aux côtés de . «C’est alors devenu plus sérieux.» Mais son collègue lui inculque le métier. «J’ai beaucoup appris ces années-là.»

Un apprentissage de terrain

Pour Carole Thoma, «la politique s’apprend sur le terrain». Et, de son propre aveu, elle n’était pas prédisposée à ça: «Au début, je n’aimais pas parler devant des personnes. Même une table ronde devant des lycéens, je trouvais ça horrible. Mais ne pas savoir quoi répondre, ne pas dire les bonnes choses, c’est comme ça qu’on apprend.»

Et l’apprentissage s’avère parfois rude. Candidate aux élections nationales, elle arrive dernière de la liste de la circonscription Sud en 2013. «J’ai gagné la dernière place», s’amuse-t-elle avec le recul. «C’est toujours une crainte d’arriver dernière. Mais j’étais jeune et, au Luxembourg, c’est difficile quand on ne bénéficie pas d’un nom de famille connu.»

Nombreux sont les exemples de ceux pour qui la politique est une affaire de famille. «Ma mère a également adhéré à la section locale de Déi Lénk», reconnaît Carole Thoma. «Mais après moi», ajoute-t-elle avec malice. Aux législatives de 2018, plus expérimentée, et surtout plus connue de par son rôle de porte-parole, elle arrive cinquième de la liste.

Membre de la CSL

Préoccupée par la question des inégalités sociales, Carole Thoma se sent une sensibilité «plutôt de gauche» et le choix du parti Déi Lénk s’impose à elle. Elle le considère comme «le seul au Luxembourg qui essaie vraiment de combattre les inégalités. Et pas seulement en réformant, mais en changeant la manière dont fonctionnent notre société et notre économie.»

Elle se dit déçue par le LSAP: «Même s’ils sont au gouvernement, les inégalités s’aggravent», constate-t-elle. «Ils sont trop dans la ‘realpolitik’, trop en faveur des traités de libre-échange...» Quant à Déi Gréng, «ils sont encore moins à gauche. Ils n’ont aucune vision d’une société alternative. Or, il est de plus en plus clair qu’il est impossible de combattre le changement climatique avec notre système libéral. Je ne vois même plus leur raison d’être», assène-t-elle.

«Une longue guerre»

Ingénieur en ouvrage d’art (principalement les ponts et tunnels) dans le bureau d’études TR Engineering, Carole Thoma est aussi syndiquée à l’OGBL et membre de la Chambre des salariés depuis un an. «C’est très intéressant d’aviser les projets de loi d’un point de vue syndicaliste», assure-t-elle. «Je ne sais pas si cela a un impact énorme, si les députés lisent nos avis, mais c’est un chaînon du système.»

Or la politique est affaire de patience, estime la porte-parole de Déi Lénk. «C’est une longue guerre.» Qui se joue tout autant à la Chambre que sur le terrain, en discutant avec les gens. «Député est le mandat le plus important dans notre démocratie, donc être élue à la Chambre serait un honneur», admet ainsi Carole Thoma. Mais si modifier la loi est essentiel, le vrai combat politique consiste «à changer la manière dont les gens perçoivent notre société, pour inverser le rapport de force. Et cela, c’est un changement qui doit venir de la population. C’est pour ça que je fais de la politique: pour participer à ce changement.»