Entouré du CEO, Richard Forson, et du CFO, Maxim Straus, le président du conseil d’administration, Tom Weisgerber, s’est félicité d’une nouvelle année record avant une année 2025 probablement autrement plus compliquée. (Photo: Maison Moderne)

Entouré du CEO, Richard Forson, et du CFO, Maxim Straus, le président du conseil d’administration, Tom Weisgerber, s’est félicité d’une nouvelle année record avant une année 2025 probablement autrement plus compliquée. (Photo: Maison Moderne)

Cargolux signe une nouvelle année record en termes de chiffre d’affaires (3,3 milliards de dollars) et de bénéfice net hors années Covid (448 millions de dollars), à la faveur d’une augmentation de l’ecommerce entre la Chine et les États-Unis et l’Europe et de meilleures rotations des avions. Le tout dans un contexte d’incertitudes géopolitiques. Et en gardant le contrôle des coûts.

«2024 a été une année vraiment remarquable.» Dans la première phrase du président du conseil d’administration de Cargolux, Tom Weisgerber, entouré ce mercredi au siège de l’entreprise du CEO Richard Forson et du CFO Maxim Straus, le mot important est «vraiment». Parce que Cargolux a déjà réalisé un chiffre d’affaires plus élevé et un bénéfice plus élevé, mais des millions de personnes étaient alors confinées chez elles à s’ennuyer au point de commander tout et n’importe quoi en ligne.

Avec un chiffre d’affaires à 3,3 milliards de dollars, l’affréteur aérien luxembourgeois établit un nouveau record historique, loin devant les 2,2 milliards de dollars de 2019, avant le Covid. Avec un bénéfice net après impôts à 448 millions de dollars, il relègue de la même manière le 22 millions de dollars de 2019 aux oubliettes de l’histoire. Cargolux le doit à une augmentation de la demande de plus de 12%, mais aussi des blocks hours, KPI très connu de l’industrie pour signifier que l’avion n’est pas cloué au sol (+10,7%) et du facteur de charge (qui dit que les avions ont volé plus et mieux chargé) en hausse de près d’un point de pourcentage.

Avec un total de 4,8 milliards de dollars de capitaux propres pour seulement 1,6 milliard de dollars de dettes, la compagnie affiche une structure financière extrêmement robuste, illustrée par un ratio dette/fonds propres de seulement 0,33. Ce profil témoigne d’une autonomie financière rare dans le secteur du fret aérien. Mais si les chiffres s’envolent, ses dirigeants gardent la tête sur les épaules: ils devront faire face à la nouvelle géopolitique de l’instantané dessinée par le président américain, Donald Trump, et financer le renouvellement de sa flotte, qui n’interviendra qu’à partir de 2028 au lieu des 2026 annoncés l’an dernier.

«Nous trouvons des solutions à tout problème depuis 55 ans»

«Pour l’instant, nous attendons de voir ce qui va se passer le 2 mai», ont dit presque de concert le président du board et le CEO. À partir de cette date devrait (pourrait?) intervenir l’exemption dite «de minimis» — qui permettait l’importation de colis d’une valeur inférieure à 800 dollars sans droits de douane — sera supprimée pour les envois en provenance de Chine et de Hong Kong. Cela signifie que tous les colis, quelle que soit leur valeur, seront désormais soumis à des droits de douane et à des procédures douanières complètes. De quoi décourager de nombreux consommateurs et de nombreuses entreprises qui proposent ces produits via des plateformes bien connues.

«Nous sommes bien placés financièrement pour faire face. Nous ne devrions pas trop être inquiets. Nous trouvons des solutions à tout problème depuis 55 ans», a commenté M. Weisgerber.

D’autant que la reprise des employés de Luxair Cargo Handling le 1er mai 2024, si elle place Cargolux dans le top 10 des employeurs du pays avec 3.881 personnes contre 1.867 en 2023, a été «neutre» financièrement par rapport à ce que l’entreprise versait à Luxair Cargo Handling par an pour s’assurer de ses services.

Richard Forson a accueilli avec satisfaction l’omnibus de la Commission européenne. «Heureusement, cela a réduit ce que nous devions faire, mais cela reste un gros travail administratif et cela entraîne des coûts supplémentaires», a-t-il commenté. 

Cargolux se retrouve ainsi idéalement placée, avec un actionnaire, HNCA, qui lui a largement ouvert les portes de la Chine, des ressources financières que beaucoup envieraient et des projets qui se développent, que ce soient les vols des trois premiers avions de sa flotte contre les incendies, déployés en Espagne l’été dernier, ou les développements sur le carburant propre. «Nous sommes toujours à l’affût des opportunités, toujours en effectuant notre due diligence et en décidant.» Agile et ouverte, l’entreprise est «une success story», a redit M. Weisgerber, comme si ce n’était pas assez clair.