«Une rupture bienvenue qu’il faut concrétiser.» Le slide dit tout du satisfecit et de la prudence. Si tout se passait comme prévu, en 2025, le gouvernement de mettrait fin à la progression des dépenses de l’Administration centrale de 6,7% en moyenne annuelle depuis… 1995. Si tout se passait comme prévu les trois années suivantes, cette progression serait contenue à 4,4% en moyenne. Forcément, la Chambre de commerce ne pouvait que se féliciter de ces chiffres, elle qui appelait de ses voeux à un «retour des marges de manoeuvre budgétaire» au début de l’année.
Ce mardi, pour la présentation de son avis sur le budget 2025 et sur les perspectives jusqu’à la fin du mandat du gouvernement, les qualificatifs sont plutôt positifs. «Le gouvernement est parvenu à inverser l’effet ciseaux apparu en 2022 et les dépenses de l’administration centrales progressent moins vite que les recettes: respectivement à 4,5% contre 5,2% en 2025. Conséquence directe: le solde de l’Administration centrale s’améliore avec un déficit limité à 1,5% du PIB contre 1,7% en 2024.» Lequel déficit devrait passer sous la barre du milliard d’euros dès 2027 (-685 millions d’euros). Le solde s’améliore de près de deux milliards sur quatre exercices budgétaires.
Stopper la spirale de l’endettement
«La Chambre de commerce salue cette nouvelle trajectoire budgétaire, qui va permettre de stopper la spirale de l’endettement», dit l’institution. Même avec une situation moins favorable que prévue, «la dette publique ne franchirait pas le seuil des 30% du PIB au cours de la période», note-t-elle sans expliquer que c’est aussi parce que le PIB devrait augmenter, le pari politique de Luc Frieden à son arrivée au pouvoir pour ne pas avoir à augmenter les impôts.
«C’est sa stabilité politique et financière qui fait la force du Luxembourg et séduit les investisseurs», rappelle . «Il est donc impératif de conserver la notion AAA, réservée désormais à un groupe de pays de plus en plus fermé», stratégie là aussi exprimée par le Premier ministre et jusqu’ici bien posée, si l’on en croit les deux dernières notations du pays, deux triples A et .
La Chambre de commerce saluera tour à tour la baisse d’un point du taux nominal de l’impôt sur le revenu des collectivités, l’exonération de la taxe d’abonnement des ETF géré activement, les dispositions pour relancer le marché de la construction de logements et le marché de l’immobilier, les investissement records dans la transition environnementale ou encore la hausse des moyens alloués aux infrastructures de mobilité, dont 455 millions d’euros entre 2024 et 2028 alloués au financement de l’extension du tram.
Vieillissement problématique
Mais dans cet exercice de contextualisation, qui pèse le bon et le moins bon, à la différence des réseaux sociaux en manque de sensationnalisme, le négatif ne tarde pas à arriver. D’abord, prévient la Chambre de commerce, les recettes comme les taxes et les accises sur les ventes de tabac et de carburant ne sont pas pérennes… mais elles représentent 7,6% des recettes de l’Administration centrale.
Ensuite, avec seulement 57,3% de la population en âge de travailler en 2070 contre 69,3% aujourd’hui, les dépenses liées au vieillissement passeront de 17,2% du PIB en 2022 à 27,9% en 2070. Celles des pensions doubleront tandis que celles liées aux soins de santé et aux soins de longue durée continueront à augmenter. Une tendance qui se dessine déjà à court terme puisque les soldes des administrations de sécurité sociale passeront d’un excédent de 1.173 millions en 2023 à un déficit de 15 millions en 2028 et si l’emploi devait trébucher, le déficit pourrait même atteindre 355 millions d’euros à cette échéance. A politique inchangée, note la Chambre de commerce, la réserve du régime général de pension serait épuisée en 2047 malgré 27,4 milliards d’euros à fin 2023. «La non-soutenabilité du système apparaît donc clairement», peut-on lire, en gras, dans le document pour mieux souligner la funeste prédiction.
Et le diagnostic est similaire avec l’assurance maladie-maternité, qui devrait atteindre 190 millions d’euros de déficit en 2028 contre 46 millions d’euros cette année.
Dans les deux cas, le gouvernement doit agir, fortement et vite, dit le directeur de la Chambre de commerce. Mais ça, Luc Frieden le sait, lui qui n’avait pas trop voulu s’engager dans le débat sur le futur des pensions au cours de la campagne électorale pour éviter des discussions trop passionnelles, sait bien – l’expérience – que ces transformations pourraient rendre ses électeurs «nerveux» trop près de la prochaine échéance électorale.