Pour Max Urbany, Tom Wirion et Marc Gross, le budget 2025 est ambitieux mais il ne s’attaque pas aux problèmes structurels de l’économie. (Photo: Chambre des métiers)

Pour Max Urbany, Tom Wirion et Marc Gross, le budget 2025 est ambitieux mais il ne s’attaque pas aux problèmes structurels de l’économie. (Photo: Chambre des métiers)

Si la Chambre des métiers constate une amélioration des finances publiques, elle regrette que le budget reste déficitaire et réclame une meilleure allocation des ressources financières de l’État et une maîtrise des dépenses de fonctionnement.

Pour , le directeur général de la Chambre des métiers, le budget 2025 est un budget ambitieux qui aurait mérité une meilleure optimisation des dépenses. S’il considère que l’amélioration des finances publiques prévue pour 2025 est une bonne chose, il se dit soucieux pour ce qui est de la soutenabilité des finances publiques à long terme. Pour la Chambre des métiers, sans cette soutenabilité, il sera impossible d’assurer une équité générationnelle. Dans son viseur, le remboursement de la dette publique – «une dette publique qu’un petit pays comme le Luxembourg ne peut pas se permettre de voir dépasser le seuil de 30% de son PIB» –, la hausse croissante des dépenses liées au vieillissement de la population qui devrait atteindre 28% du PIB à l’horizon 2070 et le dérapage programmé de l’actuel système de retraite.

Pour la Chambre des métiers, il faudrait créer plus de réserves, notamment en augmentant la dotation du fonds souverain intergénérationnel et se doter de règles budgétaires strictes. Des règles qui permettraient d’établir un budget par missions avec des objectifs à atteindre et qui généraliseraient la sélectivité sociale des transferts sociaux. Elle plaide notamment pour l’introduction d’un système de réduction progressive des allocations familiales en fonction des revenus.

Rationaliser les investissements

La bonne surprise pour la Chambre des métiers, c’est la hausse de 9% des recettes de l’administration centrale par rapport aux prévisions de 2022. Soit une manne de 2,3 milliards. Une manne dont elle déplore qu’elle ne soit pas prioritairement orientée vers des investissements essentiels pour le pays. Que la majorité des ressources financières de l’État soit orientée vers des dépenses de fonctionnement lui pose problème. Et elle rappelle que ces dernières années, un emploi sur deux a été créé dans la fonction publique. «Un déphasage qui met en exergue un déséquilibre macroéconomique structurel et fondamental.» Un déphasage qu’elle appelle à corriger, notamment en optimisant le fonctionnement de l’État. Pour Marc Gross, directeur des affaires publiques et analyses à la Chambre des métiers, il faut maîtriser les dépenses de fonctionnement de l’État via une simplification administrative, une digitalisation accrue et l’optimisation de la gestion du personnel, notamment en mesurant et en améliorant la productivité dans la fonction publique.

Si la Chambre des métiers salue la hausse de 4,7% des investissements par rapport à 2024 – soit 3,9 milliards budgété pour 2025 –, Marc Gross rappelle que «l’expérience montre que les investissements prévus ne sont habituellement pas tous réalisés». Ainsi pour l’année 2023, le taux d’exécution budgétaire est de seulement 85% (75% pour les investissements en gros œuvre et en génie civil). Par conséquent et compte tenu du contexte économique difficile, la Chambre des métiers préconise que l’État se donne les moyens pour accélérer les investissements publics via les adjudications publiques, indispensables pour stimuler l’activité économique dans le secteur de la construction.

La sécurité sociale dans le viseur

Le débat sur l’avenir des pensions ne pouvait pas ne pas s’inviter dans le débat budgétaire. Pour Max Urbany, directeur du service des affaires économiques, «dans un contexte d’un vieillissement de la population qui va inévitablement peser sur les dépenses de sécurité sociale avec un nombre de pensionnés croissant de 4,1% contre seulement 1,7% de personnes actives», des réformes structurelles «sont inévitables». «Des réformes dans la lignée de la réforme de 2012.» Il plaide pour l’allongement de la durée de cotisation et pour une meilleure adaptation des prestations à la situation financière, «ceci afin de préserver l’équité intergénérationnelle et garantir à terme la compétitivité économique du pays». La Chambre des métiers veut également mettre à niveau les régimes spéciaux pour la fonction publique en éliminant un financement prépondérant via le budget.

Pour l’assurance maladie-maternité, , la Chambre veut des «mesures incisives». Soit un moratoire sur de nouvelles prestations et dépenses avec en parallèle un audit en profondeur des dépenses actuelles.

Soutien aux PME

La construction, c’est un peu le cœur de l’activité de la Chambre des métiers. Une Chambre qui reconnaît les efforts du gouvernement dans le domaine du logement, avec un investissement de 480 millions d’euros sur la période 2024-2027 pour l’acquisition de Vefa. Elle encourage le gouvernement à être encore plus ambitieux, en mettant l’accent sur la construction de logements abordables en ayant recours aux modèles de partenariats publics-privés présentés récemment par le gouvernement. «Ces investissements publics permettent de maintenir l’emploi dans le secteur de la construction et de résoudre à moyen terme la pénurie de logements»

Le soutien aux PME est un élément crucial pour la croissance économique du Luxembourg. «Dans cette optique, la Chambre des métiers insiste sur une réduction conséquente des charges bureaucratiques, notamment par la digitalisation des services publics et à la simplification administrative, ainsi que par des incitations fiscales visant à encourager les investissements dans la transition écologique et digitale».

Enfin, la Chambre interpelle le gouvernement sur la nécessité d’adopter des actions législatives ciblées pour réduire l’absentéisme, un de ces chevaux de bataille. Elle propose notamment l’introduction d’un certificat d’incapacité de travail digitalisé et un calcul des jours de congé sur base des jours de présence.