L’association française L’Burn a été créée en 2019, à Bordeaux. Depuis cette date, la structure revendique l’accompagnement de plus de 2.400 femmes, ainsi que la formation et la sensibilisation de 15.000 personnes. Sa singularité? L’Burn se consacre à l’accompagnement des femmes en situation d’épuisement professionnel.
«Nous avons choisi de nous concentrer sur les femmes, car elles sont surreprésentées dans les situations de burn-out, de l’ordre de deux fois plus, notamment en raison de la charge mentale et des inégalités persistantes dans la répartition des rôles», explique la fondatrice de l’association, Anne-Sophie Vives, lauréate de la septième édition du Degroof Petercam Foundation (DPF) Award. Ce prix est récompensé d’un don de 1 million d’euros répartis sur cinq ans, ainsi que par l’accès au réseau de la Fondation Degroof Petercam.
«Cependant, les outils et méthodologies développés sont évidemment transposables à un public masculin», précise Anne-Sophie Vives. «Grâce au soutien de nouveaux partenaires, l’association va pouvoir démarrer une nouvelle phase de développement pour notamment essaimer notre modèle. L’un des axes sera orienté sans doute vers l’ouverture d’ateliers mixtes.»
Affronter le mal en trois temps
«En tant que fondatrice, j’ai moi-même traversé un burn-out, ce qui m’a permis de mesurer l’ampleur du vide dans l’accompagnement proposé aux femmes», se remémore la dirigeante de L’Burn, dont «le programme a été construit en collaboration avec des experts de la santé mentale (chercheurs, psychologues et médecins), des coachs spécialisés en reconversion et des femmes ayant elles-mêmes traversé un burn-out».
Ce dernier «repose sur une approche en trois temps: comprendre le burn-out et ses mécanismes; se reconstruire avec des outils concrets et un accompagnement humain; et, enfin, retrouver un projet professionnel ou personnel aligné avec ses valeurs et ses besoins profonds».
«L’idée était de sortir d’une approche purement médicale pour proposer un parcours complet, à la fois thérapeutique, collectif et tourné vers la reprise de pouvoir sur sa vie», résume Anne-Sophie Vives.
Une méthode novatrice contre le burn-out
Dans le détail, la «méthode» mise au point par L’Burn comporte plusieurs «étapes clés».
Tout d’abord, un temps d’écoute «pour poser les mots justes sur la situation vécue et orienter vers une prise en charge psychologique, médicale et sociale».
S’ensuivent des ateliers collectifs, «adaptés à chaque stade de reconstruction, pour briser l’isolement et bénéficier de la force du groupe», en permettant «aux femmes d’arriver à récupérer, à diminuer leurs ruminations, à se réapproprier leur corps».
«Quand elles ont un peu plus d’énergie», sont proposés des ateliers «pour connaître leurs droits, pour définir leurs besoins tant personnels que professionnels et ainsi créer les bases d’un nouvel équilibre de vie» et «pour, enfin, se projeter professionnellement par la levée des freins, la valorisation de leurs compétences et la préparation d’un nouveau projet de vie».
Une autre étape consiste en «la remise en activité progressive et sécurisée au sein de l’association en leur confiant des tâches pour aider les autres. Elles peuvent y proposer des ateliers, développer un projet. Cela leur permet de se retester, de reprendre confiance dans leurs capacités et de retrouver du sens. C’est de l’empowerment.»
«Chaque année, nous clôturons par un événement de jobdatings avec des entreprises qui s’engagent sur les questions de qualité de vie au travail et d’inclusion», indique Anne-Sophie Vives. «Nos résultats sont très encourageants: les femmes accompagnées repartent avec une meilleure connaissance d’elles-mêmes, une vision claire de leurs besoins et souvent un projet professionnel ou personnel renouvelé, mieux aligné.»
«Pourquoi pas un jour le Luxembourg?»
Le DPF Award «représente une formidable opportunité d’accélération pour L’Burn», qui dispose d’une maison d’accueil à Bordeaux et de trois antennes locales ailleurs en France, se réjouit la dirigeante. «Il va nous permettre de structurer notre développement, de dupliquer notre modèle sur de nouveaux territoires, de créer une véritable plateforme numérique de ressources et d’entraide. Nous allons renforcer nos actions de prévention en entreprise pour créer un réseau d’entreprises engagées. Enfin, cette reconnaissance participe à renforcer la légitimité de nos actions, ce qui facilitera la création de nouveaux partenariats, tant au niveau local et national qu’européen.»
À ce titre, «l’international fait partie de notre feuille de route. Nous avons identifié plusieurs pays où la problématique du burn-out féminin est tout aussi criante, notamment dans les pays frontaliers [de la France], comme la Belgique. De premiers contacts ont déjà été établis. Pourquoi pas un jour le Luxembourg? Avec son tissu d’entreprises internationales et son taux de burn-out, il y a beaucoup à faire», termine Anne-Sophie Vives. D’après le Quality of Work Index 2024, .