Pour permettre le développement, le déploiement et l’utilisation de l’intelligence artificielle (IA) et encourager la recherche ainsi que l’innovation dans le domaine, tout en veillant à la mise en œuvre cohérente de la réglementation applicable, la Commission européenne a créé son bureau de l’IA. Il est composé de cinq unités, chacune ayant son domaine d’expertise et d’action spécifique. Et l’une d’entre elles, nommée «unité d’excellence en IA et robotique», est basée au Luxembourg, sous la direction de Cécile Huet, qui travaille pour la Commission depuis plus de 20 ans.
L’équipe luxembourgeoise est composée d’une petite vingtaine de personnes, principalement des ingénieurs, mais aussi des experts en sciences humaines, des économistes, des juristes et des assistants financiers. Car l’unité gère un portefeuille d’environ 130 projets de recherche, de développement et de déploiement de l’IA, notamment dans le cadre d’Horizon Europe, le principal programme de financement de l’Union européenne (UE) pour la recherche et l’innovation. Elle coordonne également l’initiative «GenAI4EU», qui soutient les jeunes pousses et PME actives dans les 14 écosystèmes industriels européens – parmi lesquels figurent la robotique, la santé, la production, la mobilité ou encore le climat.
Toujours pour soutenir le développement de l’IA en Europe, l’équipe de Cécile Huet accompagne les porteurs de projets, qui bénéficient des installations de test et d’expérimentation («testing and experimentation facility» ou TEF) mises en place par la Commission et qui ont démarré en janvier 2023. L’initiative consiste à proposer des infrastructures de test aux développeurs, dont l’une d’elles se trouve au Luxembourg, afin qu’ils puissent tester leur projet dans des environnements proches de la réalité. Les TEF sont proposés dans quatre secteurs: l’agroalimentaire, la santé, la fabrication (manufacturing), ainsi que les villes et communautés intelligentes. Cela représente un budget de 220 millions d’euros, dont 50% sont financés par la Commission et le reste par les États membres concernés ou l’organisation elle-même.
L’avantage d’une unité basée au Luxembourg
L’unité luxembourgeoise existe en réalité depuis 2004 et était à l’époque nommée «unité systèmes cognitifs». Au fil des évolutions technologiques, elle a ensuite été consacrée à la robotique intelligente, puis a été désignée comme unité de l’IA. En 2018, une autre unité s’est créée pour la coordination et les aspects liés à la réglementation. Désormais unité chargée de l’excellence en matière d’IA et de robotique, l’équipe luxembourgeoise travaille évidemment avec les autres unités installées à Bruxelles qui composent le bureau de l’IA.
Elles collaborent sous la forme de «task force» sur les sujets transversaux qui concernent plusieurs unités, car le but final est de créer un véritable écosystème pour les acteurs de l’IA, de la recherche jusqu’au déploiement de leurs solutions. Avoir une partie du bureau installé au Luxembourg présente un certain avantage, car c’est là aussi qu’est basée l’unité en charge des données, dirigée par Yvo Volman.
Ce travail collaboratif garantit aussi une mise en œuvre plus efficace de la nouvelle réglementation sur l’IA (le «AI Act»). Le bureau est en charge de l’implémenter, d’en simplifier la compréhension et d’en informer les acteurs concernés. Pour l’unité de Cécile Huet, il s’agira surtout de communication et de simplification, la recherche étant exclue de la réglementation.
Le bureau de l’IA emploiera à terme plus de 140 personnes et a de grandes ambitions. L’un de ses objectifs principaux est de porter des projets de plus en plus importants en termes de taille et de budget pour avoir un impact plus important sur le marché. Avec le train de mesures sur l’innovation dans le domaine de l’IA à 4 milliards d’euros lancé au début de l’année 2024, la Commission veut mettre les aptitudes de l’Europe à l’échelle de ce qui se fait ailleurs, notamment du côté des États-Unis, afin de créer des modèles 100% européens. Cela passera par la mise à disposition de ressources en matière de capacité de calcul de données grâce à EuroHPC, une initiative conjointe de l’UE, des États membres et des partenaires privés visant à développer un écosystème de supercalcul de classe mondiale en Europe.