Depuis le début de l’année, le prix du diesel a augmenté de 25% au Luxembourg. Actuellement, il faut débourser 1,8580 euro pour un litre de diesel.  (Photo: Guy Wolff/Maison Moderne)

Depuis le début de l’année, le prix du diesel a augmenté de 25% au Luxembourg. Actuellement, il faut débourser 1,8580 euro pour un litre de diesel.  (Photo: Guy Wolff/Maison Moderne)

Les distributeurs de carburants sont impuissants face à la hausse des prix et avouent n’avoir que très peu de moyens pour atténuer la facture des consommateurs. Cela alors qu’une baisse des accises n’aurait qu’un effet marginal.

Depuis le début de l’année, le prix du diesel a augmenté de 25% au Luxembourg. Affiché à 1,7280 euro le litre (en produit de base) et à 1,8580 euro le litre dans sa formule Premium (+22,8% d’augmentation), il est désormais plus cher que l’essence 95, alors que les prix des carburants flirtent avec la barre des 2 euros le litre. À laquelle le Luxembourg ne devrait pas échapper dans les jours à venir.

Je travaille dans le secteur des carburants depuis 25 ans, je n’ai jamais vu d’augmentation aussi importante.
Romain Hoffmann

Romain HoffmannprésidentGroupement pétrolier luxembourgeois

Du côté de l’essence, la tendance est également à la hausse. Depuis le début de l’année, l’essence 95 a augmenté de 12,4% et l’essence 98 de 15,6%. Du côté du mazout, la barre de 1 euro du litre a été franchie le 5 mars dernier pour deux des quatre produits proposés à la vente. «Je travaille dans le secteur des carburants depuis 25 ans, je n’ai jamais vu d’augmentation aussi importante», assure Romain Hoffmann, président du Groupement pétrolier luxembourgeois (GPL), avant de prévenir: «Si on regarde l’évolution, ce n’est pas impensable d’atteindre, dans les prochains jours, les 2 euros pour un litre de diesel. C’est une situation inédite et il faut s’attendre à tout.»

Une baisse des accises aurait un effet très léger

Une situation qui semble presque inévitable tant les distributeurs semblent impuissants pour contenir la flambée des prix des carburants. «Nous sommes tributaires du marché international. La seule chose qu’il est possible de faire, c’est de diminuer les accises de l’État temporairement. Mais là encore, l’État n’est pas libre de faire ce qu’il veut à 100%. Il y a des minima fixés au niveau européen en matière de taxes. Le gouvernement luxembourgeois ne peut pas descendre en dessous», explique encore Romain Hoffmann.

Au Luxembourg, les accises sur 1.000 litres de diesel montent à 416,54 euros, soit 0,41€ par litre. Le seuil minimum européen est de 330 euros pour 1.000 litres, soit 0,33 euro du litre. Même en appliquant le seuil le plus bas, l’action du gouvernement se limiterait donc à une baisse de 0,08 euro par litre.

Nous pouvons dire que nous perdons de l’argent.
Romain Hoffmann

Romain HoffmannprésidentGroupement pétrolier luxembourgeois

De plus, les distributeurs ont une marge très faible sur un litre de carburant vendu. «Théoriquement, nous avons une marge de 10 à 11 centimes. Mais du fait du mécanisme du calcul des prix maximum des carburants au Luxembourg, nous sommes toujours en train de courir derrière les hausses. Et quand celles-ci sont aussi élevées, nous pouvons dire que nous perdons de l’argent», déclare le président du Groupement pétrolier luxembourgeois.

«Au Luxembourg, le prix de vente maximal est réglementé par le ministère de l’Énergie en prenant en compte le prix du baril coté en bourse en dollars, le taux de change avec l’euro, les frais de transport, de stockage, la marge pour le pétrolier et les taxes. Tous les jours, le prix du baril et le taux de change varient. Au Luxembourg, le calcul des prix maximum des carburants prend 2 à 10 jours en fonction de la fluctuation de la variation absolue. Ce qui explique le léger décalage avec les autres pays au moment des augmentations des prix. Samedi dernier, le prix maximum à la pompe a augmenté de 18,5 centimes par litre. C’est presque le double de la marge brute. Ce qui veut donc dire que sur tout ce que l’on a vendu le vendredi, et peut-être déjà le jeudi et le mercredi, le distributeur n’aura pas sa marge théorique de 11 centimes en raison de ce décalage. Et on peut même parler d’une vente à perte», explique Romain Hoffmann. Ce dernier rappelle que la marge brute des distributeurs sert à payer les salaires, les infrastructures et les investissements. De plus, «chaque distributeur n’a pas un grand groupe pétrolier derrière lui. Et plus le prix du carburant est élevé, moins la marge est importante pour le distributeur au Luxembourg», souligne encore le président du GPL.

Autre effet indirect de la hausse des prix des carburants sur les distributeurs: l’augmentation des coûts en matière de paiement. «Une grande partie des achats de carburant se règle avec des cartes de crédit. Les commissions de paiement se calculent sur le chiffre d’affaires. Donc, plus il est élevé, plus les commissions sont élevées, alors que notre marge théorique n’est toujours pas atteinte», termine Romain Hoffmann.

En Belgique, le diesel est déjà affiché à 2,0840 euros le litre dans les stations-service. L’essence 98 est affichée à 2,0230 euros le litre et l’essence 95 est à 1,9510 euro du litre selon par le ministère de l’Économie.

En France, plusieurs stations-service, notamment les stations d’autoroute, affichent des prix de carburants au-dessus des 2 euros du litre.