Le ministère de la Sécurité intérieure estime à 2,5 millions d’euros le coût d’achat des caméras-piétons, auquel il faut ajouter 3,5 millions pour la logistique et l’entretien du matériel, soit une enveloppe de 6 millions d’euros. (Photo: Shutterstock)

Le ministère de la Sécurité intérieure estime à 2,5 millions d’euros le coût d’achat des caméras-piétons, auquel il faut ajouter 3,5 millions pour la logistique et l’entretien du matériel, soit une enveloppe de 6 millions d’euros. (Photo: Shutterstock)

Henri Kox a présenté un projet de loi devant permettre à la police de s’équiper en caméras-piétons. Un outil qui doit s’avérer avant tout dissuasif. 

Depuis cinq ans, l’idée d’équiper la police de caméras-piétons est sur la table du ministère de la Sécurité intérieure. Tour à tour, le dossier est passé entre les mains d’ (LSAP), puis de  (déi Gréng) pour se concrétiser, normalement, sous la mandature d (déi Gréng).

Concrètement, les policiers porteront une caméra-piéton (ou «bodycam») qui filmera en permanence des séquences vidéo de 30 secondes qui seront enregistrées à plusieurs reprises. Mais l’enregistrement pourra également, sur décision du policier, être continu en fonction de la situation lors d’une opération de police. «Si le policier considère qu’une situation peut s’envenimer, il pourra lancer l’enregistrement continu. Tout comme dans certains cas spécifiques, comme les violences domestiques, qui sont souvent des situations compliquées», a expliqué Alain Engelhardt, le directeur général Stratégie et Performance de la police grand-ducale. La procédure standard indique que le citoyen devra être prévenu qu’il est filmé. Un indicateur sonore et visuel indiquera également la présence de la caméra-piéton.

Stockées pendant 28 jours, les images seront ensuite disponibles et auront un caractère de preuve devant la justice. Le ministre Kox a souligné le double intérêt d’un tel outil, l’un étant la dissuasion, l’autre la documentation des infractions. «Il y a une diminution du respect des forces de l’ordre avec des agressions physiques et verbales», a indiqué le ministre, avant d’expliquer que «de plus en plus d’images sont enregistrées avec des smartphones, puis diffusées sur les réseaux sociaux sans rendre compte de l’ensemble de la situation».

Devant équiper l’ensemble des policiers sur le terrain, un appel d’offres sera réalisé dès l’adoption de la loi par la Chambre des députés. Le ministère estime à 2,5 millions d’euros le coût d’achat des caméras-piétons, auquel il faut ajouter 3,5 millions pour la logistique et l’entretien du matériel, soit une enveloppe totale de 6 millions d’euros.

Une demande émanant des policiers

Du côté des syndicats, l’idée est largement acceptée par les syndicats de police même si de nombreux détails devront encore être éclaircis dans les mois à avenir. «Nous avons déjà formulé des questions, et une réunion sur le sujet est prévue pour l’automne», confie Michel Mangen, du syndicat ADESP-OGBL. «Globalement, nous sommes en faveur de l’utilisation des caméras-piétons par la police, mais il y a encore quelques détails techniques à discuter. Il faudra aussi s’intéresser à la technologie qui a été choisie, savoir qui pourra visionner les images et quand», souligne Michel Mangen, avant d’ajouter: «La caméra-piéton est une demande de la part de la police et un besoin. Ce sera un nouvel outil dissuasif face aux agressions des agents et il permettra aussi de faire la lumière sur certaines interventions.»

La vidéo piétonne pourra également donner une meilleure compréhension des événements lors des interventions délicates, comme en octobre dernier à Ettelbruck, où un policier a fait usage de son arme de poing face à une agression au couteau. Par la suite, l’enquête a prouvé la légitime défense de l’agent. «La caméra-piéton ne doit pas non plus devenir un outil à charge contre le policier. Car, dans ce cas, l’agent ne va jamais l’activer», prévient le syndicaliste.

Pour autant, il ne faut pas s’attendre à croiser un policier luxembourgeois avec une caméra-piéton dans les mois à venir puisque le texte de loi doit encore être finalisé et voté par le Parlement, puis seulement l’appel d’offres pour acquérir le matériel sera lancé.

Quatre zones de la ville sous vidéosurveillance

En ce qui concerne la vidéosurveillance dans les rues de la capitale, le ministère de la Sécurité intérieure a récemment indiqué le maintien des autorisations dans quatre zones de Luxembourg-ville. À savoir le quartier du Limpertsberg-Glacis, le quartier de la gare, la passerelle du pont Adolphe et le Stade de Luxembourg. Pour ce dernier, le ministère a souligné que la vidéosurveillance était active uniquement lors de manifestations, souvent sportives, en lien avec le stade.

Par contre, le ministère n’a pas reconduit les autorisations pour une vidéosurveillance de la place Hamilius du fait des nombreux nouveaux aménagements urbanistiques.