Bio Roude Léiw Bounekaffi change de machine. Will Kreutz a revendu sa marque de café à Lëtz Coffee. La transaction date du 15 septembre 2021, pour un montant confidentiel. Et la transition, bien enclenchée, touche à sa fin avec le transfert, depuis cette semaine, du shop en ligne, qui appartient désormais au directeur de Lëtz Coffee, Olivier Delrue.
Je suis un passionné de café.
Du thé au café
Tout a commencé en 2019. «M. Kreutz est venu me voir pour une collaboration», raconte-t-il. À l’époque, le montant qu’il demandait était «astronomique». «J’ai dit que je n’étais pas intéressé.» Il est revenu vers lui en 2021 avec un montant «plus raisonnable». Olivier Delrue a cette fois saisi l’opportunité. Ses avocats ont rédigé avec soin la convention de cession du fonds de commerce et de la marque, pour éviter tout problème, comme avait pu en avoir l’entreprise Moulin Dieschbourg, . «Le lion rouge appartient à la société Lëtz», assure alors Olivier Delrue.
CEO de la marque de thés Harney & Sons pour l’Europe depuis le Luxembourg, l’homme aujourd’hui âgé de 53 ans a diversifié son activité avec la création de Lëtz Coffee en 2018. «Je suis un passionné de café», se définit-il. Avec un goût prononcé pour celui de spécialité. Grâce au café Bio Roude Léiw, il voit l’opportunité de proposer une gamme «accessible à tout le monde», avec un prix au kilo qui tourne autour de 28 euros, contre 52 euros pour ses produits habituels. Sans pour autant perdre en qualité. «J’ai déjà repris toute la torréfaction» des produits Bio Roude Léiw. Un autre produit a retenu son attention: la capsule bois, projet de Bio Roude Léiw, que Lëtz Coffee a repris et compte généraliser.
L’entreprise a d’ailleurs d’autres plans. Elle a investi plus d’un million d’euros pour passer de 600 à 1.600m2 dans ses locaux de Rambrouch afin de créer son «école de torréfaction». Ouverture prévue en septembre. Son directeur souhaite aussi lancer Lëtz Coffee France et Belgique. Une à trois nouvelles recrues pourraient rejoindre l’équipe de trois personnes en 2022 pour soutenir cette croissance. Que la crise n’est pas venue ébranler, puisque, lorsque le B2B a diminué, le B2C a largement compensé. Lëtz Coffee a ainsi terminé l’année 2021 avec un chiffre d’affaires de 1,8 million d’euros.
Se consacrer à la Gëlle Fra
Celui de Bio Roude Léiw était de 400.000 euros. Il s’agit, plus précisément, du chiffre d’affaires d’Atypical sàrl, l’entreprise de Will Kreutz, mais «je ne faisais plus que ça (le café, ndlr)», explique-t-il. C’est pourquoi il a décidé de s’en séparer: «Du point de vue volume, ce n’était plus possible. Je faisais tout en étant seul: emballage, livraison.» Il raconte avoir parcouru 200.000 kilomètres rien que sur les deux dernières années. «Je n’avais pas envie de commencer à développer une structure, il fallait que je trouve quelqu’un qui avait déjà la logistique.» Après un an et demi de recherches, Lëtz Coffee est apparu comme le repreneur idéal. Will Kreutz avait créé la marque il y a six ans. Elle a séduit 1.000 clients particuliers et 120 points de vente au Luxembourg.
J’ai eu du mal à lâcher le bébé.
L’homme de 65 ans, issu du monde de la communication, , avait envie de «faire autre chose» lorsqu’il a créé Bio Roude Léiw. Il avait d’ailleurs rejoint SolarWood en tant que directeur Marketing en 2014, mais l’a quittée en 2018. «C’était un marché particulier, je ne parle pas le langage des ingénieurs.» Aujourd’hui, «je me suis retiré de la communication en grande partie, je travaille encore juste pour certains clients.» L’accord avec Lëtz Coffee lui interdit de travailler dans le café au Luxembourg et autour pendant les trois prochaines années, mais il reste sollicité pour des projets sur le sujet plus lointains, jusqu’à Majorque, pour lesquels il ne donne pas de détails. Surtout, il compte se consacrer à son autre marque créée en 2017: Gëlle Fra. Il a déjà mis à la vente un crémant «haut de gamme» avec le domaine Henri Ruppert et prévoit d’autres partenariats, du crémant au whisky local, en passant par le chocolat. «Cela va encore se développer. Dans le courant de l’année, quatre ou cinq produits vont suivre.»
De quoi lui occuper l’esprit, car il admet avoir eu «du mal à lâcher le bébé» Bio Roude Léiw. Surtout à un prix qu’il estime «ne pas refléter ce que la société valait. Mais j’assume.» Il précise d’ailleurs que le paiement par Lëtz Coffee s’étale encore sur plusieurs mois. Aujourd’hui, il «tourne la page».