Quelle est la valeur ajoutée du projet d’acquisition de Degroof Petercam?
Jacques Prost. – «Pour pouvoir répondre à votre question, il faut tout d’abord vous dire qu’Indosuez Wealth Management est la filiale de gestion de fortune du groupe Crédit Agricole, dixième banque au monde par le bilan, qui gère plus 130 milliards d’actifs. Avec près de 3.000 collaborateurs, nous sommes présents dans une dizaine de pays à travers le monde, en Europe principalement (Belgique, Espagne, France, Italie, Luxembourg, Monaco et Suisse), en Asie-Pacifique (Hong Kong RAS, Nouvelle-Calédonie et Singapour) et également au Moyen-Orient (Émirats arabes unis).
Nous disposons donc d’un réseau international et notre clientèle, composée d’entrepreneurs et de familles historiques notamment, est assez proche de celle de Degroof Petercam. Nous avons la chance de faire partie du groupe Crédit Agricole, une banque d’envergure mondiale qui bénéficie d’une stabilité actionnariale très forte en tant que banque mutualiste et d’une solidité financière reconnue. Ce sont deux éléments très importants pour tous nos clients.
Indosuez Wealth Management est également le portail d’entrée pour nos clients au sein du groupe Crédit Agricole. Nous pourrons proposer aux clients de Degroof Petercam l’accès à notre réseau international et à toutes les expertises du groupe, comme la gestion d’actifs, l’assurance ou encore le crédit à la consommation par exemple, métiers dans lesquels Crédit Agricole est leader.
La capacité de financement du groupe est également un avantage compétitif très important. Nous avons la possibilité de pouvoir prêter à nos clients notamment dans l’immobilier ou encore pour accompagner nos clients corporate dans leurs développements.
Nos activités sont également très complémentaires. Par exemple, Degroof Petercam dispose d’une activité d’Investment Banking, très tournée vers les entrepreneurs, qui permettrait d’étoffer notre offre.
Ce projet d’acquisition permettrait d’offrir aux clients des services à forte valeur ajoutée grâce à la combinaison des savoir-faire ainsi qu’à l’accès au réseau international et aux capacités de financement du groupe Crédit Agricole. Il s’agit d’un projet pertinent et créateur de valeur pour toutes les parties prenantes.
Les jeunes générations de ces familles s’intéressent de plus en plus aux nouveaux produits ou secteurs d’investissement, comme la blockchain par exemple ou les cryptomonnaies. Est-ce des sujets que vous considérez aussi?
«Effectivement, nous sommes très attentifs à ces tendances autour des nouvelles technologies. Nous avons d’ailleurs une offre d’investissement en private equity, avec des sociétés qui, à travers la tech, contribuent à la transformation des entreprises pour répondre aux défis climatiques. Car pour faire mieux en matière d’ESG, il faut davantage d’innovation technologique.
Parmi les initiatives que nous avons mises en place, comme Degroof Petercam également, nous disposons d’une offre à destination de la NextGen, c’est-à-dire les enfants de nos clients ou les jeunes entrepreneurs qui ont déjà construit leur patrimoine dans l’innovation ou la tech par exemple. Et puis, il faut également pouvoir répondre à leurs besoins plus «classiques». Ils ont souvent besoin d’investir dans l’immobilier ou de diversifier leur patrimoine et nous devons être capables de répondre à cela en tant que partenaire financier.
Dans la communication de ce vendredi matin, on comprend que la réunion des différentes entités va s’appuyer sur vos technologies propres. De quoi faire monter des inquiétudes. Au Luxembourg, Indosuez compte 400 personnes et Degroof Petercam 430. Qu’est-ce que cette acquisition va avoir comme impact sur les effectifs?
«Je donnerai deux réponses. Tout d’abord, il s’agit d’un projet ambitieux, d’un très beau projet qui reste soumis aux autorisations des autorités concernées. Nous estimons que le potentiel de développement est très important parce que nous pourrons déployer une gamme de produits et de services de deux références sur le marché. Nous aurons la possibilité de déployer ces expertises complémentaires pour notre clientèle existante, mais également pour une nouvelle clientèle. Nous avons des ambitions très importantes en matière de conquête de nouveaux marchés et de coopération avec les différentes entités et les différents métiers du groupe Crédit Agricole. Nous prévoyons de mettre en place une équipe pour orchestrer la mise en œuvre de ces coopérations, ce qui prendra du temps, parce que l’exécution de ce plan de coordination sera la clé de la réussite du projet.
Une deuxième réponse, un peu plus technique, est que nos effectifs à Luxembourg joueront un rôle prépondérant dans le pilotage de nos différentes activités en Europe. Nous aurons beaucoup de projets et besoin de toutes les équipes pour mener tout cela à bien.
La finalisation du deal est prévue pour la fin de l’année ou le début de l’année prochaine. Quand estimez-vous être prêt sur le plan opérationnel?
«Il y a deux étapes. La première consiste en l’acquisition de 59%-60% de l’actionnariat. Nous prévoyons la finalisation du processus d’acquisition après avoir reçu toutes les autorisations des autorités de tutelle aux alentours du deuxième trimestre de l’année prochaine. L’offre que nous ferons aux autres actionnaires s’étendra jusqu’au mieux à la fin de l’année 2024, début 2025. À partir de ce moment-là, nous pourrions être opérationnels.
Un mot peut-être sur le fait que la famille Cigrand (CLdN) reste à bord, avec ses 20%. C’est plutôt une bonne nouvelle?
«Merci de votre question. Tout d’abord, le groupe Crédit Agricole a une longue tradition de coopération avec des partenaires locaux, et dans le cadre de ce projet d’acquisition, nous souhaitions pouvoir nous appuyer sur un actionnaire de référence. Présent au capital depuis 2011, CLdN connaît très bien la banque et ses activités et c’est important qu’ils veuillent rester partie prenante. Cela témoigne de notre volonté de maintenir des racines profondes et durables en Belgique. Nous avons partagé avec eux nos ambitions de développement et nous sommes très heureux de la collaboration à venir.»