Le député Dan Biancalana (LSAP), ici lors du dépôt du budget 2022 à la Chambre des députés le 13 octobre 2021, est le rapporteur de la loi et analyse le budget sous l’angle de la «sécurité existentielle». (Photo: Anthony Dehez/Chambre des députés/Flickr)

Le député Dan Biancalana (LSAP), ici lors du dépôt du budget 2022 à la Chambre des députés le 13 octobre 2021, est le rapporteur de la loi et analyse le budget sous l’angle de la «sécurité existentielle». (Photo: Anthony Dehez/Chambre des députés/Flickr)

La loi sur le budget 2022, qui sera votée à la mi-décembre, est considérée comme la plus importante de l’année. Son rapport, plus politique, sera l’occasion pour le rapporteur de la loi, Dan Biancalana (LSAP), de présenter le budget sous le prisme de la «sécurité existentielle».

Le budget 2022, qui sera présenté au vote lors de la semaine du 12 décembre, sera, selon le , (LSAP), le budget de la reprise et de la relance économique, après presque deux ans de crise suite à la pandémie de Covid-19.

Considérée comme la loi la plus importante de l’année, son rapport a une forte teneur politique. Le député Dan Biancalana a choisi de présenter le budget selon le prisme de la «sécurité existentielle», une problématique «présente dans la vie des individus et encore davantage en période de crise».

Pourquoi avoir choisi d’être rapporteur du budget?

Dan Biancalana. – «C’est une chance d’avoir une vue générale sur les finances publiques. La mission est très intéressante, elle permet d’élargir ses connaissances et son horizon, d’avoir une vue d’ensemble, plus macroéconomique. Donc c’est un exercice plus qu’utile. Et j’ai de l’intérêt pour cette matière complexe.

Mais c’est aussi un défi. Je le découvre tous les jours avec les acteurs institutionnels, lors des réunions des différentes commissions parlementaires et lors de mes rencontres avec des acteurs qui sont en lien avec les touches personnelles que je veux apporter.

J’imagine que vous vous faites aider…

«J’ai déjà depuis sept ans, en tant que bourgmestre, l’expérience du budget de la ville de Dudelange. Mais, bien sûr, il y a une préparation à faire. Il faut investir beaucoup de temps dans la lecture des avis, dans les réunions des commissions.

C’est un travail d’échange, pas un travail en solitaire.
Dan Biancalana

Dan Biancalanadéputé

Mais nous sommes accompagnés d’un attaché parlementaire qui est spécialiste des finances publiques et de l’économie. Et, en fonction des autres thématiques abordées, d’autres attachés parlementaires s’y ajoutent. De manière générale, c’est un travail d’échange, pas un travail en solitaire.

Qu’est-ce qui caractérise ce budget 2022?

«C’est le budget de la reprise économique et de la relance. On le voit avec la croissance économique: le Luxembourg a bien géré la crise si on compare avec la zone euro, avec une baisse de 1,8% du PIB en 2020, puis avec +6% pour 2021, et, enfin, au niveau pluriannuel, environ 3% de croissance par la suite.

En outre, avec les mesures du gouvernement, 15.000 emplois ont été sauvegardés, ce qui permet aussi de contribuer à la relance économique.

La dette publique a tout de même fortement augmenté…

«La dette publique, si elle a augmenté et pointe désormais à hauteur d’environ 26,6% du PIB, reste en dessous des 30%, ce qui était l’objectif. Il faut bien sûr rester vigilant. Mais, dans le budget 2022, les investissements représentent entre 4 et 5% du PIB, soit 3,2 milliards, et cela contribue aussi à la relance économique. Or, faire des investissements publics, cela augmente la dette, mais si cela reste maîtrisé, je ne le vois pas comme quelque chose de négatif.

Faire des investissements publics, cela augmente la dette, mais si cela reste maîtrisé, je ne le vois pas comme quelque chose de négatif.
Dan Biancalana

Dan Biancalanadéputé

Au niveau pluriannuel, le Conseil national des finances publiques (CNFP) prévient que l’augmentation des coûts liés au vieillissement de la population risque de mettre à mal la soutenabilité des finances publiques à long terme…

«Le budget de la Sécurité sociale est toujours en excédent. Cela diminue en effet dans le cadre du financement pluriannuel. Mais, pour le moment, il permet de payer sans souci cinq ans de pensions sans avoir de recettes. Donc il y a des enjeux qui vont devoir être discutés, mais pas dans le cadre du budget 2022.

Cela dit, le budget pluriannuel reste important, car justement il permet de poser des questions. Mais, comme plein d’autres éléments, il faut garder cela à l’œil, sans minimiser certains propos, sans les exagérer non plus.

Mais faudra-t-il à terme une réforme du système des pensions?

«Pour l’instant, la réforme des pensions ne fait pas débat, cela n’est pas dans le programme de coalition. Mais il faudra en discuter.

La réforme des pensions ne fait pas débat, cela n’est pas dans le programme de coalition. Mais il faudra en discuter.
Dan Biancalana

Dan Biancalanadéputé

Le rapport du budget est un rapport politique. Quelle thématique avez-vous décidé de mettre en avant?

«Je me suis attelé à la thématique de la sécurité existentielle, dans le sens d’être en sécurité et de se sentir en sécurité. C’est avec ces lunettes, selon ce prisme, que j’analyse le budget. Cette problématique est présente dans la vie des individus et encore davantage en période de crise. Cela fait aussi partie des quatre principes du LSAP: liberté, justice sociale, solidarité et sécurité.

Qu’entendez-vous par «sécurité»?

«Je ne parle pas seulement ici de sécurité publique, physique ou de ce qui relève d’infractions, mais aussi du volet formation – formation des jeunes, formation continue –, de la chance de pouvoir trouver un travail, un logement, de bénéficier de la sécurité sociale, de la santé, de la justice. On trouve des réponses à ce volet dans ce budget.

Avez-vous des exemples?

«Par exemple, il y a plus de 1.000 personnes qui auront accès à la couverture universelle, cela représente un coût de 1,5 million d’euros. Ces personnes, qui n’avaient pas accès aux soins de santé avant, vont pouvoir l’avoir à travers la sécurité sociale.

Cette problématique est présente dans la vie des individus et encore davantage en période de crise.
Dan Biancalana

Dan Biancalanadéputé

Un autre exemple par rapport à la digitalisation: il y a des chances qui se dégagent, mais aussi des peurs, notamment quant à la perte d’emploi. Ainsi, des efforts sont faits dans le budget au niveau de l’upskilling et du reskilling, donc tout ce qui concerne la remise à niveau, la formation continue par rapport aux défis de la digitalisation.

Il y a aussi cette idée de sécurité monétaire, avec l’allocation de vie chère qui augmente de 200 euros afin de compenser la hausse des prix pétroliers.»