Malgré des prévisions de croissance à la baisse, qui sont passées de 2% à 1,5% au Luxembourg en 2023 (la croissance sera de 0,3% pour la zone euro en 2023), et une inflation estimée à 6,4% en 2022 et 3,4% en 2023, la ministre des Finances (DP) se veut rassurante pour le début d’année 2023, mais garde une réserve prudentielle: «Tous les chiffres vont dans la même direction. Le solde sera meilleur cette année que prévu, avec une détérioration en 2023 et une amélioration ensuite. Cela s’explique par les mesures prises dans le cadre des tripartites pour juguler l’inflation. Sans elles, l’inflation serait aujourd’hui à 8%».
Elle ajoute ensuite que «le budget n’est pas une loi dans laquelle on coule des scénarios dans le béton. Tous les ans, il y a des variations entre les recettes et les dépenses prévues et ce qui a été effectivement réalisé. On ne peut pas amender le budget d’un demi-pour cent, car les chiffres seraient dépassés le jour suivant. Ce qui compte, ce sont les mesures et les projets politiques.»
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La ministre a salué la bonne santé de la Place financière puis, faisant référence aux voyages diplomatiques effectués en fin d’année en Asie et en Amérique du Nord, elle annonce également que «de nouveaux acteurs financiers vont s’établir au Luxembourg l’an prochain».
Points de suspension sur de nouvelles dispositions au printemps
Malgré les demandes répétées des Chambres patronales pour une réforme des barèmes d’imposition fiscaux, la ministre reste sur sa ligne: «ce serait le mauvais signal actuellement». Comme pour l’exercice budgétaire global, rien n’est pour autant figé: «Malgré cela, je réitère : si nous voyons au printemps que la marge existe, je tenterai de mettre en marche de nouveaux allègements fiscaux pour les classes moyennes». Ceux-ci seraient alors présentés dans le PSC (Pacte de stabilité et de croissance) en avril 2023. Idem sur l’éventuelle troisième tranche indiciaire en 2023 qui n’a pas été budgétisée, la ministre table que «d’ici le printemps prochain, le gouvernement aura une meilleure vue des décisions à prendre».
Sur l’attractivité et les talents, elle indique: «Je mettrai des propositions sur la table si les perspectives le permettent à nouveau». Sur le logement, elle ajoute que «la fiscalité n’est pas toujours la clé pour résoudre le problème au Luxembourg. Il faut construire plus vite, plus rapidement, et plus dense, de manière urbanistique.»
Les citoyens aux revenus moyens ne sont pas les vaches à traire de l’État.
Les débats sont lancés
Interrogés sur la politique budgétaire, les députés saluent dans l’ensemble le fait que des mesures aient été prises pour lutter contre l’inflation, et l’aide aux ménages. Mais les avis divergent sur le volume et l’utilisation des dépenses publiques, ainsi que sur la politique fiscale du gouvernement.
(CSV) a ouvert le bal des commentaires ce mercredi: «Avec un doublement de la dette, on dit que nos finances publiques sont résilientes? En réalité, c’est une politique de gadget où il fallait un jouet pour que chaque partenaire soit content. Nous voulons une réforme fiscale, et nous la croyons possible dans l’état actuel du budget. Les citoyens aux revenus moyens ne sont pas les vaches à traire de l’État. Si les gens doivent payer plus d’impôts pour que l’État puisse faire face à ses dépenses, cela devient une spirale inadmissible.»
Le gouvernement parle de cohésion sociale, mais ils sont hors sujet. Pour nous, ce qu’ils proposent est justement à l’origine des inégalités.
Sur la cohésion sociale et la solidarité dont ont parlé (DP) et Yuriko Backes, (déi Lénk) lève les yeux au ciel: «Le gouvernement parle de cohésion sociale, mais ils sont hors sujet. Pour nous, ce qu’ils proposent est justement à l’origine des inégalités. On voit une continuation de la politique, sans accent fort pour répondre aux crises fondamentales, ce qui nous laisse peu d’espoir sur des réponses à la hauteur des enjeux à venir».
Sur le même sujet, (Piratepartei) reconnaît que les mesures «sont bonnes», mais qu’elles arrivent «trop tard». Il ajoute: «J’aurais aimé que l’on en parle déjà il y a huit ou neuf ans.» Satisfait, le député de la coalition (LSAP) salue la note optimiste des discours: «C’est bien de donner de l’espoir aux gens et de leur rappeler que nous avons déjà surmonté beaucoup de crises. Celle-ci nous donne des opportunités, encore faudra-t-il les saisir». Même son de cloche chez (déi Gréng), qui rappelle que «cette majorité a déjà fait de grands pas en avant».