La pandémie de coronavirus est sans aucun doute la crise la plus grave de notre génération, eu égard à son impact sanitaire, mais aussi économique et financier. L’économie mondiale est, pour un temps indéterminé, à l’arrêt, et la crise sanitaire teste les politiques mises en place visant à assurer la continuité des affaires.
Les entreprises de toutes tailles doivent sans délai s’adapter, au risque de devoir réduire drastiquement le volume de leurs activités, voire de disparaître. Cela concerne bien évidemment les clients des cabinets d’avocats, mais également les cabinets d’avocats eux-mêmes, parfois trop conservateurs, pour qui la transformation digitale n’a pas toujours été une priorité dans le passé. Le passage au télétravail a dû être immédiat avec tout ce que cela implique en termes de licences, de matériel informatique, d’accès à distance garantissant sécurité et confidentialité.
S’adapter à des clients plus ou moins impactés par la crise
Nous remarquons que, parmi les clients de Loyens & Loeff, certains ne semblent pas affectés par la crise actuelle. Cela concerne notamment les projets fintech, certaines plates-formes en ligne ou la création et l’accompagnement de sociétés ayant recours à la technologie DLT/Blockchain ou à l’intelligence artificielle. Pour ces clients nécessitant le plus souvent un mélange de services corpo/commercial/fiscal, les priorités stratégiques établies il y a plusieurs mois n’ont pas changé. Ils attendent de leurs avocats que soient constituées des équipes ayant les mêmes compétences et que soit délivrée la même qualité de travail, dans les mêmes délais, quels que soient l’environnement de travail, les restrictions en vigueur ou l’endroit depuis lequel les services sont rendus.
La crise engendre un grand nombre de défis juridiques concernant l’application de certaines dispositions contractuelles, en matière de droit du travail ou de santé, créant donc une charge de travail additionnelle inattendue.
Pour d’autres clients, notamment en matière de construction, les chantiers ne sont plus accessibles depuis mi-mars, affectant plus de 30.000 personnes. On pourrait donc s’attendre à ce que le recours aux avocats externes, conseillant les parties impliquées dans l’exécution de leurs projets immobiliers, ralentisse. Cependant, la crise engendre un grand nombre de défis juridiques concernant l’application de certaines dispositions contractuelles, en matière de droit du travail ou de santé, créant donc une charge de travail additionnelle inattendue.
Un défi à relever vers une mutation à long terme
Afin de saisir ces opportunités, les cabinets d’avocats doivent déjà s’être remis en question et avoir aligné leur modèle d’affaires avec les évolutions générationnelles, amorcé la communication digitale et déterminé les axes, objectifs et obstacles à l’innovation pour redéfinir leurs stratégies et positionnement sur les marchés concernés. Sans cette réflexion stratégique, les cabinets de la Place luxembourgeoise doivent s’attendre à perdre des parts de marché, semaine après semaine, faute d’avoir su s’adapter aux besoins de leurs clients en cette période de crise sanitaire et financière. En période de crise, la coordination des activités des cabinets d’avocats doit être parfaite. Nous devons montrer l’exemple à nos clients.
Poursuivre sa mutation digitale, pour un cabinet d’avocats international tel que Loyens&Loeff, nécessite tout d’abord la mise en place globale d’une infrastructure IT basée sur la mobilité et offrant les fonctionnalités permettant d’accéder aux fichiers clients et de tenir des réunions virtuelles en toute sécurité. La mobilité augmente le risque de cyberattaques et les investissements nécessaires pour éliminer – ou à tout le moins réduire – ce risque sont conséquents.
Les cabinets d’avocats ne peuvent pas se permettre d’arrêter d’innover, et la crise sanitaire nous force à offrir de nouveaux services plus adaptés et compétitifs visant de nouveaux marchés.
Il s’agit également pour les cabinets d’optimiser leur efficacité dans la délivrance de services juridiques, par exemple en améliorant les processus internes (KYC, compliance, traitement de larges quantités d’informations, etc.) et en explorant de nouvelles techniques de communication privilégiant l’aspect humain des contacts avec les clients (podcasts juridiques, webinaires, etc.)
Les cabinets d’avocats ne peuvent pas se permettre d’arrêter d’innover, et la crise sanitaire nous force à offrir de nouveaux services plus adaptés et compétitifs visant de nouveaux marchés.
Retournerons-nous à nos anciennes habitudes une fois la crise passée? C’est peu probable. Le gain de temps permis par le télétravail et l’équilibre de vie trouvé, lorsque le rendement et la productivité sont au rendez-vous, nous obligent à une remise en question constante de nos acquis, à la lumière des dernières innovations technologiques et d’un futur repensé.