Pour Compellio et son fondateur et CEO, Denis Avrilionis, la bourse de recherche du ministère de l’Économie va permettre de lancer une technologie de traçage doublée de nouveaux processus d’intégration. (Photo: archives Maison moderne)

Pour Compellio et son fondateur et CEO, Denis Avrilionis, la bourse de recherche du ministère de l’Économie va permettre de lancer une technologie de traçage doublée de nouveaux processus d’intégration. (Photo: archives Maison moderne)

Finaliste du concours d’innovation de la Commission européenne, retenue par le premier Blockchain Lab du Luxembourg puis pour un projet de recherche à 600.000 euros par le ministère de l’Économie, Compellio a vécu une année à part. Le point avec son fondateur, Denis Avrilionis.

«Ils se sont réveillés avec la gueule de bois.» Mars. Denis Avrilionis fait partie de ces entrepreneurs innovants qui ont décidé d’essayer de faire du Covid-19 une opportunité. «Tout le monde a dû bouger et se bouger», confie l’entrepreneur d’origine grecque. «Nous avons dû rassurer nos clients et ils ont bien compris que le fait d’adopter une technologie de pointe, cela confortait leur marque, leur image et donc leur visibilité.»

Au début de l’année, vous avez présenté votre bouchon connecté, grâce à la blockchain, avec le leader mondial Guala Closures Group. En cette fin d’année, vous obtenez une bourse de recherche de 600.000 euros du ministère de l’Économie. Parce que cette technologie va bien au-delà des amateurs éclairés de vin, non?

Denis Avrilionis. – «Tout le monde nous parle en permanence de blockchain, de smart contracts et de mots à la mode comme ceux-là, sans qu’on puisse vraiment en voir l’utilité dans des sujets très concrets. Comme si cela allait tout résoudre, d’un coup de baguette magique! Et tout le monde est dans une sorte d’excitation. Nous, nous avons décidé de montrer la faisabilité de cette technologie de preuve d’une information à partir du cas concret des bouteilles de vin.

À partir de ce dispositif, celui qui achète une bouteille sait non seulement tout du producteur et de la bouteille, mais il peut intégrer un programme de fidélisation, par exemple, et le producteur a des données pour analyser son marché, là où le distributeur habituel ne lui en donne pas. À cinq mètres près, il peut voir où sa bouteille est débouchée. C’est symbolique, mais ça explique la force de cette technologie.

Mais est-ce que c’est transposable à d’autres activités? Et de quelle manière?

«C’est tout l’objet de la bourse de recherche du ministère de l’Économie! Pourquoi la blockchain ne renverse pas tout, d’un seul coup? Parce qu’il faut intégrer cette nouvelle technologie à ce qui existe et c’est loin d’être si simple! Il y a l’existant et il y a des réglementations comme le RGPD et la question de la confidentialité. Nous allons développer une nouvelle génération d’intégration qui reprend tout ce contexte, c’est cela qui est intéressant. On est plus près de la recherche fondamentale et c’est aussi pour cela que nous sommes contents d’intégrer la première promotion du Blockchain Lab du Luxembourg. Nous sommes aussi contents d’avoir la Cour européenne des comptes dans nos clients.

Mais oui, on pourrait l’utiliser dans la chaîne logistique, quel que soit son type, ou dans les secteurs de l’agriculture et de l’alimentaire. Ça établit l’authenticité d’un produit, ajoute des preuves d’origine, quel que soit le type de blockchain, privée ou publique. Ce qui permet de l’utiliser aussi bien avec ethereum et bitcoin que dans le secteur public. Avec le développement de l’internet des objets, ça ouvre des possibilités.

Le dispositif sur un bouchon induit un coût opérationnel non négligeable, non?

«Justement, c’est un autre volet de la technologie: la puce NFC sur un produit de luxe, ça a un coût négligeable, et un QR code, par exemple, sur un produit de consommation courante, ça ne représente pas un gros effort non plus. Et dans les deux cas, la valeur ajoutée en termes de réputation et de marque dépasse largement les coûts.»