En juin dernier, le Parlement européen a voté en 2035. Une décision validée quelques jours plus tard . Mais ses derniers ont gardé la possibilité d’inclure à l’avenir des technologies alternatives, comme des carburants synthétiques ou même des motorisations hybrides, à la condition de réduire à zéro les émissions de CO2 du véhicule en question.
Une porte ouverte que comptent bien emprunter les constructeurs automobiles en ce qui concerne les carburants synthétiques (ou e-fuel). «On ne peut pas entraver les évolutions techniques. Les constructeurs soutiennent le développement de la voiture électrique et de ses technologies, mais cela ne doit pas empêcher de garder une porte ouverte sur d’autres technologies. D’autant plus que d’ici à 2035, il y aura trois à quatre élections européennes et les volontés politiques vont peut-être changer», souligne Guido Savi, responsable de la FEBIAC Luxembourg, représentant officiel des constructeurs et importateurs automobiles au Luxembourg.
Les constructeurs restent encore discrets, mais on constate de plus en plus de demandes d’homologation pour des moteurs et des technologies compatibles avec les carburants synthétiques
Plusieurs constructeurs européens, comme Porsche ou Audi, sont d’ailleurs en train d’investir dans la recherche et le développement de carburants synthétiques. La décision d’interdire les voitures à moteur thermique à partir 2035 ne valant qu’au sein de l’Union européenne, les constructeurs sont conscients que l’ensemble du monde n’en fera pas de même, du moins sur la même période. Pour autant, les questions environnementales restent importantes pour cette industrie, ce qui pousse à miser sur des carburants alternatifs et synthétiques pouvant être utilisés par des moteurs thermiques. «Pour le moment, ce type de carburant rejette encore du CO2, mais dans une moindre mesure. Mais il est tout aussi important de s’intéresser aux technologies pouvant capter ce CO2. C’était d’ailleurs une thématique largement mise en avant au sein du pavillon chinois à l’exposition universelle de Dubai», souligne encore Guido Savi qui assure que les constructeurs automobiles européens sont toujours dans la course au développement de ce type de carburant face aux constructeurs chinois et américains. «Les constructeurs restent encore discrets sur les avancées en la matière, mais on constate de plus en plus de demandes d’homologation des moteurs et des technologies compatibles avec les carburants synthétiques», glisse Guido Savi.
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Ce dernier précise également qu’il ne faut pas confondre les carburants synthétiques avec les biocarburants. «L’industrie automobile n’est pas favorable aux biocarburants, qui pour faire simple, utilisent des céréales. On préfère les dédier à l’alimentaire qu’à l’automobile. Les carburants synthétiques sont basés sur un procédé d’électrolyse combinant hydrogène et CO2», résume Guido Savi.
Un carburant pour les riches selon Transport et Environnement
Mais à l’heure actuelle, les carburants synthétiques ne sont pas une solution viable d’un point de vue environnemental et économique. C’est d’ailleurs ce qu’indique la fédération Transport et Environnement (une organisation européenne regroupant une cinquantaine d’ONG actives dans le domaine du transport et de l’environnement) dans . «Selon de nouveaux tests d’émissions, les voitures roulant aux carburants de synthèse émettent autant d’oxydes d’azote (NOx) toxiques que les moteurs à carburant fossile», peut-on y lire. Un peu plus loin, le rapport en question souligne également le prix excessif de ce type de carburant laissant craindre une nouvelle fracture sociale entre les automobilistes aisés et les plus fragiles. «Posséder une voiture roulant à l’e-fuel coûtera 10.000 euros de plus que posséder une voiture électrique à batterie sur une période de cinq ans. Le prix élevé des carburants de synthèse fera également flamber les prix des voitures d’occasion de 10.000 euros environ sur la même période», indique le rapport de transport et environnement.
C’est un argument avancé par les détracteurs des carburants synthétiques qui ne prennent pas en compte qu’il faut développer un écosystème et des infrastructures autour de ces futurs types de carburants
«Effectivement, si aujourd’hui, on devait faire le plein avec du carburant synthétique, le prix serait bien plus élevé que les prix affichés en ce moment. C’est un argument avancé par les détracteurs des carburants synthétiques qui ne prennent pas en compte qu’il faut développer un écosystème et des infrastructures autour de ces futurs types de carburants, ce qui fera baisser les prix», nuance Guido Savi.
Autre frein au développement des carburants synthétiques, la capacité d’investir dans la recherche pour les constructeurs automobiles qui dans le même temps doivent également développer des moteurs devant respecter la norme Euro7 d’ici à 2025. «L’Union européenne demande aux constructeurs de faire des efforts et des investissements importants pour développer des véhicules à la norme Euro7 d’ici à 2025. Ce sont des efforts que les constructeurs ne pourront pas mettre dans le développement de l’électrification des véhicules de demain ni dans le développement de technologies alternatives comme les carburants synthétiques. Fort heureusement, notre message commence à résonner dans les couloirs du Parlement européen et les choses pourraient changer d’ici là», termine le représentant officiel des constructeurs et importateurs automobiles au Luxembourg.