Députée depuis plus d’un an, (DP) a embrassé sa nouvelle fonction avec pragmatisme. «Même sans expérience, je me suis dit que je pouvais apporter quelque chose, m’investir dans les dossiers et les faire évoluer», déclare la jeune femme de 33 ans.
Depuis son assermentation à la Chambre, elle mène trois activités de front: conseillère communale à Echternach, elle est aussi avocate au sein du cabinet Pol Urbany & Trixi Lanners, un emploi qu’elle a tenu à conserver malgré son nouveau mandat.
Des études de droit
Pourtant, rien ne la prédestinait à occuper ces trois fonctions: son ambition première était une carrière en tant qu’officier supérieur de la police. D’où des études de droit pénal aux universités de Nancy et d’Aix-en-Provence et des stages au sein des services de police. Mais c’est finalement une expérience à la fin de ses études au sein du cabinet où elle exerce actuellement qui la décide à emprunter une carrière d’avocate et à travailler sur des cas relevant essentiellement du contentieux privé et du droit administratif.
C’est, à l’époque, le futur Premier ministre, , qui vient lui proposer de participer aux élections législatives de 2013. Il s’agit de remplacer son propre père, André Hartmann, candidat DP à plusieurs reprises, bien que sans succès, aux élections nationales. À cette époque, il est aussi conseiller communal à Echternach, un poste qu’il a occupé durant 25 années.
Joueuse de ping-pong
«Ça a commencé là, en 2013», se rappelle Carole Hartmann. «J’ai beaucoup réfléchi à l’époque: j’avais 26 ans, je commençais à travailler, mais aussi à m’investir au sein du parti. Alors j’ai dit oui.» Les résultats sont bons, mais pas suffisants: (DP) la devance de 39 voix. Elle reste par la suite investie au sein du DP, entre au comité directeur du parti, devient présidente de la circonscription Est. Puis elle participe avec son père aux élections communales de 2017, à Echternach. Les deux sont élus, mais, incompatibilité oblige, seul son père, arrivé premier, siège. Jusqu’en mars 2018, où il laisse la place à sa fille.
«J’ai toujours été dans la même ligne que mon père et que le DP. Je ne saurais pas trop dire pourquoi, mais ça s’est fait comme ça.» Une filiation paternelle qui se retrouve dans le sport avec un papa président de la Fédération luxembourgeoise de tennis de table, discipline qu’elle a pratiquée avec assiduité au point d’intégrer l’équipe nationale.
Un père comme premier conseiller
Carole Hartmann ne manque pas d’autres sources d’inspiration, des femmes de son parti notamment: (DP), (DP), Anne Brasseur ou encore Colette Flesch, la première élue bourgmestre de la capitale, en 1970. «Je ne me sens pas féministe», assure-t-elle pourtant. «Il est inadmissible qu’il y ait des inégalités, mais il n’est pas non plus nécessaire d’imposer des quotas. D’autres moyens existent. S’il y a des différences de salaires, j’encourage à faire une action en justice», conseille l’avocate.
Aux législatives de 2018, Carole Hartmann arrive troisième de la liste DP, derrière Gilles Baum et (DP), et seuls deux sièges sont à pourvoir. Mais elle récupère le siège de ce dernier dès décembre 2018, lors de son entrée au gouvernement en tant que ministre des Classes moyennes et du Tourisme.
Au sein d’une fraction, il faut ses sujets phares.
Après une année à la Chambre, la jeune députée estime avoir trouvé ses repères. «Au début on est perdu. On a des infos à droite et à gauche. On pense qu’il faut tout connaître. Mais au sein d’une fraction, il faut ses sujets phares», explique-t-elle.
Le domaine juridique fait naturellement partie de ces sujets de prédilection – «d’autant qu’il y a peu de juristes au sein du DP». En cours, la réforme de la procédure civile, trop lourde et trop longue selon elle, et donc nécessaire pour que les justiciables puissent bénéficier d’une justice plus compréhensible et plus simple. Ou encore la réorganisation de la protection de la jeunesse.
Mais Carole Hartmann n’a pas non plus hésité à aborder des thématiques nouvelles pour elle, comme celle du travail (sur des problématiques comme les conditions de travail, la flexibilisation, les nouveaux modes de travail, le congé parental ou en encore le temps partiel) ou de la santé, avec entre autres les questions liées au sport ou les discussions autour du Gesondheetsdëch.
«Beaucoup de plaisir avec mes mandats»
Si, chaque soir, Carole Hartmann rentre à Echternach, où elle habite, son mandat au conseil communal, où elle est membre de l’opposition, lui prend moins de temps. «J’ai beaucoup de plaisir avec mes mandats, notamment au niveau local», confie-t-elle. «Dans l’opposition, on peut critiquer. Mais tant qu’on n’est pas dans la majorité, on ne peut pas savoir ce qui est faisable. J’aimerais avoir davantage de responsabilités à ce niveau.»
Entre ces fonctions de députée et d’avocate, c’est du 50/50 au niveau de la charge de travail. Du mardi au jeudi, journées de commissions à la Chambre, Carole Hartmann est députée. Et les lundi et vendredi, elle est présente au cabinet en tant qu’avocate. «Avec le métier d’avocat, la charge de travail varie. Certaines périodes sont parfois tendues», avoue-t-elle avec le sourire. «Mais je réussis à conserver une vie privée.»