649 candidats sont en course pour les 60 sièges de députés à pourvoir. (Photo: Maison Moderne)

649 candidats sont en course pour les 60 sièges de députés à pourvoir. (Photo: Maison Moderne)

La braderie de Luxembourg a marqué le début de la campagne sur le terrain. Une campagne courte. Une campagne marquée par un climat d’inquiétude. Une première dans l’histoire politique depuis l’après-guerre.

Sans remonter jusqu’à la nuit des temps, les campagnes pour les législatives ont toujours été rudes et donné lieu à de belles passes d’armes. Mais si les résultats étaient souvent serrés, ils n’étaient pas attendus avec appréhension. Jusqu’en 2013, l’enjeu des législatives, c’était de savoir qui arriverait en deuxième place. Et pourrait donc devenir le partenaire de coalition du CSV, parti central de l’échiquier politique. Depuis 1945 et le gouvernement Dupong, le parti chrétien social a été au pouvoir sans discontinuer jusqu’en 2013, à l’exception du gouvernement Thorn dominé par le DP entre 1974 et 1979.

Mais cette année, face à la multiplication des crises, les électeurs sont inquiets. Très inquiets.

Cette inquiétude, tous les partis présents lors de la braderie l’ont perçue. Certes, les gens s’arrêtaient sur les stands pour serrer la main et pour soutenir leurs champions. Certains venaient aussi s’informer sur les programmes et les candidats, pour beaucoup inconnus du grand public. D’autres faisaient le tour des stands pour collectionner les goodies. Mais beaucoup s’arrêtaient non pas pour demander quelque chose, mais plutôt pour parler de leurs problèmes personnels, concrets. Face à cette inquiétude, les vainqueurs seront ceux qui sauront convaincre les électeurs de leur capacité à bien préparer le pays aux crises futures.

L’indicateur de confiance des consommateurs établi par la Banque centrale du Luxembourg publié ce 6 septembre témoigne d’un léger mieux pour août. Cependant, l’indice reste largement négatif (-14 en août) et ce depuis plus de deux ans. Et ce qui tire l’indice vers le bas, ce sont les anticipations des ménages face à l’évolution de la situation économique générale du pays ainsi que l’évolution du pouvoir d’achat.

Les candidats de déi Gréng ont dévoilé leurs affiches officielles. (Photo: Romain Gamba/Maison Moderne)

Les candidats de déi Gréng ont dévoilé leurs affiches officielles. (Photo: Romain Gamba/Maison Moderne)

Le dernier sondage Politmonitor à pouvoir être publié avant le scrutin donne le CSV et le LSAP comme les grands vainqueurs potentiels. À eux deux, ils pourraient constituer un gouvernement majoritaire. , malgré le coup de mou des Verts. (DP) reste le favori pour le poste de Premier ministre (34% d’opinion favorable), suivi par (CSV) à 21%, (LSAP) à 20% et (déi Gréng) à 5%.

Ce 5 septembre, . La différence entre un vieux vert et un jeune vert? «Une question de perspective» selon et Amy Winandy, les deux porte-parole du mouvement. Ils ont fait part de leurs priorités – les mêmes que celles de leurs aînés – mais avec un accent sur le soutien à la jeunesse. Le 31 août, déi Gréng avait fait son entrée en campagne et dévoilé ses affiches. Une campagne qui s’annonce difficile malgré un bilan honorable.

Pour lutter contre l’ambiance de «green bashing» qui s’installe, particulièrement dans les milieux économiques, quelques promesses: l’instauration d’un «Green New Deal» pour le Luxembourg et la création d’un «Climate Savings Book» finançant la transition énergétique pour les enfants; la création de 800 nouveaux appartements abordables chaque année «sans pour cela faire des cadeaux fiscaux aux promoteurs»; une réforme de la taxe foncière pour mobiliser plus de terrains; de nouveaux investissements dans les énergies renouvelables, la conservation de la nature et la mobilité. Le volet social n’est pas oublié avec une protection de base de l’enfance et la discussion d’un impôt sur la fortune.

Bettel urbi et orbi

Omniprésent lors de la braderie, Xavier Bettel est aussi Premier ministre. De retour de Roumanie pour un voyage éclair le 5 septembre, il a reçu le lendemain la Première ministre islandaise, Katrin Jakobsdottir. Au programme, le match de qualification pour l’Euro de football ce vendredi 8 septembre, éducation, cinéma et relations bilatérales. Convergence des deux pays pour une Europe forte, verte, sûre et compétitive, fondée sur la démocratie, l’État de droit et les droits de l’Homme.

Le 6 septembre, le DP a présenté ses «thèmes d’avenir» dans les domaines du logement, du pouvoir d’achat, de l’énergie, du travail, de la famille et de l’éducation. «Le DP est un parti social, écologique et libéral et proche de vous», ont résumé la secrétaire générale du parti (DP) et Xavier Bettel (DP).

Au rayon des promesses, la création d’un fonds citoyen, «effort collectif» pour créer des logements; prolongation du congé parental jusqu’à trois mois et droit au travail à temps partiel pour les parents d’enfants de moins de 13 ans; la flexibilisation du temps de travail via son annualisation ou encore l’individualisation de l’imposition.

La polémique de la semaine

La polémique de la semaine, on la doit à déi Lénk. Dans le viseur, la chasse aux «néo luxembourgeois» au Brésil ou aux États-Unis. Depuis 2008, Luc Frieden alors ministre de la Justice avait introduit dans la loi sur la nationalité la procédure de recouvrement. Procédure qui permet de recouvrer la nationalité luxembourgeoise si l’on parvient à prouver que l’on avait un ancêtre qui avait la nationalité luxembourgeoise en 1900. Conséquence, selon déi Lénk, «des dizaines de milliers de personnes à travers le monde ont obtenu la nationalité luxembourgeoise et donc le droit de vote alors qu’elles n’ont jamais été au Luxembourg et qu’elles n’ont probablement pas l’intention d’y venir un jour».

Des votes que les grands partis cherchent à récupérer. Une démarche qui scandalise d’autant plus le parti de gauche qu’«environ 50% des habitants du Luxembourg n’ont pas le droit de vote parce qu’ils n’ont pas la nationalité. Or le lien de ces habitants dépasse amplement le folklore et la généalogie. Il est forgé au quotidien. Ces personnes auxquelles nous refusons le droit de vote habitent ici, travaillent ici, s’engagent ici, comme nous tous. Elles sont concernées au premier chef par les décisions politiques prises au Luxembourg et pour cette raison, elles doivent pouvoir codécider.»