Encore une année record pour Cargolux. L’entreprise de cargo luxembourgeoise a enregistré un bénéfice de 1,42 milliard d’euros (1,579 milliard de dollars) en 2022. Une hausse de 21,9% par rapport à , où il s’élevait à 1,17 milliard d’euros (1,295 milliard de dollars). Il s’agissait déjà d’un record par rapport à celui de 2020, qui avait été porté par la demande en matériel liée à la crise sanitaire. Le bénéfice était alors passé de 20 millions d’euros en 2019 à 637 millions en . Avant cela, sa meilleure année était 2018, le bénéfice s’élevait alors à 211,2 millions d’euros.
Son chiffre d’affaires augmente quant à lui de 4,16 à 4,62 milliards d’euros (5,1 milliards de dollars). Concernant le ratio d’endettement, «nous avons 2,4 fois plus de fonds propres que de dette», détaille le directeur financier, Maxim Straus. Une situation «jamais vue avant» qui permettra à la société de financer le renouvellement de sa flotte, prévu entre 2027 et 2032, sans avoir besoin de fonds externes.
Cargolux dispose de 30 avions: 16 Boeing 747-400 cargos (10 B747-400F et 6 B747-400ERF) et 14 Boeing 747-8 cargos. . Ils devraient permettre une diminution de 60% du bruit et une consommation de kérosène plus efficace de 30%.
Vers un retour à la normale
Malgré les bons chiffres, , CEO, fait état d’une «année difficile» d’un point de vue opérationnel. En cause, la guerre en Ukraine, qui empêche l’entreprise de traverser l’espace aérien russe et augmente donc ses temps et coûts de trajet. Sans parler du prix du carburant, qui a crû de 80,4%. Cargolux a d’ailleurs mis en place une surtaxe de guerre sur tous les vols à destination et en provenance d’Asie pour atténuer l’impact des surcoûts. Et du confinement en Chine. Le CEO explique donc le bénéfice record par les sept premiers mois de l’année, encore marqués par «un manque de capacité sur le marché et une forte demande». Ensuite, «le montant gagné a été inférieur à ce que nous attendions».
La demande sur l’ensemble de l’année était inférieure de 8,2% à celle de 2021 et les capacités supérieures de 4,5%, mais 9% en dessous du niveau de 2019. Après une période de sous-capacité depuis 2020, Cargolux est revenue à une surcapacité en 2022. L’entreprise a vendu pour 1,136 milliard de tonnes, 8,5% de moins qu’en 2021. Le CEO note ainsi un «retour à la normale» après les années exceptionnelles.
Tom Weisgerber nouveau président du conseil d’administration
Cargolux emploie 2.539 salariés à travers le monde, dont 1.888 au Luxembourg. Un effectif qui a augmenté par rapport aux 2.477 personnes, dont 1.830 au Grand-Duché, un an plus tôt.
Ses résultats ont été présentés à l’issue de l’assemblée générale, ce mercredi 26 avril. L’occasion de nommer un nouveau président du conseil d’administration, de .
Richard Forson (CEO), Tom Weisgerber (président du CA) et Maxim Straus (vice-président exécutif et CFO). (Photo: Romain Gamba/Maison Moderne)
Comme pressenti, Tom Weisgerber a repris son poste. . Il officie également comme premier conseiller de gouvernement au sein de la coordination générale du ministère de la Mobilité et des Travaux publics et siège au conseil d’administration de la Société électrique de l’Our (SEO).
Interrogé sur sa stratégie pour la suite, il indique: «Je vais faire des efforts en tant que président pour fédérer les actionnaires, le management, pour une stratégie qui portera ses fruits dans l’intérêt de la société, du staff. Travailler sur nos relations avec l’actionnariat chinois. Pour continuer sur notre lancée. Le profit que nous avons fait en 2022, ce ne sera pas la même chose en 2023. Il y a du travail à faire».
Conflit social
Un autre défi concerne le renouvellement de la convention collective. . Les syndicats réclament une revalorisation des salaires, des mesures pour mieux concilier vie privée et professionnelle et des garanties sur le fait que la conversion de la flotte prévue ne mènera pas à des délocalisations. La direction, qui avait déjà indiqué ne «pas vouloir négocier par l’intermédiaire des médias», a cependant souligné avoir accordé d’importantes primes cette année et une mésentente sur le télétravail.
Les syndicats dénoncent de leur côté une «attaque au modèle du dialogue social». La direction leur ayant «annoncé qu'elle allait introduire un recours devant le Tribunal administratif contre la décision de l’ONC», qui avait elle-même rejeté la demande d’irrecevabilité du litige introduite par Cargolux.