Après l’ouverture de ses premiers bureaux satellites à Windhof et Belval, KPMG s’installera à proximité de la frontière allemande en janvier 2024, au Potaschberg. (Photo: KPMG)

Après l’ouverture de ses premiers bureaux satellites à Windhof et Belval, KPMG s’installera à proximité de la frontière allemande en janvier 2024, au Potaschberg. (Photo: KPMG)

KPMG prévoit d’ouvrir son troisième bureau satellite en 2024, tandis que PwC en compte déjà sept. Deloitte en propose un à Belval. Contre zéro pour EY. Un avantage qui peut pourtant peser dans la balance dans le recrutement de futurs talents.

Et de trois. KPMG vient de trouver un nouveau bureau satellite près de la frontière allemande, au Potaschberg. Ouverture de 80 places prévue en janvier 2024. Le Big Four en comptait déjà deux, aux frontières française et allemande. PwC en dispose de son côté de sept. Deloitte en revendique un. EY aucun.

«Ce n’est pas une solution miracle, mais une alternative qui mérite d’être envisagée», analyse , chasseuse de têtes. «Neuf fois sur dix, on me demande quel est le degré de flexibilité» de l’entreprise qui cherche à recruter. «Question qu’on me posait rarement» avant le Covid. Les bureaux satellites sont alors «un des moyens pour» favoriser l’équilibre entre vie privée et professionnelle.

«Cela diminue la durée des bouchons, on arrive moins stressé, moins en retard, et on est plus productif», résume-t-elle. Il reste tout de même important de prévoir plusieurs jours par semaine au siège – deux dans l’idéal selon l’experte – pour «ne pas perdre la culture d’entreprise et l’esprit d’équipe».

Ce sont les valeurs et les avantages qui feront la différence.
Caroline Lamboley

Caroline LamboleyCEOLamboley Executive Search

Le bureau satellite représente-t-il un avantage concurrentiel pour un Big Four, par rapport à un autre qui n’en aurait pas? «Je pense. Un auditeur fonds dans les quatre Big Four fera le même job. Il ne faut pas se leurrer, les salaires sont identiques. Ce sont les valeurs et les avantages qui feront la différence. Voiture de société, tickets-restaurant… Ils ont à 95% la même chose. Si l’un dit “chez nous vous n’êtes pas obligés d’affronter les bouchons”, les candidats y seront sensibles».

Des bureaux à moitié vides en moyenne

KPMG y voit ainsi un «moyen d’offrir la palette la plus large» à ses salariés, explique son managing partner, .

Ceci malgré le fait que ses deux premiers bureaux satellites ne sont pas toujours pleins. Les 55 places à Windhof, près de la frontière belge, sont occupées à 50% en moyenne et les 120 sièges de Belval, côté français, à 40%.

L’avenir ne va pas vers un modèle éclaté en termes d’organisation des bureaux.
David Capocci

David Capoccimanaging partnerKPMG

D’abord réservés aux frontaliers lors de leur inauguration à la rentrée 2022, ces bureaux ont ensuite été ouverts aux résidents. Cela a permis d’augmenter «de 8 à 10% les taux d’occupation», pour arriver à ceux énoncés.

«Pour l’instant, nous n’envisageons pas de réduire» leur nombre, affirme David Capocci. «Cela nous a permis de nous rendre compte que l’avenir ne va pas vers un modèle éclaté en termes d’organisation des bureaux. Qu’un siège accueillant permet l’intégration».

Deux jours par semaine au siège

Il explique leur occupation de moitié par la «volonté de rencontrer les collègues». Mais aussi par le fait que les bureaux satellites ne sont pas situés au plus près du domicile de chacun. Un frontalier de Thionville, par exemple, ne mettra pas moins de temps pour aller à Belval qu’au Kirchberg.

Les réservations de bureaux se font en ligne. «Tout le monde y a accès. Nous avons mis en place les systèmes de sécurité informatique et de protection des données» le permettant.

Les salariés doivent venir deux jours par semaine au minimum au siège, qui compte 1.106 places. Sur les 1.755, 974 résident au Grand-Duché, 333 en France, 287 en Allemagne et 161 en Belgique.


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Sept bureaux et encore à la recherche de nouveaux

PwC avait ouvert son premier bureau satellite bien avant le Covid, fin 2018, à Wemperhardt (27 places). En 2019, Oberpallen (60 places), Wecker (30 places) et Belval (60 places) ont suivi. Les trois derniers datent de 2022: 60 places à , 80 à Dudelange et 60 à Pétange. Les taux d’occupation varient de l’un à l’autre: 50% pour le premier, quasi 100% pour le second, Mondorf et Dudelange, une «utilisation importante» pour Pétange et inférieure à 50% pour Wecker et Belval, même si les chiffres précis ne sont pas donnés.

Malgré cela, «nous continuons à en chercher, principalement pour les frontaliers français qui sont les plus nombreux (1.051 sur 3.385 salariés) et subissent le plus les contraintes de temps de déplacement». Mais aussi à la frontière allemande (203 salariés) et belge (438 salariés).

Ils disposent aussi de 2.900 places au siège. Ici ou à la frontière, il faut réserver sa place en ligne. La règle est de venir «au minimum une fois par semaine dans un de nos bureaux», même si Dominique Laurent, managing director, note en pratique «une présence de trois à quatre jours au siège».

Deloitte discret, «hors stratégie» pour EY

Période d’essai et stages ne donnent pas droit aux bureaux satellites, tout comme les fonctions qui nécessitent une présence quotidienne au siège (réceptionniste, ressources humaines). «Chaque bureau est doté des mêmes technologies de contrôle d’accès et de sécurité physique et IT.»

Deloitte a de son côté refusé nos demandes d’interview. L’entreprise aux 2.230 salariés explique seulement «considérer les bureaux satellites parmi d’autres options». Interrogée sur son site à Belval (dans le bâtiment Terres Rouges), sur lequel le Big Four communiquait en et en comme étant prévu pour accueillir 250 salariés dédiés à l’industrie financière, l’entreprise répond qu’il s’agit désormais d’un vrai bureau satellite. Depuis quand est-il devenu flexible? À combien de salariés d’autres services est-il ouvert? Aucun détail n’a pu être fourni.

«L’ouverture de bureaux satellites ne fait pas partie de notre stratégie pour le moment», répond-on du côté de EY. «Nous attachons une grande importance à la flexibilité et au télétravail, mais nous considérons que la transmission de connaissances et la collaboration entre équipes sont facilitées par une présence commune au sein de nos bureaux.»