Deux grands bus patientent rue du Gaz à Differdange, devant l’EIDE (École internationale de Differdange et Esch-sur-Alzette). Deux autres sont stationnés à un kilomètre de là, sur le site de la Miami University. De l’extérieur, ils ont tout l’air de cars Sales-Lentz classiques, vert et blanc. Mais à l’intérieur, tout a été transformé. Au lieu des fauteuils moelleux, une dizaine de tables en bois, séparées les unes des autres par des plaques en plexiglas et entourées de sièges d’école. Au volant, l’enseignant a pris la place du chauffeur et a même droit à son propre pupitre.
Ce sont en fait les bus-classes mis en place par Sales-Lentz pour aider à la reprise des cours à effectif réduit. Les quatre ont été commandés par Differdange pour ses élèves qui ont repris le chemin de l’école fondamentale le lundi 25 mai.
17.000 euros
Le coût pour louer un tel bus: 17.000 euros tout compris (sauf les chaises qui viennent de l’établissement) jusqu’à la fin de l’année scolaire. Sales-Lentz s’est inspiré d’une initiative allemande. Un car peut accueillir une dizaine d’écoliers, en plus du professeur.
«Il faut pas mal de main-d’œuvre et plusieurs heures de travail pour désosser le bus, enlever les sièges, tout l’équipement. Nous avons fait appel à un menuisier qui a établi les plans à l’intérieur. Notre designer a ensuite travaillé sur un modèle adapté aux enfants au niveau du choix des couleurs, etc.», décrit Fabrizio Romano, directeur général de Sales-Lentz Autocars.
«Nous avions eu pas mal de demandes», sourit-il. «Finalement, beaucoup de communes ont réussi à s’organiser autrement avec les salles des fêtes, etc.»
L’entreprise peut compter sur d’autres projets. Cet été, elle mettra gratuitement l’un de ses bus-classes à disposition de l’UP Foundation. «Ils l’utiliseront comme salle de classe roulante pour proposer leurs services éducatifs dans différentes écoles du pays.»
Des minibus-parloirs
Ses véhicules quittent même le chemin de l’école, direction les maisons de soins. «Nous avons fait une déclinaison de nos minibus en parloirs pour rendre visite aux personnes âgées», poursuit Fabrizio Romano. Là encore, beaucoup d’établissements ont montré leur intérêt, mais un seul a passé commande. Son identité reste pour le moment confidentielle, mais le minibus-parloir devrait être livré la semaine prochaine. Fabrizio Romano ne donne pas non plus le prix du parloir, mais révèle que «sur un minibus, on est à un dixième des coûts fixes d’un bus. On est plutôt sur quelques centaines d’euros.»
De jolis projets de réorientation des services qui ne suffisent pas à couvrir les pertes de l’entreprise de transport et de voyages, .
Même si , Sales Lentz, qui réalise 50% de son chiffre d’affaires grâce au tourisme, n’enregistre pas de nouvelles réservations. «Nous attendons encore les décisions que prendront les différents pays et nous ne savons pas comment vont se comporter les clients cet été, s’ils vont encore partir.» Fabrizio Romano s’attend à une baisse de 75% du chiffre d’affaires en 2020. «Heureusement, nous ne sommes pas dépendants à 100% du tourisme et notre activité d’autocaristes nous permet de survivre». La route du retour semble bien longue pour Sales Lentz.