La pluie tombe à l’extérieur du Kinepolis du Kirchberg. Comme un coup de pouce le jour de la . À l’intérieur, un jeune homme scrute les affiches. Plusieurs petits groupes réservent leurs places aux bornes automatiques, comme Marianna Rodrigues et Vania Almeida, deux amies de 18 et 19 ans. Elles n’ont pas encore fait leur choix et visionnent quelques bandes-annonces sur leur téléphone.
«Nous passions devant le cinéma, nous nous sommes souvenues qu’on était le 17 et que c’était ouvert alors nous avons décidé d’aller voir un film», expliquent-elles. Les deux mois de fermeture leur ont semblé longs. «J’aime beaucoup le lieu, l’ambiance, le pop-corn», détaille Marianna Rodrigues. Une atmosphère qu’elle n’arrive pas à reproduire chez elle.
Plus loin, Mario Horto, étudiant en film et photographie, trouve important de «soutenir les cinémas» pour leur réouverture et «faire vivre l’industrie du cinéma». Il réserve son ticket sur l’écran tactile pour aller voir le film sud-coréen «Parasite».
À l’étage, l’odeur du pop-corn nous envahit les narines. Un parfum auquel n’a pas pu résister Ruben Janner, qui s’empare d’un paquet. Il le dégustera devant le film d’animation «En avant», accompagné par sa sœur et de son ami. Le jeune homme de 18 ans, fan de Marvel, ne se souvient pas à quand remonte sa dernière séance. Pourtant, le cinéma lui avait manqué.
«De Gaulle» et «En avant», films stars
«Les films qui marchent le mieux sont ‘De Gaulle’, la nouveauté, et ‘En avant’, dont la diffusion a été interrompue par le Covid-19», remarque Christophe Eyssartier, directeur de Kinepolis Luxembourg. Une dizaine d’œuvres étaient à l’affiche pour la reprise dans ses trois cinémas, avec des premières séances dès 13h. Des nouveautés, mais aussi des rediffusions pour combler le manque de sorties. «Nous projetons quelques films de Nolan pour mettre l’eau à la bouche avant la sortie de ‘Tenet’ en juillet», illustre-t-il.
Le directeur se réjouit de l’ouverture, même s’il est «trop tôt pour faire un bilan». «Beaucoup de gens achètent encore leurs billets sur place.» D’habitude, les réservations en ligne représentent 20 à 30% des ventes. Hier soir, avant la réouverture, elles étaient à un niveau similaire à celui de l’année dernière à la même date.
Trois sièges entre chaque groupe
«L’important, c’est que les clients retrouvent la confiance et se sentent en sécurité», ajoute Christophe Eyssartier. Pour cela, des distributeurs de gel hydroalcoolique trônent ici et là dans le hall. Des paquets de lingettes permettent de se désinfecter les mains après avoir utilisé l’écran tactile. Une équipe dédiée veille en permanence à ce qu’ils restent bien remplis et nettoie les surfaces. En salle, les places sont numérotées. Trois sièges vides sont laissés entre les ménages, ce qui ne permet qu’un taux de 30% de remplissage. Les règles d’hygiène sont rappelées par de grandes affiches et une dernière annonce juste avant le film: «toussez dans votre coude», «restez à votre place attribuée» et «portez le masque pour sortir». Le directeur compte ensuite sur l’«autodiscipline». Entre chaque séance, les salles sont entièrement désinfectées.
Pour la suite, le directeur a encore du mal à se projeter. «Nous sommes conscients que le redémarrage se fera par étapes. La programmation va s’élargir au fur et à mesure de l’été avec d’autres sorties.» Le cinéma a déjà enregistré quelques réservations pour le week-end. Si l’on en croit la météo, le temps pourrait de nouveau jouer en sa faveur…