Carole Muller a succédé à Julie Becker au palmarès du Top 100 de Paperjam, ce mardi soir à la Rockhal, devant plus de 1.200 personnes dont le Premier ministre, Luc Frieden. La présidente de la Luxembourg Confederation et CEO de Fischer a livré une leçon de choses sur l’influence.

«Avoir de l’influence, cela signifie avoir une certaine responsabilité, car nos paroles, nos actes et nos décisions peuvent impacter positivement ou négativement ceux qui nous entourent. Être influent implique de mesurer les conséquences de son influence, d’agir avec intégrité et de s’assurer que l’impact que l’on exerce sert les objectifs justes et éthiques. Une influence bien utilisée peut inspirer, motiver et apporter des changements. En ce sens, l’influence est un outil puissant qui exige discernement et humilité. C’est un privilège qui s’accompagne d’une grande responsabilité. Il est essentiel de s’entourer des bonnes personnes et surtout de rester fidèle à ses valeurs.»

Sur la scène magistrale du Top 100 2024 où le Premier ministre Luc Frieden et le CEO de PwC François Mousel la regardent avec un grand sourire, l’émotion passée, Carole Muller est presque professorale. Leader assumée, la CEO de Fischer et présidente de la Luxembourg Confederation prend le temps, comme chacun des lauréats du Top 10 de l’événement phare de Paperjam, de saluer ses premiers cercles. Sa famille. Et ses équipes.

«Elle ne s’impose pas lorsque ce n’est pas nécessaire et déteste perdre du temps avec des jeux de pouvoir. Innovante et patriote dans le bon sens du terme, elle défend toujours le Luxembourg, aussi bien en tant qu’entrepreneure qu’en tant que présidente de la Luxembourg Confederation», avait dit Julie Becker dans son introduction. (Photo: Nader Ghavami/Maison Moderne)

«Elle ne s’impose pas lorsque ce n’est pas nécessaire et déteste perdre du temps avec des jeux de pouvoir. Innovante et patriote dans le bon sens du terme, elle défend toujours le Luxembourg, aussi bien en tant qu’entrepreneure qu’en tant que présidente de la Luxembourg Confederation», avait dit Julie Becker dans son introduction. (Photo: Nader Ghavami/Maison Moderne)

«Aujourd’hui, avoir de l’influence, c’est la capacité d’agir directement ou indirectement sur les choses et les gens en les touchant par la raison, l’émotion et l’exemple. Toute influence n’est possible qu’en étant entouré. J’ai la chance d’avoir, dans mon entreprise, Fischer, mais aussi à la Luxembourg Confederation, des équipes motivées, compétentes et dédiées. Sans elles, je serais incapable de combiner tous ces postes. Ce sont eux, les experts dans leurs domaines, qui me permettent d’avancer avec confiance et d’avoir un impact réel. Leur expertise, leur engagement et leur soutien quotidien sont les clés de ma réussite et de ma capacité à mener de front plusieurs responsabilités. Ensemble, nous formons une équipe soudée où chacun joue un rôle essentiel. Je suis reconnaissante de pouvoir compter sur ces collaborateurs aussi passionnés et professionnels qui partagent ma vision et contribuent à transformer nos idées en actions concrètes. C’est grâce à eux que j’exerce une influence positive et que je peux relever les défis avec sérénité et efficacité.»

Un vestige, sûrement, de ses jeunes années dans la diplomatie, entre le ministère des Affaires étrangères dans le cadre de la présidence luxembourgeoise de l’Union européenne en 2004 en tant qu’experte junior et des études européennes au Collège d’Europe à Varsovie. Dix ans après avoir pris la tête de Fischer, après un passage chez Lenotre et un autre chez PwC, cette maman qui a dû expliquer à ses enfants, ce mardi soir, qu’elle était une influenceuse sans avoir sa chaîne YouTube, avance en 2022 de la vice-présidence à la présidence de la Confédération luxembourgeoise du commerce (CLC) aujourd’hui la Luxembourg Confederation, qui représente 1.800 entreprises et plus de 100.000 salariés.

«Être influent implique de mesurer les conséquences de son influence, d’agir avec intégrité et de s’assurer que l’impact que l’on exerce sert les objectifs justes et éthiques», a décrit Carole Muller. (Photo: Nader Ghavami)

«Être influent implique de mesurer les conséquences de son influence, d’agir avec intégrité et de s’assurer que l’impact que l’on exerce sert les objectifs justes et éthiques», a décrit Carole Muller. (Photo: Nader Ghavami)

Devant une audience de 1.200 convives, venus profiter d’un repas concocté par le chef doublement étoilé de Ma Langue Sourit, Cyril Molard, et par le CEO du Groupe Steffen, Tom Steffen, c’est de son parcours qu’elle a envie de se souvenir. «Tout est venu grâce à la Fédération des jeunes dirigeants. La fédération m’a permis de mieux me comprendre, de comprendre ce que c’est l’influence, de pouvoir travailler en équipe. C’est aussi là que Fernand Ernster m’a rencontrée et m’a proposé de diriger la Luxembourg Confederation. Aujourd’hui, c’est la Luxembourg Confederation qui me permet d’avoir de l’influence et, j’espère, de l’utiliser à bon escient.»

Et plus que ses paroles, la photo de famille improvisée qu’elle organise avec tous les anciens et actuels dirigeants d’entreprises passés par la Fédération des jeunes dirigeants donne une meilleure idée de son importance. Ils sont une bonne cinquantaine qui aujourd’hui font le bonheur de l’économie luxembourgeoise.

«Le jury a apprécié son énergie, sa passion, son engagement pour l’industrie qu’elle représente, mais aussi ses qualités humaines: sa bienveillance, son franc-parler, sa simplicité et son accessibilité», avait décrit Julie Becker, CEO du Luxembourg Stock Exchange et lauréate de l’édition de 2022. «Elle est travailleuse et humble. Et donne beaucoup à la société. C’est un rôle modèle pour la future génération, aussi bien pour les femmes que pour les hommes, comme elle symbolise que ‘tout est possible’, que finalement on n’a que les limites que l’on se fixe. Elle incarne le dépassement de soi. Elle a réussi à s’imposer comme une personne influente, prise très au sérieux par ses interlocuteurs, tout en développant un réseau impressionnant. C’est une battante qui a pour mission de servir son pays et les entrepreneurs qu’elle représente à travers la Fédération Luxembourg. On dit aussi d’elle qu’elle est ‘la Jeanne d’Arc des petits commerçants’. Négociatrice hors pair, elle est capable de tirer les bonnes conclusions dans l’intérêt de tous. En tant que présidente de la CLC, elle cherche toujours à trouver des compromis. Elle ne s’impose pas lorsque ce n’est pas nécessaire et déteste perdre du temps avec des jeux de pouvoir. Innovante et patriote dans le bon sens du terme, elle défend toujours le Luxembourg, aussi bien en tant qu’entrepreneure qu’en tant que présidente de la CLC.»

Le top 10

1. Carole Muller (CEO de Fischer et présidente de la Luxembourg Confederation)

2. Pit Hentgen (administrateur-délégué de La Luxembourgeoise et président de Lalux)

3. Françoise Thoma (CEO de Spuerkeess et au conseil d’administration de Cargolux, Enovos, Luxair, Luxembourg Stock Exchange et SES)

4. Claude Strasser (CEO Post)

5. René Winkin (Directeur de la Fedil)

6. Gérard Hoffmann (CEO de Proximus)

7. Michel Reckinger (CEO de Reckinger et président de l’Union des entreprises luxembourgeoises)

8. Maxime Straus (CFO de Cargolux)

9. Christophe Goossens (CEO de RTL Luxembourg et de Broadcasting Center Europe)

10. Marc Lauer (CEO de Groupe Foyer)

La force du collectif

Le jury, qui a œuvré pendant tout l’été autour de cette édition 2024 du Paperjam Top 100, la dixième édition, a multiplié les petites phrases et anecdotes au moment de présenter les lauréats, de la dixième position présentée par Manou Hoss (managing partner d’Elvinger Hoss) à la première place par Julie Becker, en passant par Philippe Glaesener (SES), Paul Konsbruck (LuxConnect), Georges Krombach (Landewyck) – probablement la palme des bons mots –, Caroline Lamboley (Lamboley Executive Search) ou Laurent Probst (consultant indépendant), qui ont joué avec la curiosité de la salle dans un petit jeu de devinettes qui ne dit pas son nom.

Une fois posé un classique du genre – les remerciements à son premier cercle familiale et à ses équipes – dans un inventaire à la Prévert, on retiendra:

- la décontraction de Pit Hentgen, habitué du Top 10 dans lequel il a été six fois,

- l’appel à bien comprendre et défendre l’écosystème luxembourgeois de Françoise Thoma,

- le discours émouvant de Claude Strasser qui a salué l’engagement particulier de ses équipes pendant sa maladie,

- les références à Liverpool de René Winkin [vainqueur la veille en League des Champions à Gérone],

- le message préenregistré de Gérard Hoffmann parti au sommet de l’IA de New York avec une délégation confidentielle du Luxembourg,

- la modestie de Michel Reckinger,

- la fraîcheur de Maxim Straus,

- l’appel à la vigilance de Christophe Goossens face aux fake news et aux fossoyeurs de la démocratie,

- ou encore la vraie joie, malgré l’habitude, de Marc Lauer.